Maye Musk, en cover girl septuagénaire que les magazines de mode s’arrachent, Julia Roberts en quinqua rayonnante qui booste de son aura les ventes d’un parfum, Philippine Leroy-Beaulieu, sex-symbol sexagénaire faisant de l’ombre à la jeune première américaine Lily Collins dans Emily in Paris sur Netflix, Véronika Loubry, entrepreneure et influenceuse phénomène sur Instagram… Des modèles qui inspirent des millions de femmes.
Au pays du star-system, les conservatismes et vieux réflexes sexistes liés à l’âge résistent de moins en moins au pouvoir de ces femmes accomplies, pas prêtes de raccrocher. L’apparition des premières rides n’est plus une condamnation sociale et professionnelle, mais bel et bien le début d’une nouvelle aventure, « encore plus excitante que jamais ! », reprennent en chœur nombre de célébrités. Ce baromètre trouve un écho dans tous les domaines de la vie courante. À Hollywood comme à Paris ou Rio.
Ces figures notoires ou anonymes occupent un rôle central dans la marche de la société en se posant comme « décisionnaires ». À la cinquantaine, elles détiennent le pouvoir vis-à- vis de leurs parents (les garder à la maison ou les placer en Ehpad), elles soutiennent leurs enfants dans leur transition école-entreprise et décident de garder ou non leurs petits-enfants. Elles ne se reconnaissent plus dans les termes fourre-tout de « senior », « grand-mère » ou « femme mature », car elles se considèrent multifacettes, hyperactives et, enfin, « libres ». Cette notion revient régulièrement dans les études les concernant (de l’Insee à la presse spécialisée).
« Dans la première moitié de la vie, il est très important pour une femme de résoudre les questions de sa place dans la hiérarchie sociale, allant de son statut marital à ses aspirations professionnelles et, tout aussi déterminant, jusqu’à savoir si elle veut donner la vie. Ces objectifs sont attendus socialement, ils ne sont pas forcément individuels. À la seconde moitié de leur existence, les femmes, ayant répondu à ces injonctions, se concentrent principalement sur leurs valeurs intérieures, elles sont plus préoccupées par la question de la réalisation de soi et de l’identité personnelle.
Elles n’ont plus peur du jugement extérieur, elles ne comptent que sur leurs évaluations internes et souhaitent laisser une trace », observe Victoria Branson, personal branding de référence qui accompagne les cadres dirigeants sur un plan individuel comme corporate, ainsi que des personnes en quête d’émulation.
Âge d’or
Une envie d’être soi, un état de plénitude : comment se traduit cette mue à laquelle nous assistons ? Par la volonté d’être visibles, d’investir tous les pans de la société, dont les centres de pouvoir. L’image bien plus flatteuse qui leur est renvoyée sur les grands écrans et les panneaux publicitaires, comme l’exemple de contemporaines à la tête de gouvernements, de vénérables institutions, a revigoré ces femmes arrivées au mitan de leur vie. Il faut dire qu’elles ont pris de l’avance sur ces messieurs au niveau de leur capital confiance.
C’est enfin le moment de libérer leur force tranquille, fruit du phénomène psychologique appelé « hypercompensation ». Dans un monde où les règles du jeu ont été édictées par les hommes pour les hommes, le beau sexe a été contraint de déployer beaucoup plus d’efforts pour acquérir des positions similaires aux hommes. Au gré des épreuves et des plafonds de verre à briser, elles sont devenues plus résilientes et entraînées, comparativement à leurs pairs masculins. Délestées de la pression d’avoir à concilier carrière et éducation des enfants, elles se découvrent plus confiantes que jamais à partir de 50 ans.
Un âge d’or duquel la société ne saurait davantage occulter l’évidence. « La cinquantaine chez la femme, c’est l’âge du bonheur. Elles écrivent leurs meilleurs livres, jouent leurs meilleurs rôles et deviennent les reines de leurs empires ou accèdent au plus haut niveau de responsabilités. De plus, elles construisent les relations les plus matures fondées sur un amour profond. Elles vivent ce palier comme un nouveau départ », éclaire Victoria Branson.
Les super-models des années 90 ont d’ailleurs, pour la plupart, repris du service. La génération Jennifer Lopez, Monica Bellucci, Julianne Moore ou Kylie Minogue continuent d’affoler les foules à chaque apparition en exhibant leur corps sculptural, les rédactrices en chef de prestigieux magazines ou chaînes de télévision envoient le message très clair qu’il faut toujours compter avec elles. Et gare aux impétueux !
Victoria Branson : « Au gré des épreuves et des plafonds de verre à briser, elles sont devenues plus résilientes et entraînées, comparativement à leurs pairs masculins. Délestées de la pression d’avoir à concilier carrière et éducation des enfants, elles se découvrent plus confiantes que jamais à partir de 50 ans. »
Auparavant, les étoiles du cinéma se retiraient en pleine gloire à l’instar de Greta Garbo (40 ans), Brigitte Bardot (39 ans) ou encore Marlène Dietrich qui a usé de tous les stratagèmes possibles pour échapper à l’œil des paparazzi. Sa hantise était d’apparaître avec ses rides de sexagénaire, une perspective désastreuse dont elle était convaincue qu’elle briserait son mythe… Aujourd’hui, elles l’assument ou, sans complexe, les estompent grâce à la chirurgie non invasive désormais très au point.
Rôles-modèles pour les générations montantes
Bien plus épanouies à 50 ans qu’à 20 ans, et aujourd’hui qu’hier, les femmes n’ont pour adversaires qu’elles-mêmes. Objectif : devenir la meilleure version d’elles-mêmes. Peu importe si elles s’éloignent inexorablement du totem de la jeunesse, valeur de référence ultime, elles s’affichent désormais en paix vis-à-vis de ce diktat. Elles se savent désirables et le voient autour d’elles à grands coups de projecteur sur des couples médiatiques. La différence d’« âge inversé » est de moins en moins tabou. N’y voyez pas un sentiment de revanche, mais plutôt une envie d’apprécier chaque moment de ce nouveau chapitre.
Vieillir, quand on est une femme, ce n’est ni s’éteindre, ni s’embarrasser de trop de politesse, ni disparaître, c’est incarner une forme de modernité par sa présence. L’enjeu étant de se positionner en modèles vis-à-vis de la génération montante qui a tout à construire.
Édition après édition, nous en sommes témoins dans le palmarès annuel des 40 Femmes Forbes. Cet autre indicateur socio-économique révèle régulièrement des lauréates âgées de plus de 48 ans pour un tiers. La prophétie de Marguerite Duras qui nous avisait d’une « prise de pouvoir » de ces femmes est devenue réalité.
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