Selon une enquête IFOP commanditée par Mastercard, les TPE savent que la digitalisation est inéluctable mais 51% des moins avancées dans le numérique hésitent encore. Explication d’un vrai paradoxe.
Les entreprises TPE (très petites, de 1 à 9 salariés) représentent les deux tiers des structures commerciales ou industrielles en France. A la demande de Mastercard, en prolongement de son Forum de l’Innovation organisé avec BFM TV et Forbes France, une enquête de l’institut d’études IFOP a été finalisée début 2021 auprès de 400 responsables de petites structures (artisans, commerçants, travailleurs indépendants, professions libérales…). Elle révèle que, dans le contexte de la crise sanitaire, les deux tiers de ces petites structures restent timorées en matière d’investissements dans le digital.
Peu motivées par Internet
Point positif : la crise actuelle est un vecteur d’accélération de digitalisation pour 18% des TPE françaises. Ce sont celles qui ont choisi d’investir dans leur transformation ou adaptation. Mais 51% de celles qui sont moins versées dans le « digital » considèrent que les projets innovants ne sont pas nécessaires. Et 67% appréhendent cette orientation comme un « passage obligé » et non pas comme une opportunité de développement de leur activité.
Les deux tiers de ces petites entreprises utilisent déjà couramment des solutions informatiques : 65% disposent de logiciels de gestion, de comptabilité ou de RH et 61% ont un site internet vitrine (61%) ou, au minimum, une page professionnelle sur les réseaux sociaux (60%).
Mais 66% ne disposent pas encore d’une solution e-commerce pour la vente de leurs produits ou services. Et 33% n’ont pas encore de site Internet vitrine. De même, 47% n’ont pas de référencement sur Internet ni d’outil d’optimisation de leur référencement.
L’enquête révèle également que 55% des TPE n’ont pas d’outil de communication collaboratif n’utilisent pas d’outil de visioconférence comme Google Meet, MS Teams, Skype, Zoom… Et 42% ne disposent pas de logiciel de gestion clients.
Les plus petites les moins motivées
La crise sanitaire a suscité un certain élan en faveur du « digital » : 15% des TPE françaises mentionnent au moins un équipement ou un projet d’équipement digital qui a pu accélérer leur digitalisation. Et 5% des TPE déclarent avoir un projet et envisagent des démarches pour accélérer leur adoption du numérique.
L’enquête montre une certaine hétérogénéité selon la taille et la localisation de ces petites entreprises. Depuis le début de la crise sanitaire, ce sont les plus grosses (6 à 9 salariés) qui, à 28%, ont pris des mesures en faveur du digital ; elles sont 20% de celles implantées en Ile-de-France et 19% de celles exerçant dans les services. Elles ne sont que 11% parmi les plus petites (1 ou 2 salariés).
Budget de 5.000 euros
En termes de budget, pour une nouvelle solution digitale déjà adoptée ou envisagée, la majorité des répondants se situe autour d’un montant de 5.000 euros.
S’agissant de leur motivation en faveur du digital, les responsables des TPE ne montrent pas un grand enthousiasme. Ils ne sont que 29% à le considérer « plutôt comme une opportunité motivante » et 32% à l’entendre comme une « opportunité d’accroître leur notoriété et d’attirer de nouveaux clients ». En revanche, ils sont 67% à l’appréhender « plutôt comme un passage obligé », et ils sont même 72% dans le secteur de l’industrie.
La possibilité d’augmenter le chiffre d’affaires est citée comme principal avantage attendu. Mais pas plus de 19% des sondés se prononcent sur ce point. Ceux travaillant dans le commerce sont à peine plus nombreux : 26%.
L’autre retombée attendue est le gain de temps : il est évoqué par 13% seulement des sondés en moyenne, et un peu plus (19%) par ceux du secteur industriel et du BTP (18%).
« La digitalisation est une des clés de la résilience des très petites entreprises. Nous sommes conscients des nombreuses contraintes qui pèsent sur les dirigeants de TPE et des difficultés à s’approprier un sujet qui n’est pas le cœur de leur activité. Il nous appartient donc de leur démontrer que la numérisation de l’entreprise n’est pas une contrainte supplémentaire mais bien un levier essentiel pour leur croissance et leur développement. » explique Solenne Marquet, directrice Product Management chez Mastercard.
Quels projets retenus en priorité ?
Pour les TPE qui ont accéléré leurs projets de digitalisation ou qui ont l’intention de le faire, c’est prioritairement la création d’un site internet qui les motive, pour 34% d’entre elles – que ce soit un site vitrine ou un site d’e-commerce pour mieux vendre leurs produits ou services en ligne. Autre option retenue, pour 33%, c’est le référencement ou l’optimisation de leur référencement sur Internet. Ensuite, est retenue, pour 31% des sondés, la création d’une page professionnelle sur des réseaux sociaux (Facebook ou LinkedIn…). L’adoption d’un outil de communication collaboratif ou de visioconférence comme MS-Teams, Skype ou Zoom n’est retenue que par 25% des dirigeants interrogés.
Une méconnaissance des solutions possibles
Savent-ils au juste de quoi il s’agit ? 70% des responsables des TPE sondées déclarent savoir précisément ce qu’est le référencement d’une page internet, mais 59% n’ont pas une idée précise de ce que sont les outils d’aide à la création et à la mise à jour de site internet comme, par exemple, WordPress (45% n’en ont même jamais entendu parler) ; 79% ne savent pas précisément ce qu’est un logiciel dans le “cloud” et 85% ne sont pas à l’aise avec le concept de logiciel en ligne, accessible via son navigateur sur Internet, dit SaaS (software as a service).
Et quelles sont les raisons de cette distance avec les projets de digitalisation ? Serait-ce dû à cette méconnaissance des solutions possibles ? Seuls 12% admettent qu’ils ne s’en sentent pas capables faute de connaissances. Plus de la moitié (51%) préfèrent déclarer que ce n’est pas nécessaire pour leur entreprise. Les autres raisons avancées sont : le sentiment d’être déjà suffisamment équipé (32%), l’investissement en temps passé trop important (27%), l’investissement financier (27%) et la formation (12%). Le stress n’est mentionné que par 9%.
Un vrai paradoxe
« Au bilan, ces données révèlent un vrai paradoxe français ainsi que le rôle et les efforts nécessaires qui doivent être entrepris par toutes les parties dans un objectif de sensibilisation et d’apprentissage », observent les analystes de l’étude. Les TPE ne sont pas hostiles aux nouvelles technologies mais elles peinent à admettre qu’elles devraient en savoir plus sur les solutions digitales. Elles ne sont pas convaincues, faute d’informations et de formation suffisantes, des retombées possibles pour développer leur activité. Elles retardent de faire le pas, faute de données concrètes pour calculer un retour sur investissement.
“Ces chiffres mettent en avant l’enjeu primordial de la pédagogie et de la formation qui doivent être notre priorité à tous, institutions publiques et acteurs privés. C’est en sa qualité de partenaire technologique des entreprises que Mastercard travaille avec les organisations afin de soutenir l’économie locale grâce au numérique. Les atouts qu’il représente doivent en effet devenir compréhensibles, concrets et l’adoption de ces outils être facilitée pour les TPE.”, conclut Solenne Marquet.
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