Le premier groupe de luxe mondial LVMH a pris possession ce lundi, d’un espace de 220 m2 au sein du « plus grand incubateur du monde » afin de poser les jalons d’un programme d’accélération ayant vocation à accueillir une cinquantaine de start-up internationales. Objectif avoué de la première capitalisation boursière du CAC 40 : inventer le luxe de demain.
L’ambiance des « grands soirs » en ce lundi soir pluvieux au sein du prestigieux incubateur Station F, niché aux confins du 13e arrondissement de Paris. L’hôte de ces lieux, le fondateur de Free Xavier Niel, a revêtu ses habits de « Monsieur Loyal » pour introduire la soirée avec comme invité de marque, l’homme le plus riche de France, selon notre classement annuel, Bernard Arnault. Le patron du leader mondial du luxe vient ainsi en personne poser « la première pierre » d’un programme d’accélération estampillé LVMH. Mais avant cette prise de parole tant attendu, et le propos liminaire de Xavier Niel se réjouissant de l’arrivée de LVMH dans ses mûrs, la directrice des ressources humaines de LVMH, Chantal Gaemperle ouvre le bal, rappelant la vocation du groupe à développer et valoriser les talents d’horizons divers et, surtout, œuvrer « au futur de la tradition ». La formule fait mouche… avant que tous les smartphones ne se brandissent pour « accueillir » la prise de parole de Bernard Arnault. Plutôt à son aise et d’humeur badine – sans doute ravi du chiffre d’affaires de son groupe ayant atteint les 10,85 milliards d’euros au premier trimestre, un montant supérieur aux attentes du marché -, le PDG du groupe aux 70 marques ( Louis Vuitton, Céline, Tag Heuer, Sephora, Moët & Chandon entre autres) plaisante sur le fait de délocaliser son siège de l’avenue Montaigne à Station F afin que certains de ses salariés viennent s’imprégner de la « dynamique ambiante ».
Il explique ensuite par le menu le « pourquoi » de la présence de LVMH en ces lieux symboliques de l’entrepreneuriat à la française. « Il existe tout simplement une véritable proximité historique, du point de vue des valeurs, entre les start-up et nous. Que ce soit en matière de créativité, d’innovation et de nos produits. Beaucoup de nos marques sont littéralement parties d’une feuille blanche ». Et de mettre en exergue l’agilité entrepreneuriale de ces jeunes pousses… que LVMH s’évertue à conserver dans son fonctionnement. « C’est l’une des principales raisons pour lesquelles nous nous rapprochons de cet écosystème. » Avant de rappeler qu’il ne s’agit pas « d’un effet de mode » du grand groupe s’amourachant des start-up et d’illustrer son propos d’un épisode plutôt méconnu : l’investissement du Groupe Arnault, dès 1999, dans l’un des espoirs de la Tech mondiale, loin d’être le mastodonte que l’on connaît aujourd’hui : la plateforme de distribution de films et de vidéos Netflix.
Intelligence artificielle, Retail, Blockchain…
Comment LVMH matérialise-t-il concrètement sa présence au sein du plus grand incubateur du monde ? En mettant à disposition, à terme, d’une cinquantaine de start-up opérant dans des secteurs aussi variés que l’Intelligence artificielle, l’internet des objets, le Retail, la blockchain et la lutte contre la contrefaçon un espace de 220m² au cœur de Station F. L’objectif pour le poids lourd du luxe est de créer des passerelles entre ces entreprises innovantes et les maisons du groupe. Le tout par l’intermédiaire de nouveaux services et de produits innovants. Des synergies indispensables pour toute grande structure désireuse de ne pas s’endormir sur ses lauriers, même si LVMH n’a absolument rien de la belle endormie, comme en atteste son démarrage de l’année 2018 sur les chapeaux de roues. « Nous nous devions d’être présents au sein de ce lieu unique qui respire l’enthousiasme et la volonté d’entreprendre », confie à Forbes France Ian Rogers, Chief Digital Officer de LVMH. Si le numéro 1 du CAC 40 ne prévoit pas à ce stade d’accompagner financièrement les start-up, les « ponts » s’érigent déjà. Ainsi, Berluti (avec à sa tête Antoine Arnault) coopère déjà avec SmartPixels, un outil de personnalisation augmentée permettant de projeter sur la chaussure, avant sa fabrication, des dessins sous forme de tatouage du cuir.
Parmi les innovations suscitant particulièrement l’intérêt dans les coursives de Station F, celle développée par la start-up Euvéka, à savoir un mannequin évolutif et connecté qui permet de s’adapter « au plus près » à l’évolution du corps humain, selon l’âge et les morphotypes. Du sur-mesure en somme. Il aura fallu six ans de recherche et développement à cette start-up créée en 2011 avant de commercialiser ses premiers mannequins connectés à la fin de l’année dernière. « Ce mannequin-robot épouse les différentes formes et propose des tailles allant du 36 au 46 », développe Ségolène Carosella, responsable grands comptes pour Euvéka. Autre illustration « parfaite » de ce partenariat « gagnant-gagnant », Heuritech, lauréat du LVMH Innovation Award de VivaTech en 2017 et qui, de facto, s’est installée à Station F. L’expertise de cette start-up, sortie de terre en 2013, va forcément être bénéfique à la galaxie LVMH puisqu’elle se définit comme un « anticipateur de tendances ». Grâce une technologie de reconnaissance visuelle qui analyse, chaque jour, plusieurs millions d’images sur les réseaux sociaux, elle permet aux marques de se positionner sur les tendances les plus pertinentes. Régnant actuellement en maître sur le luxe, LVMH n’en oublie pas de préparer l’avenir.
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