Passions des milliardaires : Marc Coucke, collectionneur préhistorique

Le milliardaire Mark Coucke, qui a fait fortune dans l’industrie pharmaceutique, entretient une collection très singulière : les squelettes de dinosaures. En exclusivité pour Forbes France, la 32e fortune de Belgique révèle les tenants et aboutissants de cette passion née dès sa plus tendre enfance. 

Un extrait du dossier “Passion de milliardaire” issu du numéro 30 – printemps 2025, de Forbes France

Quand avez-vous commencé à vous intéresser aux dinosaures ?

MARC COUCKE : Jeune, je trouvais évidemment ces créatures fascinantes. Mais il y a des millions d’enfants qui partagent cet intérêt. Il y a seulement cinq ans, j’ai lu un article sur Skinny, un cousin du diplodocus à la peau sclérosée vieux de 150 millions d’années, qui a ravivé mon intérêt. La question des couleurs des dinosaures, montrés vert ou gris par Spielberg et tous les artistes qui ont travaillé dessus, m’est apparue plus complexe qu’on ne l’imagine. J’en ai parlé avec ma fille cadette puis je me suis plongé dans le sujet.

Et qu’avez-vous conclu ?

M.C. : En résumé, deux choses :

– Les dinosaures sont la preuve de la beauté et de la vulnérabilité de la nature. Ils ont été les rois de la Terre pendant des dizaines de millions d’années puis ont totalement disparu. Que deviendrons-nous, les êtres humains, dans des millions d’années ?

– Sur le plan économique, leur valeur était sous-estimée. Ces squelettes sont rarissimes, datent de plusieurs millions d’années et coûtent moins cher qu’un Picasso alors que le peintre réalisait deux toiles par jour à la fin de sa vie ! J’ai décidé d’investir.

C’est la rareté de ces squelettes qui vous a convaincu ?

M.C. : Oui et l’étonnement qu’ils me procurent encore et toujours. Je peux regarder ces os pendant des heures. J’ai acquis des squelettes de dinosaures herbivores et d’un carnivore et je sais qu’il y avait des combats féroces entre ces espèces. En regardant ces squelettes, je voyage dans le temps.

Que faites-vous avec après les avoir achetés ?

M.C. : Je les montre au public et j’en fais aussi profiter les scientifiques. Le squelette de Vulcain, un apatosaure vieux de 150 millions d’années, est exposé dans un fabuleux parc animalier en Belgique, Pairi Daiza, où vivent des centaines d’animaux rares qui pourraient disparaître si on n’agit pas. D’autres squelettes sont installés dans une petite ville des Ardennes belges devenue une véritable attraction touristique grâce à eux puisque des hôtels et des restaurants s’y sont implantés. Quant aux paléontologues, ils manquent de moyens pour acquérir ces vestiges dont ils ont grand besoin pour leurs études. Je participe, à ma manière, à la défense de la biodiversité.

C’est un bon investissement ?

M.C. : C’est comme le vin de Bordeaux pour moi : j’en achète énormément, je sais que c’est un bon investissement mais je sais aussi que je ne les vendrai jamais ! J’ai acheté avant que leur cote monte il y a trois ans et, depuis, des records ont été battus puisque certains squelettes sont partis à plusieurs dizaines de millions d’euros. Je pense que le secteur est arrivé à maturité.

Vous possédez désormais cinq squelettes. Votre collection est terminée ?

M.C. : Pas du tout ! Je vais vous donner un scoop : je viens d’acheter une petite famille de quatre ou cinq membres. Ils sont morts tous en même temps, sans doute lors d’un tremblement de terre ou d’un éboulement. Ils sont actuellement en phase de reconstitution. Vous voyez que je continue de regarder…

Vous avez d’autres collections ?

M.C. : Oui, une surtout, j’ai la plus belle collection de Marcel Duchamp au monde ! Je possède des centaines de pièces, œuvres, lettres, photos… J’en ferai sans doute un musée.

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