De nombreux prestataires ont rapidement compris que le marché du faux social pouvait représenter une activité très lucrative et intéresser fortement des cibles précises poursuivant des intérêts divers : du quidam, en passant par les influenceurs, les stars ou pseudo stars, les entreprises et même le monde politique.
Ces pratiques méconnues à l’origine du grand public ont débuté dès 2008, lorsque les médias sociaux et les plateformes d’alors (Facebook, Twitter, YouTube, Instagram ) ont commencé à encourager la présence des marques. La problématique du faux social était alors une pratique seulement connue des professionnels, c’est « Au cours de l’été 2012, des articles dans les médias généralistes révèlent au grand public un ensemble de pratiques de triche sur les médias sociaux : les internautes apprennent que l’on peut acheter des fans sur Facebook, des followers sur Twitter ou encore des vues sur YouTube, et que des stars et des personnalités en vue s’y adonnaient »
Interrogés en 2013 par la journaliste Nicole Pelrtoth du New York Times Andrea Stroppa et Carlo De Micheli, deux chercheurs italiens dans le domaine de la sécurité, ayant passé plusieurs mois à enquêter sur l’économie clandestine pour les abonnés de Twitter estimaient que l’économie souterraine des faux followers sur Twitter présentait un Business potentiel se situant entre 40 et 360 millions de dollars.
Depuis 2013, l’offre du faux social n’a cessé de se développer, quel que soit le réseau, tout comme l’offre peuvent être multi réseau. Il vous suffit de taper « fake followers », «fake like » pour constater que l’offre de « produits » sur le marché du faux social ne manque pas.
Instagram est à ce titre considéré comme le royaume du fake : « Facebook, le géant de Mark Zuckerberg qui détient également Instagram, vient d’annoncer qu’il serait possible, d’ici la fin du mois d’août, de signaler les posts de « désinformation » sur Intagram ». Nonobstant, des problématiques de contenus, notons que c’est sur la vente de « vrais faux suiveurs » que les prestataires de fake s’enrichissent. Pour vous donner un ordre d’idée, il vous en coûtera 44 € 95 en passant par followerpascher pour vous doter de 5000 suiveurs Instagram. Pour simuler de l’engagement, chez likespumper vous pourrez obtenir – comme mentionné sur leur site – de « vrais likes provenant de vrais utilisateurs ». Il vous en coûtera 95 € par mois pour obtenir 500 likes à chacune de vos publications dans la limite de 60 publications.
Paradoxe, pour ne pas dire cocasse, c’est Facebook qui se pose en chevalier blanc et propose de permettre de signaler la diffusion de fausse information sur l’une des entreprises de leur groupe, semble ne pas intégrer dans ce qui relève de la fausse information des quantitatifs de followers, de likes… etc., totalement falsifiés, Facebook étant également concerné ; pour acheter des « like Facebook, des « Facebook page like » des « Facebook followers », des « Facebook rating » par milliers : rendez-vous chez instafollowers .
Twitter, Yutube, Facebook…
En 2019, REVIEW XP faisait un état des lieux des 10 meilleurs fournisseurs ou acheter des milliers de « Real & Active Twitter Followers » tant pour Intstagram que pour twitter. S’il vous en prenait l’envie : un prestataire comme followers package vous propose d’acquérir 10000 Followers (garantie en quatre jours) pour 75 dollars.
Des fakes Followers, pour qui et pour quoi faire ?
Le quidam
Outre le culte de l’ego que peuvent développer certains utilisateurs, l’intentionnalité peut être également – quel que soit le réseau – de se faire passer pour un influenceur auprès de futurs annonceurs et de vendre des prestations de visibilité à des prix prohibitifs.
Les influenceurs, les stars et pseudo stars
Il va de soit que plus le nombre de suiveurs d’une Chaîne YouTube d’un compte Instagram, etc. est conséquent, plus le prix pour l’annonceur va être monnayable et élevé. Vendre une visibilité pour partie ou totalement inexistante, aboutissant à des résultats escomptés par l’annonceur nul, ou en deçà de ceux pouvant être escomptés est une approche qui relève naturellement de l’escroquerie.
Les entreprises
Pour ce qui est de l’entreprise, deux cas de figure peuvent se présenter :
Une entreprise peut avoir la fausse bonne idée d’augmenter artificiellement son nombre de suiveurs, de likes, de fans, etc. pour donner à voir d’une attractivité et d’un intérêt pour sa marque bien supérieure à ses concurrents, ce qui s’apparente ni plus ni moins à de la diffusion intentionnelle d’une fausse information, voire à de la publicité mensongère
Une entreprise peut également se faire duper dans l’achat d’espace publicitaire victime d’escroquerie à la visibilité comme j ai pu l’évoquer ( cf. Les influenceurs, les stars et pseudo stars. )
Le monde politique
Certains politiques, peuvent être tentés de montrer par le quantitatif tout l’intérêt que leur porte les citoyens, et faire augmenter intentionnellement et artificiellement par leur community managers leurs nombres de suiveurs. En France au regard de la loi dite «fake news» cela s’apparenterait désormais à la diffusion intentionnelle de fausse information.
Les usurpés d’hier ( De l’annonceur au simple citoyen) sont d’une part plus vigilants, d’autre part de nombreux outils se développent permettant de tester la véracité des chiffres annoncés : Sparktoro , Twitter audit et d’autres encore comme IG audit , fakechek (offre payante) se proposent d’analyser la fiabilité des comptes twitter . Le site influencermarketinghub propose lui un outil gratuit permettant d’analyser les comptes Instagram qui affichent un nombre de suiveurs supérieurs à 1000. D’autres outils comme hyperauditor s’intéressent à YouTube… etc.!
S’il convient de rester prudent quant à l’exactitude de ces différents outils, hormi l’observation et le bon sens : des millions de followers et aucun engagement : peu de commentaires, peu de partages etc… ces outils utilisés de façons croisées sont néanmoins en mesure de donner un ordre d’idée de la réelle situation d’un compte. Ils donnent des indices qui permettent avant de s’engager – dans un partenariat par exemple – d’aller plus avant quitte à prendre contact avec des annonceurs ayant contractualisé pour prendre la température : délivrent-ils un satisfecit ?
Une chose est toutefois avérée : dans cette zone d’ombre et cette économie borderline, flirtant avec le droit : si le marché du faux social est une économie souterraine à haut potentiel, les cabinets d’avocats du monde entier spécialisés dans le domaine numérique ne devraient pas non plus – ces prochaines années – manquer d’activité.
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