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Tony Parker, entrepreneur en sortie d’écran

Tony Parker à l'hôtel la Réserve, le 5 mars 2024 : Maurice Midena pour Forbes France

Il est en Une de notre numéro du printemps 2024 : légende du basket français, « TP » est devenu une figure majeure de l’entrepreneuriat made in France, misant sur le basket, mais aussi le vin ou les chevaux. Son aura médiatique participe évidemment de son succès. Et lui sème quelques embuches. Forbes l’a rencontré.


Toute notre jeunesse, on a regardé ses exploits en cachette à des heures prohibées par nos parents, sur Canal + , portant les Spurs de San Antonio à quatre titres de champion NBA. Désormais, la légende du basket français passe en clair, sur M6, à des heures décentes. Cette année, Tony Parker a été juré dans l’émission Qui veut être mon associé ? aux côtés des Marc Simoncini, des Anthony Bourbon et autres Kelly Massol. « C’est marrant parce que maintenant, je croise des jeunes qui me reconnaissent dans la rue pour QVEMA, et qui s’étonnent d’apprendre que j’ai fait du basket. Alors que j’étais pas mauvais », s’amuse-t-il auprès de Forbes, qui l’a rencontré début mars. Parker a toujours refusé toutes les sollicitations d’émissions, et les « chèques de malade », proposés par Mask Singer ou Danse avec les stars. Pour cette fois, il a fait une exception : « C’est le positionnement que j’ai envie d’avoir aujourd’hui. Inspirer les générations de demain, comme Jordan et Johnson m’ont inspiré, dans le basket et au-delà. » Ses 30 000 euros de cachet, il les a reversés à sa fondation. 

C’est que « T.P. » s’est imposé comme une figure majeure de l’entrepreneuriat en France. Outre M6 en prime time, il était en 2021 le second entrepreneur préféré des Français. L’homme n’a pas attendu de prendre sa retraite pour faire des affaires. En 2014, cinq ans avant de raccrocher, il rachète l’Asvel pour, le club de Villeurbanne près de Lyon – un monument de la balle orange -, pour 2 millions d’euros. A sa tête, le club a renoué avec la victoire en remportant quatre championnats de France avec les hommes – ils n’avaient pas été titrés depuis 2009 -, et deux avec les féminines (qui ont aussi remporté une coupe d’Europe). Le club a aussi déménagé, quittant son iconique Astroball pour désormais jouer ses matchs à domicile dans la flambant neuve LDLC Arena et ses 12 500 places, propriété de l’Olympique lyonnais – mais que Parker pourrait racheter. L’Asvel, selon les estimations de Parker, vaudrait 40 millions d’euros.

 
Crédits : Maurice Midena

Basket, vins et chevaux

Difficile d’estimer précisément la fortune du champion d’Europe. On sait qu’il a cumulé aux alentours de 168 millions de dollars de salaire durant sa carrière. Il a en tout cas multiplié les investissements au travers de sa holding Infinity Nine group (en référence à son iconique numéro 9) et ses près de 300 employés. Son guide ? ses « passions », comme les chevaux, qui l’ont amené à créer son écurie et à lever un million d’euros en cinquante minutes – via un financement participatif -, pour racheter le hara du domaine de Quetieville en Normandie (région dont il est originaire). Parker est aussi un amateur de vin : il a racheté en 2022 le Château Saint-Laurent (dans les Côtes-du-Rhône, bien qu’il soit plutôt un amateur de Bordeaux). Toujours côté basket, Parker a aussi créée son académie, avec cette promesse : un job pour chacun de ses apprentis. Car la star le sait : 98% de ces jeunes ne feront pas carrière. Pas question de les laisser sur le bord de la route : « L’idée est, en plus du basket, de les exposer au plus grand nombre de métiers possibles, de susciter chez eux des vocations, de leur fournir des bourses pour qu’ils étudient. » Parker, ambassadeur des métiers d’excellence de LVMH, sait activer ses réseaux pour respecter sa promesse. 

Sans atavisme familial, Parker pense avoir toujours eu la fibre entrepreneuriale. Si Magic Johnson et  Michael Jordan ont été ses idoles sur le terrain, ils l’ont aussi été en dehors, affichant de belles réussites dans le monde des affaires. Dès ses 23 ans, Parker avait demandé des conseils à « Magic » pour préparer l’après. En NBA, il suivait avec une attention rare les cours dispensés par la ligue pour aider les joueurs à gérer leur patrimoine – une assiduité qui détonnait dans un championnat où 60% des joueurs sont ruinés cinq ans après leur retraite. Assez tôt, l’ancien meneur de jeu a aussi été pris sous son aile par des pontes du business : Jean-Michel Aulas, ancien boss de l’OL, ou encore Michel Reybier, magnat de l’hôtellerie et du vin. « Je suis une éponge, j’aspire tous les conseils », martèle Parker. 

 

Management sportif – et familial 

Pour Parker, pas question toutefois de faire oublier qu’il a été un des plus grands basketteurs de l’histoire, adoubé par une intronisation au « Hall of fame » (le panthéon du basket américain) en 2023. Et si, ce qu’Albert Camus tient de la morale, il le doit au foot, ce que Parker tient du business, il le doit au basket. Sur le fond, sport et affaires s’appuient sur la même « discipline, la même éthique de travail ». Côté management, il essaye d’appliquer la même recette que la franchise de San Antonio : « J’ai aimé la façon dont ils mélangeaient business et esprit familial, le soin donné aux relations avec les collaborateurs, le temps passer à vraiment essayer de connaitre les gens avec qui on travaille. » Travailler en famille ou avec ses amis, Parker aime ça, et ça lui réussit plutôt bien. Même si parfois, on se retrouve dans des situations compliquées. Comme en octobre dernier, où, suite à un mauvais début de saison, il décide de limoger le coach de l’Asvel, Terence Jonathan Parker… qui n’est autre que son petit frère. « Bien sûr que ç’a été compliqué, admet l’aîné. Mais il faut essayer de ne pas mélanger les choses, même si ce n’est jamais facile. Au début, il y a eu de l’eau dans le gaz, même s’il savait que c’est comme ça ,dans le foot, le basket, le rugby. Quand ça ne va pas, le coach est toujours le premier à sauter. »

Car son agilité légendaire ne l’empêche pas de tomber sur des défenses rugueuses. Comme dans le Vercors, dans les communes de Villiard-de-lans et Corrençon. Depuis quelques années, Parker y a ses habitudes : Noel en famille, nouvel an entre amis. « Mes enfants y ont appris à faire du ski ». Il est tombé amoureux des lieux, et a voulu y faire des affaires. En 2019, il devient actionnaire de la société de remontées mécaniques. Puis, en 2022, il arrive avec deux projets immobiliers : une résidence quatre étoiles de 900 lits, et une autre de 600. Coût estimé : 96 millions d’euros. L’objectif : faire de cette station de ski de moins en moins enneigée, un havre de loisir pour toute l’année. Mais sur place, les riverains sont divisés : un collectif qui regroupe plus de 1 500 foyers locaux s’oppose à ce projet de bétonisation et dénonce des conséquences écologiques potentiellement néfastes en plein parc naturel du Vercors. « Pour moi, il n’y a pas de problème, contre Parker. S’ils veulent de mon projet, je suis là. S’ils n’en veulent pas, ce n’est pas grave. Ça ne va pas changer ma vie. » On l’a cru. Mais peut être qu’on a juste mordu dans la feinte. 

Crédits : Maurice Midena

 


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