« Nous devons prendre des décisions courageuses et les assumer », c’est en ces termes que Thomas Ingenlath fait référence à Polestar. Cette nouvelle marque de voiture a été présentée en octobre dernier en tant qu’entreprise indépendante, petit sœur de Volvo, sous l’aile du constructeur automobile chinois Geely. Nous avons rencontré son PDG lors de ses débuts au salon de l’automobile de Genève. D’un côté, il y a le stand Volvo, calme et paré de bois clair dans le plus pur style scandinave. De l’autre, le stand Polestar est froid, sombre, minimaliste, mystérieux et présente l’unique modèle de la jeune marque, il est blanc immaculé.
Lorsqu’il a vu pour la première fois son stand d’exposition, Thomas Ingenlath a eu du mal à contenir son enthousiasme. La couleur blanche de la Polestar 1 magnifie la sensation de haute technicité de l’espace, où le seul élément de couleur est le costume jaune moutarde du PDG, qui n’est pas sans rappeler les finitions de la voiture. « Nous voulions un stand qui ne soit pas encombré. Bien entendu, nous ne disposons pas encore de beaucoup de modèles, mais nous voulons nous défaire de la présentation habituelle des marques en salon, notamment de la musique assourdissante, et des lumières éblouissantes. Au lieu de ça, nous présentons notre voiture en toute sobriété en lui offrant une lumière appropriée et assez d’espace pour respirer, c’est une question de respect ».
La Polestar 1 est un coupé GT s’inspirant du Concept Coupé de Volvo. Grâce à un groupe motopropulseur hybride délivrant une puissance de 600 chevaux, il promet une autonomie électrique pure de 150 km. Le constructeur prévoit de produire un maximum de 500 exemplaires par an de cette voiture commercialisée à 182 000 $ (148 000 €). La nouvelle usine située à Chengdu en Chine débutera la production dans le courant de l’année. Le bâtiment a été imaginé par le cabinet d’architecte norvégien Snöhetta, et il devrait devenir l’usine de production de voiture la plus viable de tout le pays.
Thomas Ingenlath explique : « Le bâtiment est moderne, techniquement avancé et respectueux de l’environnement. Il représente parfaitement la marque Polestar ». Le PDG pense que l’âme de l’entreprise est due en grande partie à Geely, car, selon lui, les Chinois sont davantage ouverts aux aventures commerciales comme celle-là : « C’est assez rare qu’une entreprise de la taille de Geely décide qu’une marque comme Polestar puisse être indépendante et de la laisser se développer toute seule. Il faut du courage pour prendre ce genre de décision ».
Le visuel de la Polestar fait écho à son héritage scandinave, en plus de rappeler le style épuré qui est actuellement très tendance. Thomas Ingenlath explique : «il y a quatre ans, nous aurions longtemps débattu pour savoir si ce design épuré pouvait correspondre à la culture chinoise. Aujourd’hui, ces inquiétudes ce sont envolées. La sobriété du design est désormais présente dans le monde entier, même en architecture, en design et dans la mode. D’ailleurs, les modèles Volvo en sont la preuve. »
Thomas Ingenlath a tout à fait conscience que le design scandinave est très vendeur, car il était vice-président du design chez Volvo Suède avant de se lancer dans l’aventure Polestar. Il pense désormais pouvoir oser utiliser davantage de matériaux plus techniques : « On peut dire que cette marque est plutôt masculine », explique-t-il avant de reconnaître que « technique » serait un terme plus approprié : « Ici, nous avons un design très lisse et épuré ».
La Polestar 1 conserve tous les codes de la voiture classique, avec par exemple, avec une calendre à l’avant, un élément qui n’est pas indispensable sur une voiture électrique. Nous lui avons demandé s’il pense conserver ce détail à l’avenir : « La calandre fait débat. Bien sûr, nous pourrions l’enlever, mais je pense qu’une voiture doit avoir un visage avec des yeux, un nez et une bouche. À l’avenir, nous incorporerons de nouvelles fonctions et fonctionnalités à ce qui n’est, pour le moment, qu’une prise d’air. La calandre aura alors une réelle utilité ».
Comme pour le lancement de toutes nouvelles entreprises, on retrouve ici une atmosphère enthousiaste. Nous avons demandé à Thomas Ingenlath de quelle manière il voit sa marque évoluer : « Notre aventure commence avec la Polestar 1, une voiture en lien avec le Concept Coupé de Volvo. En ce qui concerne la Polestar 2, nous verrons comment évolue le design intérieur et extérieur ». Thomas Ingenlath insiste sur le fait que les acheteurs ne pourront pas choisir librement toutes les finitions intérieures : « je pense qu’une entreprise aussi attentive au choix des finitions et qui souhaite définir une atmosphère particulière, ne peux pas laisser le client tout modifier. Je pense honnêtement que nous retirons une épine du pied du consommateur, ça lui évitera de se perdre dans les quantités de couleurs et de matières à choisir. Je ne pense pas que cette étape apporte de la plus value à l’expérience utilisateur lors de l’achat d’un véhicule ».
Thomas Ingenlath ne veut pas cataloguer les clients de Polestar, mais il pense qu’ils doivent garder un esprit ouvert et ne pas rester attachés aux conventions des marques patrimoniales. C’est peu surprenant, mais le PDG de la marque admire Tesla, ou encore Spotify, le géant scandinave de la tech qui a changé notre manière d’écouter et de posséder de la musique : « Notre offre est intéressante pour le jeune public, surtout grâce à la manière dont nous avons conçu l’interface humain machine et c’est très important pour nous. D’un autre côté, le consommateur d’un certain âge et friand de technologie peut également être intéressé par ce coupé ».
La principale ambition de la marque est de conserver cette pureté, cette approche sans compromis : « Nous pensons que c’est ce que les acheteurs attendent et que c’est ce qui correspond le mieux à la marque ». Nous avons alors demandé à Thomas Ingenlath si la Polestar 2 et les produits suivants, présenteront des designs totalement inédits : « Ne nous emballons pas, il y a toujours des limites qui nous sont imposées par la technologie. Le but du design, c’est de donner un sens et un côté artistique à la technologie. Nous avons gagné en liberté grâce à la transmission électrique, mais pas au point de pouvoir révolutionner l’esthétique de la voiture. Seule la conduite autonome pourra permettre de radicalement changer la donne, même si la voiture sans volant ne fait pas partie des préoccupations de Polestar ».
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