Alors qu’Oracle tente d’acquérir TikTok, Microsoft fait tout pour l’en empêcher et a fait appel à un allié inattendu pour obtenir le réseau social : Walmart.
Le fait que l’entreprise de grande distribution américaine se joigne à un géant de la technologie pour acheter une application qui cible des utilisateurs jeunes, voire très jeunes, peut paraître déconcertant. Mais pour les spécialistes du secteur, cette décision est parfaitement logique : Microsoft pourrait utiliser la plateforme de e-commerce de Walmart, en pleine expansion, pour vendre des produits sur TikTok (une fonctionnalité déjà proposée par les rivaux Instagram et Facebook).
Alex Zukin, analyste à la RBC, explique : « En exploitant Walmart, [TikTok] peut donner une impulsion au commerce social ».
Dan Ives, analyste chez Wedbush Securities, affirme que TikTok pourrait permettre à Walmart de soutenir la concurrence d’Amazon pour une partie du secteur des achats en ligne. L’analyste a d’ailleurs publié un rapport jeudi dernier à ce sujet. En effet, le groupe Amazon, qui fait face à plusieurs enquêtes antitrust de la part du gouvernement américain, n’a pas été désigné comme partie intéressée dans les négociations de TikTok.
Walmart a annoncé jeudi dernier son implication dans les négociations, la direction s’étant déclarée comme « confiante » pour satisfaire les préoccupations des autorités américaines, ainsi que celles des utilisateurs. Il s’agit du dernier rebondissement d’une saga qui a placé TikTok au centre de tensions géopolitiques entre les États-Unis et la Chine. Au début du mois, Donald Trump avait publié un décret obligeant que la société mère de TikTok, ByteDance, basée en Chine, à vendre ou interrompre ses activités aux États-Unis avant le 15 septembre, invoquant des préoccupations de sécurité nationale.
Le groupe Microsoft a été l’un des premiers enchérisseurs à se montrer intéressé par le rachat de Tiktok, qui revendique plus de 100 millions d’utilisateurs quotidiens et qui, selon les analystes, pourrait se vendre entre 20 et 40 milliards de dollars. Ciblant les actifs de TikTok aux États-Unis, en Australie, au Canada et en Nouvelle-Zélande, Microsoft y a vu l’opportunité de faire son entrée dans le secteur des recettes publicitaires en ligne. Mais la semaine dernière, Oracle également a annoncé être en négociation avec TikTok pour une acquisition potentielle. Cette démarche aurait même été encouragée par les principaux investisseurs de TikTok (General Atlantic et Sequoia Capital) et soutenue par le président Trump. Les deux sociétés concurrentes ont depuis soumis des offres, avec un accord qui pourrait être signé d’ici la semaine prochaine.
En tout cas, les négociations avancent rapidement, comme le prouve la démission du PDG américain de TikTok, Kevin Mayer, seulement trois mois après son arrivée. Il était considéré comme un acteur clef pour TikTok, capable de régler les questions les plus tendues, mais son départ semble signaler une vente est presque imminente.
Dans une note envoyée aux employés, Kevin Mayer a déclaré qu’il n’avait pas prévu que l’application TikTok serait si impliquée dans les tensions entre la Chine et les États-Unis. Elle s’est par ailleurs opposée aux efforts de la Maison-Blanche pour la forcer à vendre en déposant une plainte contre le décret initial de Donald Trump. On ne sait pas encore si cette démarche permettra de repousser la date limite du 15 septembre pour la vente de TikTok, la société n’ayant pas contesté le second décret du président américain publié le 14 août et donnant à ByteDance 90 jours pour se séparer de la société.
Cette échéance pourrait cependant être révisée si un accord est signé dans les prochains jours. Microsoft et Oracle ont tous deux des liens de longue date avec la Maison-Blanche, ce qui pourrait faire pencher la balance en faveur d’un accord. Larry Ellison, fondateur et président d’Oracle, est très proche de Donald Trump, tandis que Microsoft a souvent rappelé son contrat en cours de 10 milliards de dollars visant à fournir des services de cloud computing au département de la Défense des États-Unis.
Aux yeux des observateurs extérieurs, il semblerait que la balance penche plutôt du côté d’Oracle. Mais l’annonce de l’arrivée de Walmart dans les négociations aux côtés de Microsoft pourrait changer la donne. Alex Zukin conclut : « Financièrement parlant, si Microsoft veut vraiment cet accord, aucune offre qu’Oracle pourrait faire ne serait à la hauteur ».
Article traduit de Forbes US – Auteur : David Jeans
<<< À lire également : TikTok Va-t-elle Attaquer Le Gouvernement Trump En Justice ? >>>
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits