Les répercussions de la guerre en Ukraine ne s’arrêtent pas aux frontières ukrainiennes. Le monde entier ressent les effets de cette guerre, notamment le continent africain.
La guerre en Ukraine a eu de graves répercussions sur le pays. Selon le Programme alimentaire mondial, l’Ukraine connaît actuellement une crise humanitaire qui croît de façon exponentielle à cause du conflit et de l’insécurité. D’après le Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH), au 12 juillet 2022, le nombre de victimes civiles était de 11 544, dont 5024 morts et 6520 blessés. Le HCDH estime que les chiffres réels sont considérablement plus élevés en raison de la sous-déclaration et des retards de communication depuis les zones de conflits. Des millions d’Ukrainiens ont cherché refuge dans les pays voisins ou ont fui vers une autre région d’Ukraine.
La secrétaire générale adjointe aux affaires politiques et à la consolidation de la paix (au sein de l’ONU), Rosemary DiCarlo, a souligné que « l’Ukraine connaît actuellement la plus grande crise de déplacement humain au monde, avec plus d’un quart de la population du pays (soit près de 12 millions de personnes) forcé de quitter leur foyer depuis le début du conflit. L’on estime que plus de 5,2 millions de personnes sont aujourd’hui réfugiées en Europe. » L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR) a recensé 5 827 832 réfugiés ukrainiens à travers l’Europe, et 9 172 153 d’Ukrainiens ont quitté le pays depuis le début de la guerre.
Au moins 16 millions d’Ukrainiens ont actuellement besoin d’une aide humanitaire et de services de protection. Comme l’a indiqué Rosemary DiCarlo, « les civils continuent de payer un prix trop élevé dans cette guerre. […] Les femmes sont confrontées à d’importantes difficultés pour accéder aux soins de santé, à la sécurité et à la nourriture, et elles deviennent de plus en plus les chefs de famille et les leaders de leurs communautés alors que les hommes sont enrôlés. » Les pénuries alimentaires sont particulièrement préoccupantes dans de nombreuses régions d’Ukraine.
Cependant, cette crise ne s’arrête pas aux frontières ukrainiennes. Partout dans le monde, les effets de la guerre en Ukraine se font ressentir. En effet, Vladimir Poutine est accusé de cibler les exportations de céréales ukrainiennes, notamment en détruisant les récoltes et en bloquant les exportations. La guerre a entraîné la fermeture des ports clés en mer Noire et en mer d’Azov, ce qui a provoqué une baisse des exportations de céréales. En outre, de vastes étendues de terres agricoles ukrainiennes, dont la moitié des champs de blé d’hiver et 40 % des plantations de seigle, ont été occupées par les troupes russes. Ces dernières auraient également attaqué délibérément les infrastructures agricoles, étant donné que la plus grande installation de stockage de céréales en Ukraine a été détruite en juin et qu’un entrepôt de céréales a également été détruit en mai.
Lors d’un débat au Parlement britannique, Lord Alton of Liverpool a déclaré que « quelque 400 millions de personnes dans le monde dépendent des céréales provenant d’Ukraine. » Il a ajouté que « l’ampleur et la nature du rôle de l’Ukraine et de la Russie dans l’approvisionnement alimentaire mondiale sont essentielles. En tant que tel, le manque d’accès aux céréales ukrainiennes a des conséquences catastrophiques à l’échelle mondiale. En 2021, la Fédération de Russie et l’Ukraine étaient classées parmi les trois premiers exportateurs mondiaux de blé, d’orge, de maïs, de colza, d’huile de colza, de graines de tournesol et d’huile de tournesol. L’agriculture et l’alimentation représentent près de 10 % du PIB de l’Ukraine. L’année dernière, l’Ukraine a exporté des produits alimentaires partout dans le monde pour près de 28 milliards de dollars, dont 7,4 milliards de dollars vers l’Union européenne. » Parmi les pays fortement dépendants du blé ukrainien, l’on trouve la Somalie, la Libye, la Gambie, la Mauritanie, la Tunisie et l’Érythrée.
Le 22 juillet 2022, l’Ukraine et la Russie ont signé un accord soutenu par les Nations Unies visant à faciliter le transport sécurité de céréales depuis les ports ukrainiens d’Odessa, de Tchornomorsk et de Youjne. Les Nations Unies ont qualifiécet accord de « lueur d’espoir pour l’humanité. » Toutefois, une coordination étroite entre les parties est essentielle à sa réussite. En outre, malgré cet accord, les troupes russes ont attaqué le port d’Odessa. Comme l’a souligné l’ambassadrice des États-Unis auprès des Nations Unies, Linda Thomas-Greenfield, « le monde a vu le vrai caractère de la Fédération de Russie lorsqu’elle a bombardé le port d’Odessa. La Fédération de Russie devrait permettre au grain et à la nourriture de quitter Odessa en toute sécurité afin de nourrir un monde affamé. »
Les prochains mois montreront si l’accord sera mis en œuvre. Il doit l’être. Sans lui, l’insécurité alimentaire dans le monde atteindra de nouveaux niveaux, mettant des millions de personnes en danger de malnutrition et de famine.
Article traduit de Forbes US – Auteure : Dr. Ewelina U. Ochab
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