Plus gros événement commercial du monde – devant le Black Friday -, la fête des célibataires, se déroulant ce week-end en Chine, a permis au géant local Alibaba de garnir ses caisses à hauteur de 27 milliards d’euros. Record battu.
Face au « Black Friday » américain solidement ancré dans les us et coutumes locaux mais également en Europe, la Chine, actuellement en pleine guerre commerciale avec la patrie de Donald Trump, se devait de proposer un événement du même acabit. Avec sa « fête des célibataires », célébrée depuis 1993 chaque 11 novembre (11/11, le chiffre « 1 » représentant l’individualité), l’empire du Milieu tenait une occasion en or de disposer d’une « journée symbolique » pour tenir la dragée haute à Amazon et consorts. Dès 2009, Jack Ma, visionnaire hors pair à la tête du géant Alibaba, œuvre de tout son poids à faire de ce « Single’s day » un événement susceptible de concurrencer le « Black Friday ». Et même de le dépasser. Un « coup de maître » qui a rapporté 21,3 milliards d’euros dans les caisses d’Alibaba l’an passé et… 27 milliards d’euros pour le « cru » 2018. Pourtant, la croissance globale des ventes est ressortie dans le bas de la fourchette prévue par les analystes, avec une progression de 27% par rapport à 2017, date à laquelle les ventes s’étaient déjà envolées de 39%.
Un résultat en deçà des attentes essentiellement imputable aux reculs des ventes de produits « onéreux » comme le gros électroménager, à cause de la baisse du marché du logement en Chine. A l’inverse, le petit électroménager et le maquillage ont été particulièrement recherchés par les consommateurs désireux de « profiter à fond » de cette grande braderie annuelle. Une éclaircie dans le ciel d’Alibaba qui a fait état de résultats décevants lors du deuxième trimestre de son exercice décalé, le poussant à réviser à la baisse sa croissance annuelle. Si l’activité du géant chinois du e-commerce ralentit traditionnellement dans la perspective de cette fameuse « fête des célibataires », force est de constater que le chiffre d’affaires globale du trimestre a déçu le marché. Ainsi, sur la période, le chiffre d’affaires d’Alibaba a augmenté de 54,5% à 85,15 milliards de yuans, se heurtant au consensus de 86,51 milliards, selon des données de Refinitiv.
Daniel Zhang, « nouveau maître » d’Alibaba
En outre, les marges ont continué à souffrir d’investissements aussi bien dans la distribution en magasins qu’en matière de logistique et d’informatique dématérialisée. Du côté du bénéfice par action – la référence à Wall Street où le groupe de Jack Ma est coté -, celui-ci s’élève, hors éléments exceptionnels, à 9,60 yuans, loin des 7,3 yuans escomptés par le marché. Insuffisant néanmoins pour « endiguer » la vague baissière s’abattant sur le titre. Celui-ci a en effet perdu plus de 16% depuis le 1er janvier, après avoir plus que doublé l’année dernière. Hormis les inquiétudes relatives aux marges évoquées plus haut, le titre Alibaba souffre, à l’instar de pléthore d’autres, des tensions commerciales entre Pékin et Washington. Pour tenter de « reprendre la main » et afin de retenir ses marques et d’en attirer de nouvelles, Alibaba a annoncé, qu’il abaisserait les commissions qu’il prélève sur le chiffre d’affaires réalisé sur la plate-forme.
Cela sera-t-il suffisant pour impulser un « nouveau cycle », l’emblématique fondateur du groupe Jack Ma ayant annoncé prendre sa retraite en septembre 2019 ? Mais la succession du volubile dirigeant sera assuré par le plus discret Daniel Zhang, actuel directeur général d’Alibaba. « Cette retraite a fait couler beaucoup d’encre tant Jack Ma joue un rôle de chef en Chine », assure Philippe Branche, spécialiste de la question et contributeur pour Forbes France. Daniel Zhang, âgé de 46 ans, a été débauché par Jack Ma en 2007 alors qu’il occupait les fonctions de directeur financier de Shanda Interactive, un éditeur de jeux vidéo. Plus de 10 ans plus tard, il devrait prendre les rênes de l’ensemble du groupe dès septembre 2019, même si Jack Ma restera administrateur d’Alibaba jusqu’en 2020. Une transition en douceur visant à ne pas bousculer le géant du e-commerce. Même sans Jack Ma, Alibaba continuera de rêver plus grand.
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