Après Canal +, Orange et Free brandissent la menace de bannir les chaînes du groupe TF1 de leurs offres respectives. En cause : la volonté de la première chaîne d’Europe de réclamer une rémunération « exorbitante » aux yeux des opérateurs pour continuer à diffuser les chaînes du groupe.
La guerre des nerfs se poursuit dans le petit monde des opérateurs. Après Canal + qui a suspendu la distribution des chaînes du groupe TF1, celui-ci réclamant une rémunération pour la diffusion desdites chaînes. « Jusqu’à présent les opérateurs ne reversent rien aux chaînes alors que nous apportons un service qui mérite rémunération. Il est temps de faire bouger les lignes », s’est défendu Gilles Pélisson, le PDG du groupe TF1, dans un entretien au Parisien. L’homme fort du groupe de Boulogne-Billancourt a également ajouté que les requêtes de la première chaîne du point de vue des tarifs n’avaient rien à voir avec les chiffres circulant jusqu’à présent, à savoir 20 millions d’euros. « Nos demandes n’ont rien de mirobolant, contrairement à ce qu’on essaie de faire croire ». Et de poursuivre. « Je ne vous donnerai pas le montant exact parce que c’est le secret des affaires, mais c’est moins de 20 millions d’euros par opérateur ». Toujours est-il que Canal + a d’ores et déjà, depuis la semaine dernière, refusé de payer, quel que soit le montant. Désireux de prévenir « l’escalade », le CSA a appelé ce mardi TF1 et Canal+ à résoudre au plus vite le conflit qui a conduit Canal+ à cesser de diffuser TF1 via sa box, en rappelant qu’il était à la disposition des deux groupes pour leur servir de médiateur.
« Notre souhait le plus vif au CSA, c’est que ça débouche au plus vite pour l’intérêt du téléspectateur », a déclaré à des journalistes Nicolas Curien, président par intérim du Conseil supérieur de l’audiovisuel en l’absence du titulaire Olivier Schrameck. Mercredi soir, c’est le gouvernement, désireux de siffler la fin de la récréation et par l’intermédiaire de la ministre de la Culture Françoise Nyssen, qui a littéralement tapé du poing sur la table. « La coupure par Canal+ du signal des chaînes du groupe TF1 pour les personnes qui disposent uniquement d’une offre TNT Sat proposée par Canal +, qui prive ces personnes de tout accès aux cinq chaînes gratuites du groupe TF1 est totalement contraire au principe de couverture intégrale de la population », écrit la ministre dans un communiqué.
Free et Orange sur la même ligne
Pourtant, en dépit de ces menaces, Orange et Free semblent eux aussi désireux de suivre le sillon tracé par Canal + et n’envisagent nullement de rétribuer TF1 pour la diffusion de ses chaînes. Stéphane Richard, PDG de l’ex-France Télécom a été très ferme à ce sujet. « Nous ne signerons pas un accord comportant une clause de rémunération pour des contenus disponibles gratuitement sur d’autres canaux (la TNT, ndlr) », appuie le PDG. « Quelle que soit l’activité, ce n’est pas une bonne option de se fâcher avec ses distributeurs. C’est une grosse prise de risque », lâche l’ancien directeur de cabinet de Christine Lagarde. Car, en effet, une fois n’est pas coutume, Free s’inscrit dans la roue de son rival Orange et n’envisage pas non plus de rémunérer TF1 pour la diffusion de ses contenus.
Les abonnés de l’opérateur de Xavier Niel ont ainsi reçu lundi soir un message dans lequel Free se dit « contraint d’interrompre » la diffusion des chaînes de TF1. Le groupe exigerait une « rémunération infondée pour des chaînes disponibles gratuitement en TNT et sur internet », précise le texte. Selon Free, une telle rémunération est « incompatible avec [leur] volonté de maintenir notre tarif ». Fin de citation. Comme le rappelle le site Le Parisien, le contrat qui permet à Free à diffuser les programmes du groupe TF1 arrive à échéance le 31 mars et la fin de la diffusion pourrait coïncider avec cette date. Free a adressé une nouvelle offre de rémunération au groupe télévisuel. Mais le temps presse. Ainsi, une source interne de Free a dévoilé au quotidien que si « TF1 ne signait pas d’ici la fin de la semaine, alors on coupera ». Le groupe TF1 est-il prêt à courir ce risque ?
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