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Pourquoi de moins en moins de PME sont cédées, au risque de disparaître ?

Le défi de la transmission des PME prend de l’ampleur en France. Identifier les freins est important pour savoir sur quoi agir. Actionner les bons leviers également, qu’ils relèvent d’acteurs publics ou soient entre les mains d’entrepreneurs devenus operating partners.

 

D’un côté, des fermetures d’entreprises sont annoncées chaque semaine faute de repreneurs. De l’autre, des dirigeants de TPE-PME disparaissent sans laisser de trace comme en 2021 à Lannion (Côtes d’Armor) où le patron d’une boucherie s’est évaporé après être parti en vacances…

La taille et la notoriété de la marque ne changent rien. Si certes, ce sont souvent des petits commerces qui baissent définitivement le rideau, cela arrive aussi à des entreprises renommées comme ce fut le cas pour Sonia Rykiel en 2019 : aucun des repreneurs ne s’est finalement engagé à reprendre les rênes de l’entreprise et les 135 salariés ont tous été licenciés dans le cadre de la liquidation judiciaire.

 

A l’origine du peu de transmissions d’entreprises en France

Plusieurs facteurs contribuent à cette triste tendance. D’abord, l’augmentation du nombre de départ en retraite chez les dirigeants. La DGE estime le nombre d’entreprise à céder dans les 10 prochaines années entre 250 000 et 700 000. Le nombre de 17 000 disparitions d’entreprises par an à la suite du départ en retraite du patron est aussi parfois cité.

Ensuite, il y a la peur de l’inconnu : beaucoup de dirigeants ne savent pas comment se gère une cession ou une transmission. Les mots utilisés sont souvent compliqués ; le procédé n’est pas toujours clair et maîtrisé. Qui plus est, les intermédiaires peuvent aussi susciter de la méfiance, soit en raison du coût élevé de leur intervention, soit d’un excès de technicité et d’un manque de pédagogie.

La loi Hamon de 2014 a également pour impact de ralentir les opérations : en obligeant les chefs d’entreprise à informer leurs salariés au moins deux mois avant la cession de leur société, elle a ajouté des freins techniques et psychologiques. Parmi les principales craintes du dirigeant : le départ de salariés chez ses concurrents ; une déstabilisation de l’entreprise – parce que ses clients sont sur-sollicités et que ses fournisseurs, par précaution, demandent à être payés par anticipation. Cumulés, ces effets multiplient les risques d’échec d’une opération – ce qui signifie in fine pour le chef d’entreprise qu’il perd tout. Une fausse bonne idée, en somme…

Enfin, le contexte et l’état d’esprit vis-à-vis de la transmission d’entreprise au XXIe siècle n’est plus le même qu’au siècle dernier. Pendant longtemps, une entreprise se transmettait de père en fils et de génération en génération. En 2020, les générations ne partagent plus les mêmes objectifs et aspirations, les enfants ne se préparent plus nécessairement à exercer le même métier que leur(s) parent(s). Quant aux secteurs traditionnels, ils attirent moins. Transmettre à un inconnu sans être certain d’avoir les mêmes valeurs et principes, est loin d’être naturel ou engageant.

 

Des pistes pour agir

N’y a-t-il pour autant rien à faire ? Au contraire ! Bpifrance notait dans une récente étude[1] que « la transmission demeure une faiblesse française et mérite d’être érigée en priorité absolue pour des entreprises réputées pérennes et attachées à leur territoire ». Il est temps d’agir pour soutenir la transmission des PME françaises qui constituent l’essentiel de notre tissu économique. La question est particulièrement cruciale pour les entreprises familiales dont on sait qu’elles affichent des performances de développement très dynamiques et résistent face aux crises.

Les acteurs publics et privés s’emparent du sujet et se mobilisent. Plusieurs pistes sont actuellement explorées. En Région Hauts-de-France, la CCI régionale a créé début 2023 un « hub de la transmission » qui associe l’ordre des experts-comptables jusqu’au fonds régional de garantie en passant par la Banque de France et la chambre des métiers, pour accompagner les entreprises valorisées à partir de 1 à 1,5 millions d’euros. La Région Nouvelle Aquitaine publiait quant à elle cet été une feuille de route dédiée à la transmission dans le cadre de son SRDEII[2] (schéma de développement économique et industriel) et organise pour la 6ème année consécutive en novembre 2023 le mois de la transmission d’entreprises[3] avec des conférences, webinaires, rencontres, rendez-vous d’affaires, etc.

De son côté, la Confédération générale des SCOP s’est manifestée au cours de l’été 2023 pour inciter les patrons de PME à étudier de modèle d’entreprise dans le cas d’une transmission salariés. Sa campagne de communication sur le sujet a démarré fin août[4].

 

Miser sur celui qui l’a déjà fait

Enfin, une autre des voies à suivre pour le dirigeant de PME est de s’appuyer sur ses pairs et plus particulièrement ceux qui ont déjà cédé leur entreprise. C’est le cas des operating partners dont la vocation est d’épauler les chefs d’entreprise sur des phases stratégiques de la vie de leur société – la transmission étant indéniablement l’une d’elles.

Parmi les chantiers qui sont à lancer avec un operating partner : l’analyse de l’existant et du potentiel de l’entreprise ; la préparation de données et documents qui seront à fournir en cas de cession ou transmission, en intégrant les aspects qualitatifs (historique business, relations fournisseurs, politique RH et management, turn over, etc.) en plus des indicateurs purement financiers et techniques, et en s’affranchissant du jargon des experts des M&A ; la structuration opérationnelle pour que l’organisation permette au repreneur de mettre en œuvre son projet.

Dernier point : anticiper. Transmettre une entreprise n’est pas une décision qui se prend la veille de son départ en retraite. Il est fondamental de préparer la suite, à la fois pour pérenniser ce qui a été construit et pour donner au repreneur tous les atouts et leviers pour projeter l’entreprise dans une nouvelle phase de son développement.

Alors cessera-t-on de voir des entreprises fermer leurs portes faute de repreneur et de projections pour l’avenir.

 

[1] étude intitulée « Les entreprises familiales à l’épreuve des générations » publiée par BpiFrance le Lab en septembre 2023

[2] https://www.placeco.fr/nouvelle-aquitaine/ecosysteme/article/la-nouvelle-aquitaine-degaine-une-feuille-de-route-pour-faciliter-la-transmission-dentreprises-3238

[3] https://entreprises.nouvelle-aquitaine.fr/agenda/mois-de-la-transmission-reprise-dentreprise-2023

[4] https://www.les-scop.coop/campagne-de-communication-sur-la-transmission-en-scop

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