Coup de tonnerre sur la planète cinéma : le géant d’Internet, Amazon, a racheté le studio hollywoodien Metro-Goldwyn-Mayer (MGM) pour 8,45 milliards de dollars. Le PDG d’Amazon, Jeff Bezos, se réjouit de ce nouvel investissement.
Alors que la guerre du streaming s’intensifie à Hollywood, avoir un personnage aussi cool que James Bond dans son camp est un énorme avantage. Le succès intemporel du plus célèbre des agents secrets britanniques, personnage de fiction inventé par Ian Flenning et dont les films ont rapporté près de 6,9 milliards de dollars au box-office dans le monde, a considérablement pesé dans la décision d’Amazon d’acquérir la MGM. Cette transaction dépasse même le rachat par Walt Disney de Marvel Entertainment et Lucasfilm, il y a maintenant plus de dix ans.
Le géant d’Internet a investi 8,45 milliards de dollars pour s’offrir le catalogue de la MGM, qui compte de nombreuses franchises à succès telles que James Bond, La Panthère rose, Rocky ou La Revanche d’une blonde. Ces titres célèbres pourraient à la fois servir de phare pour attirer les cinéphiles à la recherche d’un film à regarder le samedi soir, et de propriété intellectuelle brute pouvant être réinventée pour une nouvelle génération de cinéphiles.
Selon Jeff Bezos, l’acquisition par Amazon de la MGM pourrait bien jeter les bases de l’un des prochains piliers du géant d’Internet, aux côtés de ses services de vente en ligne, d’informatique en nuage, d’Amazon Web Services et d’Amazon Prime. Ces différents services sont dotés d’une vaste clientèle, d’un potentiel d’expansion rapide et de hauts rendements.
« Il serait prématuré de faire la moindre déclaration sur un quatrième ou un cinquième pilier à l’heure actuelle, mais nous disposons de nombreuses possibilités. Pour n’en citer que quelques-unes, nous pourrions penser à Amazon Alexa ou Amazon Studios », a déclaré Jeff Bezos lors de l’assemblée annuelle des actionnaires. « Vous pouvez être sûrs d’une chose, nous allons travailler d’arrache-pied pour transformer ces services en nos prochains piliers. »
L’acquisition de la MGM est le reflet d’une ambition plus large en matière de contenus créatifs. Amazon a longtemps considéré ces contenus comme un excellent appât pour attirer de nouveaux abonnés sur Amazon Prime. À ses débuts, sous la direction de Roy Price, président d’Amazon Studios, l’entreprise a privilégié des projets sur mesure, tels que les séries Transparent ou La Fabuleuse Mme Maisel, toutes deux récompensées aux Emmy Awards, et le film Manchester by the Sea, récompensé aux Oscars. Amazon a misé sur ces projets pour attirer l’attention du public grâce à la reconnaissance de la critique.
Le géant du streaming s’oriente désormais vers des films plus grand public afin de rendre Amazon Prime encore plus irrésistible pour les abonnés potentiels. Ce changement s’est opéré sous la houlette d’une nouvelle génération de dirigeants : l’ancien président de Sony Pictures Television, Mike Hopkins (qui est désormais responsable du divertissement vidéo d’Amazon) et l’ancienne présidente de NBC Entertainment, Jennifer Salke (qui dirige Amazon Studios). L’année dernière, plus de 175 millions d’abonnés Amazon Prime ont visionné les films ou les émissions proposés sur la plateforme de streaming.
