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PrivateFly, La Ruée Vers Les Jets Privés S’Accélère

©PrivateFly

Quand voyager en jet privé équivaut à présent à un trajet en business class, voire en première, les contraintes de vol en moins. Un mirage devenu réalité dans ce dernier bastion d’un luxe prohibitif.  Ainsi, un nombre croissant d’entrepreneurs pressés n’hésitent plus aujourd’hui à privilégier ce mode de transport plus flexible, plus rapide et intime. Tant pour leurs déplacements professionnels que personnels. Un chiffre illustre cette ruée vers les nuages en mode ultra-vip : la croissance continue de PrivateFly qui se chiffre à 40% par an. L’entreprise fondée par Adam Twidell, ancien pilote reconverti dans l’entrepreneuriat, ne connaît pas la crise. Entretien.

En 2008, vous avez été pionnier en proposant un service de location en ligne de jets privés. Un segment investi par de nombreux acteurs à présent. Comment faites-vous évoluer votre offre pour ne pas vous faire disrupter ?

Adam Twidell : En 2008, l’idée de réserver un jet privé en ligne était très novatrice. Cependant, au cours de la décennie, de nombreuses industries se sont modernisées et ont étendu leur service en ligne à leurs applications mobiles ; en parallèle d’autres entreprises de l’aviation privée ont suivi cette impulsion. En ce qui nous concerne, PrivateFly ne mise pas seulement sur la technologie. Ainsi, l’expertise de notre équipe et leur connaissance de l’aviation d’affaires est primordiale et nous a toujours permis de nous distinguer. Aujourd’hui, nous souhaitons rendre la location de jet privé encore plus facile, rapide et transparente. Nous avons notamment lancé en 2019 nos EuroPaires : des vols en Europe offerts à tarifs fixes et tout inclus à bord de deux types d’appareils, le Nextant 400XTi (6 places) et le Legacy 600 (13 places).

Les EuroPaires sont compétitives et permettent à nos clients de réserver leur vol en un rien de temps !

Vous affichez une croissance continue de 40% par an. Comment se structure votre marché ?

AT : Nous organisons la plupart de nos vols aux États-Unis et en Europe, nos deux plus grands marchés. Le marché américain est particulièrement important et les clients y sont plus éduqués et habitués aux jets privés. En Europe, une grande partie de nos clients viennent du Royaume-Uni, où PrivateFly a été lancé, et en France, qui est le plus grand marché en termes de nombre de vols privés. En 2019, entre 10 000 et 15 000 avions privés ont décollé depuis des aéroports français pour des vols internes ou internationaux. Nice et Paris étaient dans le top 3 des destinations les plus visitées par nos clients en Europe, juste derrière Londres. La France représente une destination d’affaires importante tout au long de l’année et attire de nombreux touristes dans les Alpes en hiver et dans le sud en été, en particulier sur la Côte d’Azur.

A noter que beaucoup de nos clients vivent et travaillent dans plusieurs villes et même dans plusieurs pays (par exemple entre Paris et Londres) et voyagent dans les quatre coins du monde.

©Adam Twidell, PDG et co-fondateur de PrivateFly

De l’avis de vos pairs, l’expérience d’un trajet en jet privé est plus abordable que jamais pour les passagers habitués à voyager en première classe ou en classe affaires. Le tarif d’un Paris / Londres démarre à 3 200 €.  Quelle est votre stratégie pour vous attaquer à cette niche ?

AT : Plusieurs services se sont développés pour rendre les vols en jet privé de plus en plus abordables. Certaines entreprises offrent la possibilité de partager un jet privé, d’autres proposent des vols à vide (ou secteurs de repositionnement) à rabais. À PrivateFly, nous savons que les raisons principales pour lesquelles nos clients choisissent le jet privé sont la flexibilité de l’heure de départ et de l’itinéraire et le respect de leur vie privée, c’est pourquoi nous n’offrons pas de partage d’avions privés, qui sont équivalents à des lignes aériennes à bord d’avions privés.

Les vols à vide sont très intéressants parce qu’ils permettent aux opérateurs d’optimiser l’utilisation de leur flotte en proposant des tarifs réduits sur les vols de repositionnement. Nous les proposons lorsque l’itinéraire et l’heure du vol sont pertinents, mais nous ne pouvons pas toujours les offrir à nos clients.

