Pourquoi Elon Musk a-t-il perdu 41 milliards de dollars en Bourse ?

L’homme le plus riche du monde est dans la tourmente. En une semaine, la fortune d’Elon Musk a dégringolé de 40,9 milliards de dollars. Une chute qui soulève des interrogations sur la stabilité de ses entreprises et sa manière de diriger, notamment son constructeur Tesla qui traverse aussi une période compliquée.

Selon des données publiées mardi par l’Association des constructeurs européens (ACEA), les ventes de Tesla ont subit une chute libre en début d’année, malgré un bond de 34 % sur un an des immatriculations de véhicules électriques en Europe.

Depuis le début de l’année, l’action du constructeur américain a perdu 25% de sa valeur. Et ce mardi, elle a chuté de plus de 8 % à la Bourse de New York, plombée par l’annonce de ventes divisées par deux en Europe à cause d’un changement de gamme et (potentiellement) des prises de position d’Elon Musk, qui feraient fuir les acheteurs. Les ventes du groupe chutent à cause notamment de l’arrivée de modèles à bas coût, dont la production devrait commencer au premier semestre. La valorisation de Tesla est passée, mardi 25 février, sous la barre des 1 000 milliards de dollars.

Tesla décroche mondialement

L’envolée de la Bourse qui avait suivi l’élection américaine, surnommé « Trump bump », s’est bel et bien estompé, et la désillusion frappe Tesla de plein fouet. Les chiffres du quatrième trimestre 2024 du constructeur confirment cette tendance négative, avec des ventes qui dégringolent de 47,7% en Europe et de 11,5% en Chine.

Les investisseurs s’inquiètent également du virage vers une offre axée sur l’intelligence artificielle à moindre coût, qui semble faire vaciller la confiance envers la marque. Les consommateurs chinois, eux, verraient du mauvais oeil la nouvelle version de conduite semi-automatisée des Tesla, qui ne répond pas à leurs attentes. Un recul aussi renforcé par les consommateurs qui perdent le moral, avec un recul de la confiance de 7 points à 98,3, selon les chiffres du Conference Board publiés ce mardi.

Depuis plusieurs mois, le marché européen connaît un bouleversement profond avec l’arrivée de concurrents chinois de taille. Des marques comme BYD, Nio et Xpeng, envahissent le marché avec des prix imbattables, et Tesla peine à rivaliser, face également aux efforts fournis par les constructeurs européens, dont Renault, Volkswagen ou encore Peugeot. De plus, les nouveaux modèles de Tesla, le Model Y et le Cybertruck, ont un délai de mise sur le marché plus allongé quant il s’agit de l’Europe. Le Cybertruck, par exemple, ne répond toujours pas aux exigences européennes.

Les relations entre Tesla et l’Union européenne se sont également bien détériorées. En cause, les critiques d’Elon Musk concernant les réglementations européennes strictes sur le numérique et les menaces de Trump d’imposer des droits de douane sur les produits européens. Ces tensions ont conduit le patron de Tesla à concentrer ses efforts sur le marché américain, qui le soutient politiquement et qui offre des conditions réglementaires plus favorables.

Les prises de positions d’Elon Musk inquiètent

L’impact des licenciements de plusieurs milliers de fonctionnaires aux États-Unis inquiètent les acteurs du marché. En cinq semaines, sous l’impulsion d’Elon Musk, le gouvernement Trump a mis en œuvre des mesures visant à licencier des pans entiers du personnel fédéral. Des milliers d’employés de l’administration en période d’essai ont été licenciés et des milliers d’autres sont incités à démissionner.

Les doutes à l’encontre d’Elon Musk ne se limitent pas au seul problème de Tesla. Pour la première fois, certains actionnaires historiques de l’entreprise réclament son départ, lui reprochant de trop se disperser entre ses multiples entreprises (SpaceX, Neuralink, X et Tesla) et son rôle controversé dans l’administration de Donald Trump. Après la victoire de ce dernier, Musk avait vu sa fortune atteindre un double record, mais depuis le début de l’année, la confiance envers l’homme le plus riche de la planète s’effrite. Son soutien assumé aux groupes d’extrême droite en Europe ne laisse pas non plus les investisseurs indifférents.