Un nouveau paysage médiatique
Entreprise | Marques principales | Abonnées (en million) | BIIA* (Trimestre 1) |
WarnerMedia/Discovery | Warner Bros, HBO, HGTV, CNN, TBS, OWN | 60 | 2,8 milliards $ |
ViacomCBS | BET, Paramount+, CBS, MTV, Nickelodeon, Showtime | 36 | 1,6 milliard $ |
Netflix | Stranger Things, The Crown, Bridgerton, Lupin | 208 | 1,7 milliard $ |
Disney | Disney, Pixar, Marvel, Star Wars, National Geographic | 159 | 2,5 milliards $ |
Comcast | NBC Universal, Peacock, Telemundo, NBC News, MSNBC, CNBC | 42 | 8,4 milliards $ |
*Bénéfice avant Intérêts, Impôts et Amortissements
Cette volonté d’Amazon d’attirer un nouveau public a été mise en évidence avec l’acquisition du film Borat, le film d’après : l’incroyable subterfuge au régime américain pour mettre en lumière la nation du Kazakhstan, jadis si glorieuse de Sacha Baron Cohen, la suite du film Borat, leçons interculturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan, sortie en 2006. Le second volet des aventures de Borat a attiré des millions d’abonnés sur le service streaming d’Amazon à l’automne dernier. Peu de temps après, Amazon Studios a conclu un accord de 125 millions de dollars avec Paramount Pictures pour diffuser Un prince à New York 2, la suite tant attendue de la comédie avec Eddy Murphy, Un prince à New York, sortie en 1988. Cette décision a permis de propulser pour la première fois Prime Video en tête du classement des plateformes de streaming selon l’échelle Nielsen.
L’acquisition de la MGM s’inscrit dans la stratégie d’Amazon, qui s’appuie sur le récent accord pour les droits de la NFL et sur la série en cours de production Le Seigneur des anneaux. Fondée en 1939, la MGM est à l’origine de films emblématiques tels que Le Magicien d’Oz, Autant en emporte le vent ou Ben-Hur. La MGM a également dominé l’industrie cinématographique des années 1920 aux années 1950, en se vantant d’avoir « plus d’étoiles qu’il n’y en a dans les cieux ».
Lors d’une vente en 1986, la MGM a perdu certains de ses premiers films au profit de Ted Turner (magnat des médias américains, connu pour avoir fondé les chaînes de télévision TBS et CNN, NDLR). Toutefois, la cinémathèque du studio compte encore une douzaine de films ayant remporté un Oscar, dont Rocky, West Side Story, Le Silence des agneaux, Danse avec les loups et Rain Man. Son catalogue de 4000 films et de 17 000 épisodes de séries, parmi lesquelles The Handmaid’s Tale : la servante écarlate et Fargo, permettrait de remplir la bibliothèque de contenus d’Amazon. En outre, le géant d’Internet pourrait bien exploiter des pépites oubliées, comme Robocop ou Tomb Raider, pour les transformer en série.
« La véritable valeur financière derrière cette transaction est le trésor de propriétés intellectuelles dans l’immense catalogue que nous prévoyons de réinventer et de développer avec l’équipe talentueuse de MGM », a déclaré Mike Hopkins dans un communiqué. « C’est extrêmement passionnant et cela offre tellement de possibilités pour une narration de haute qualité. »
L’accord avec Amazon offre également une sortie tant attendue pour les investisseurs du studio.
Kevin Ulrich, d’Anchorage Capital, est le principal investisseur du studio depuis sa sortie de faillite en 2010. Selon de multiples sources proches des studios MGM, les autres parties prenantes, dont Highland Capital Partners, Davidson, Kempner Capital Management, Solus Alternative Asset Management et Owl Creek Asset Management, ont longtemps poussé Kevin Ulrich à tourner la page MGM. Ils ont failli l’emporter en 2016, lorsque la MGM était sur le point de conclure un accord de 8 milliards de dollars avec un acheteur chinois. Toutefois, les mesures gouvernementales américaines de l’époque sur les relations commerciales avec la Chine ont mis fin aux discussions.
Les négociations sur un accord de 6 milliards de dollars avec Apple ont échoué après l’éviction par le conseil d’administration du PDG de la MGM, Gary Barber. En 2018, Jeffrey Altman, d’Owl Creek, a écrit une lettre au conseil d’administration pour demander un nouvel accord de rachat. Kevin Ulrich n’a pas souhaité répondre aux questions de Forbes.
Article traduit de Forbes US – Auteurs : Dawn Chmielewski et David Jeans
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