Cependant, les tarifs de nos EuroPaires (notamment le vol de Paris à Londres à bord du Nextant 400XTi, jet privé de 6 places, à 4 500€) sont extrêmement compétitifs. Les EuroPaires sont particulièrement populaires auprès de nouveaux utilisateurs de jet privé. Elles ont eu un tel succès en 2019 que le Nextant 400XTi est devenu l’avion privé le plus loué de l’année par nos clients.

Vous évoluez dans un secteur très conjoncturel (contraintes réglementaires, guerres commerciales, problématiques écologiques…). Quels sont les principaux défis auxquels vous êtes confrontés ?

AT : Notre industrie dépend étroitement de la conjoncture économique. Cependant, la location de jet privé a pris beaucoup d’importance alors que les achats de jet privé ont diminué après la dernière grande crise économique. C’est pourquoi PrivateFly a décollé dès 2008. En matière de sécurité, nous faisons partie du groupe ‘Directional Aviation’ qui détient plusieurs entreprises dans l’aviation privée et qui a une politique de sûreté et sécurité extrêmement stricte, et dont les réglementations dépassent les standards de l’aviation civile.

L’un des plus grands enjeux pour l’industrie est désormais de prendre en main les défis environnementaux. De plus en plus de nos clients choisissent de compenser leurs émissions carbone et sont plus attentifs à leur empreinte écologique. Nous travaillons avec notre industrie afin de développer les procédés et meilleures pratiques afin de rendre le voyage en jet privé plus durable, au même titre que nous suivons de près l’évolution des carburants alternatifs durables et des avions électriques.

Un voile d’opacité entoure le secteur de l’aviation privée. Parmi les pratiques qui font débat, la politique de fixation des prix : lorsqu’un broker reçoit une demande de réservation, il fait l’intermédiaire avec le propriétaire de l’avion ou bien avec son opérateur. L’achat du vol est ensuite refacturé au client avec une marge de profit allant parfois jusqu’à 50%, soit le double du prix réel du déplacement… Le réservataire ne sait à aucun moment le prix demandé pour le vol par le propriétaire, tandis que le propriétaire ignore la somme facturée in fine au client.

A quand plus de transparence ?

AT : Je travaillais dans l’aviation d’affaires en tant que pilote du Citation XLS avant de fonder PrivateFly. A cette époque, je me suis rendu compte de la frustration de beaucoup de clients par rapport aux prix des vols et du manque de transparence de l’industrie. C’est l’une des raisons pour laquelle j’ai créé PrivateFly. Sur notre site, nous permettons aux visiteurs d’effectuer en quelques clics une recherche de vol et d’obtenir une estimation du prix du trajet à bord de différents appareils. Si l’estimation leur convient, ils peuvent soumettre leur vol et voir les devis de chaque opérateur.

Nos experts connaissent les lois et les conditions de chaque opérateur et peuvent aider le client à choisir la meilleure option en fonction du nombre de bagages qu’ils transportent, s’ils voyagent avec des animaux de compagnie, leur destination d’arrivée etc. Après la réservation, notre service client effectue le suivi du vol en vérifiant la météo, le trafic à l’aéroport, la position de l’avion et tous les autres services qui s’apparentent au vol. En moyenne, nous chargeons entre 5 et 15% de commission sur nos vols pour ces services.

Il y a beaucoup de rapprochements et fusions dans votre secteur. Comment voyez-vous le marché dans cinq ans ?

AT : Les modèles d’affaires ont beaucoup changé dans notre industrie au cours des dernières années et plusieurs entreprises ont fusionné, à commencer par PrivateFly qui a été acquis en septembre 2018. Ces rapprochements vont continuer dans les prochaines années. Bombardier est en train de se séparer de sa division de jets d’affaires qui pourrait être rachetée par Textron ou un autre avionneur. Les fusions entraînent généralement l’émergence de nouveaux services et de partenariats intéressants entre les différents acteurs de la chaîne logistique, ce qui pourrait amener à de très bons avantages pour les utilisateurs de jet privé.

Quelques chiffres pour finir ?

En 2019, nos clients ont visité plus de 700 aéroports et ont embarqué à bord de centaines de types d’appareils différents. Notre vol le plus court était de seulement 27 minutes et le plus long de 10 heures et 25 minutes. Nos passagers avaient une moyenne d’âge de 41 ans et 4% d’entre eux ont voyagé avec leur animal de compagnie à bord !

PrivateFly a des bureaux en Europe et aux États-Unis avec des ambitions d’expansion de chaque côté de l’Atlantique. Notre objectif est d’atteindre un chiffre d’affaires de 100 millions de dollars USD cette année.

©PrivateFly

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