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Portrait | David Layani, le sauveteur d’Atos

David Lanai, patron de One Point et repreneur d'Atos, sur le plateau de France info en 2022

Qui est cet entrepreneur ambitieux qui veut compter dans le paysage économique français ? 

Sur son tableau de chasse, David Layani, l’ambitieux patron de Onepoint, peut enfin placer le géant informatique Atos, une consécration pour cet autodidacte qui a su se tailler une place au sein des hautes sphères du capitalisme français. « Le succès fut toujours un enfant de l’audace ». Cette maxime du dramaturge français Crébillon, David Layani la répète à l’envi, selon son entourage.

Une certaine audace était en effet nécessaire pour s’opposer à l’offre de Daniel Kretinsky, « le capitaliste européen que tout le monde connaît aujourd’hui », souligne auprès de l’AFP Michel de Laforce, président du syndicat majoritaire CFE-CGC chez Atos. Le milliardaire tchèque, à la tête d’un empire dans l’énergie, la distribution et les médias, dispose d’une fortune de 8,6 milliards d’euros, selon Forbes, quand celle de M. Layani avoisine les 800 millions d’euros, d’après le magazine Challenges. David contre Goliath ? « C’est quelqu’un qui n’a pas peur des épreuves », assène M. de Laforce.

Autodidacte

Rien ne semblait destiner David Layani, né en 1979 à Paris d’un père musicien et d’une mère travaillant dans l’événementiel, aux cimes du monde des affaires. Celui qui a grandi dans le quartier de Belleville quitte le lycée à 16 ans, sans le bac, et commence sa carrière en 1999 dans l’entreprise informatique américaine EMC. Le redouté bug de l’an 2000 n’ayant pas eu lieu, il fonde deux ans plus tard, à 22 ans, la société de conseil en transformation numérique Onepoint, avec un emprunt bancaire de 30 000 euros et le soutien d’un oncle maternel.

Le jeune entrepreneur, passionné d’architecture, de chevaux et de musique, ne tarde pas à faire grossir sa société grâce au rachat en chaîne d’entreprises en difficulté. Implantée désormais dans 16 pays, Onepoint, qui compte 3 300 employés, a effectué près d’une quinzaine d’acquisitions depuis ses débuts. Le groupe passe en dix ans à 50 millions d’euros de chiffre d’affaires, puis de 50 à 500 millions d’euros les dix années suivantes, raconte une des associées de l’entreprise.

Carré mi-long aux boucles blondes, costume bleu et sourire franc, David Layani cultive l’image d’un patron décalé, « authentique » et « à l’écoute ». Mais s’il n’est pas issu du sérail, le quadragénaire est tout de même un homme de réseaux.

Homme de réseaux

En 2016, Emmanuel Macron, à l’époque ministre de l’Economie, inaugure les locaux de Onepoint dans le 16e arrondissement de Paris. Trois ans plus tard, c’est Nicolas Sarkozy qui remet à M. Layani l’ordre national du Mérite en présence de Gérald Darmanin, alors ministre de l’Action et des Comptes Publics. « Voilà un jeune qui a de l’ambition« , s’exclame l’ancien président de la République.

Mais cette connexion se retourne contre David Layani. Depuis octobre 2021, il est mis en examen dans l’un des volets du dossier des soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle de M. Sarkozy. L’homme d’affaires dément devant la justice « toute forme d’implication dans cette affaire ».

Ces déboires judiciaires n’altèrent en rien ses ardeurs et c’est en 2022 qu’il lance sa première offensive sur le géant Atos, dix fois plus gros que Onepoint. Son offre de 4,2 milliards d’euros pour la reprise de la branche Eviden, regroupant les activités stratégiques, dont la cybersécurité, est rejetée d’emblée par le conseil d’administration.

David Layani ne se décourage pas et attend son heure. Elle arrive en 2023. Accablé par la dette, l’ancien fleuron informatique français voit son action dévisser en Bourse et Onepoint devenir, à la surprise générale, son premier actionnaire avec 9,9% du capital. Un an plus tard, M. Layani continue sa campagne, atteint 11% du capital et entre au conseil d’administration d’Atos.

Au moment où le groupe cherche un repreneur, il prend la tête d’un consortium soutenu par la société d’investissement de l’homme d’affaires Walter Butler et l’entreprise Econocom, qui défend la « préservation de l’unité d’Atos ». Et l’emporte sur Daniel Kretinsky.

Avec cette opération, M. Layani s’est offert un siège à la table des patrons qui comptent dans l’Hexagone. Et rien ne dit qu’il s’arrêtera là. Cela « ne constitue en rien un aboutissement mais une invitation à continuer », avait-il lancé en recevant l’ordre national du Mérite. Peut-être sa nouvelle maxime.

 

Avec AFP


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