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Pourquoi les systèmes d’assurance mondiaux suscitent-ils la défiance de la population ?

Pourquoi les systèmes d'assurance mondiaux suscitent-ils la défiance de la population ?

Face à l’intensification des catastrophes naturelles et à la recrudescence de la fraude, les systèmes d’assurance vacillent. Entre hausses de primes et défiance croissante, comment préserver un modèle capable de résister aux crises futures ?

Une contribution de Marc De Beaucorps, fondateur de Finovox

 

Les incendies qui ravagent la Californie exposent une fois de plus la précarité du système d’assurance américain. Avec des pertes dépassant 50 milliards de dollars et des indemnisations potentielles de 20 milliards, cette catastrophe fragilise davantage un modèle déjà sous pression. Résultat : une augmentation prévisible des primes d’assurance pour les foyers et les entreprises.


Le poids des catastrophes naturelles s’inscrit dans une tendance de fond : selon l’organisation humanitaire Christian Aid, les 10 plus grosses catastrophes climatiques de 2024 ont coûté au moins 200 milliards d’euros. Quant aux États-Unis, le pays a enregistré plus de 27 événements climatiques majeurs, chacun entraînant des pertes supérieures à un milliard de dollars, selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA).

Ces événements, de plus en plus fréquents, pèsent sur les assureurs : en France, leur coût est passé de 1,5 milliard d’euros par an en moyenne entre 1982 et 1989 à 6 milliards entre 2020 et 2023, selon France Assureurs. Cette dernière année est devenue la troisième la plus coûteuse pour la profession, avec 6,5 milliards d’euros d’indemnisations. Si la solution la plus pérenne pour compenser ces coûts serait d’intégrer des offres adaptées aux aléas provoqués par le changement climatique, certains assureurs augmentent les primes ou restreignent les garanties. Certaines compagnies vont même jusqu’à se retirer des zones jugées trop risquées de leur couverture, comme en Californie, laissant les assurés dans une précarité croissante.

 

La fraude, une solution de dernier recours ?

 

Dans ce contexte de vulnérabilité, la fraude à l’assurance tend également à se développer. Chaque année, elle coûte plus d’une centaine de milliards d’euros au marché mondial de l’assurance. En provoquant des destructions massives, les catastrophes naturelles poussent certains à vouloir maximiser leurs indemnisations, quitte à exagérer les dégâts ou à déclarer des sinistres inexistants. Ce phénomène, amplifié par le besoin de recouvrir des pertes souvent mal couvertes ou non assurées, alourdit considérablement les coûts pour les assureurs.

Aux États-Unis, ce phénomène représente environ 308 milliards de dollars par an, soit près de 1 000 dollars supplémentaires par foyer. Face à cette menace, les assureurs mobilisent des moyens importants : enquêtes poussées, implication des autorités fédérales, et campagnes de dissuasion spectaculaires, telles que la publication des noms de fraudeurs dans les « Halls of Shame ». Malgré ces efforts, la fraude continue de proliférer.

À cela s’ajoute une autre source de défiance : les pratiques controversées de certains assureurs. Une infime partie d’entre eux, pour limiter leurs pertes, augmentent les cotisations ou résilient des contrats lorsqu’un sinistre survient. Ces stratégies, motivées par des logiques financières, alimentent la méfiance des assurés et accentuent les fragilités d’un système déjà sous tension.

 

Les Français doivent-ils aussi s’inquiéter ?

 

En France, le modèle repose sur des principes différents. L’assurance y est fondée sur la solidarité et la mutualisation des risques. Contrairement aux États-Unis, les assureurs français ne peuvent pas annuler une couverture après un sinistre, garantissant ainsi une sécurité essentielle aux assurés. Cependant, la fraude reste un défi : bien qu’elle soit moins répandue qu’outre-Atlantique, ses effets sont significatifs. En 2022, elle représentait 587 millions d’euros, et son impact sur les primes se fait de plus en plus ressentir par la population.

 

Les catastrophes naturelles récentes soulignent le rôle crucial de l’assurance pour la résilience de nos sociétés. Aux États-Unis, une réforme en profondeur est indispensable pour réguler les pratiques du secteur et renforcer la lutte contre la fraude. En France, il s’agit de moderniser les outils de détection, de durcir les sanctions mais surtout de faire évoluer le modèle afin qu’il s’adapte aux aléas du changement climatique — une évolution qui constitue le cœur même de la mission de l’assureur. Sans une refonte ambitieuse, le marché de l’assurance mondial risque de se retrouver dépassé, peinant à protéger efficacement ses assurés et alimentant la défiance croissante à son égard.

 


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