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Paris 2024 | Tony Estanguet : « Paris 2024 porte un message d’ouverture à toutes les émotions, à tous les territoires, à tous les grands défis de notre société ; ce seront les premiers Jeux à être 100 % paritaires femmes-hommes »

Tony Estanguet décroche les JO Paris 2024

À deux ans de la cérémonie d’ouverture qui verra défiler sur la Seine les athlètes du monde entier, le président du Comité d’organisation des JO de 2024 est sur le « pied de guerre » pour faire de cet événement une fête qui marquera les esprits. Premiers coups de pioches, étapes concrètes d’organisation… Tony Estanguet nous livre sa feuille de route, corrélée aux enjeux environnementaux et sociétaux de demain.

 

À deux ans des Jeux olympiques, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

TONY ESTANGUET : Ces deux prochaines années sont déterminantes dans la réussite de Paris 2024. Nous passons à la mise en œuvre, en accord avec notre vision : des jeux spectaculaires, populaires, durables. Le temps nécessaire pour affiner le plan, le projet, le nombre de sports, les sites de compétitions, la stratégie globale, notre organisation. C’est dans les détails que se jouera sa réussite.

Comment définissez-vous la concrétisation des JO ?

T.E. : Nous entrons dans l’action avec des étapes très concrètes : l’ouverture de la billetterie, le recrutement des volontaires et l’arrivée de la mascotte. Nous avons à présent une bonne visibilité sur les différents points tels que les transports, la restauration (13 millions de repas seront servis) et l’organisation globale. Sans oublier la coordination de toutes les entités. Le mouvement sportif français et international, les acteurs publics et les entreprises avec leur savoir-faire. À deux ans des Jeux, notre niveau d’ambition est intact.

Qu’entendez-vous par maintenir votre niveau d’ambition ?

T.E. : Malgré un contexte difficile avec la pandémie et les conflits internationaux, nous avons maintenu nos objectifs. Les JO sont la démonstration de notre savoir-faire et de notre capacité à proposer un grand moment de rassemblement national dans une période clé.

Avec les enjeux socioculturels et économiques importants qui pèsent sur Paris 2024, vous sentez-vous sous pression ?

T.E. : Les athlètes, dont j’ai fait partie, se nourrissent d’objectifs ambitieux. J’aime ce genre de défis. Les attentes sont d’autant plus grandes que la France a été candidate plusieurs fois. Il y a une ferveur populaire avec 80 % des Français qui déclarent souhaiter ces jeux. Nous devons capitaliser sur cette dynamique, voire même monter en puissance au cours des deux prochaines années. Cela passe par la coordination de centaines d’entités, qu’il s’agisse de fédérations d’athlètes, de syndicats, d’acteurs publics avec près de 3 000 collectivités labellisées « Terre de jeux 2024 ». Le Club Paris 2024 recense à lui seul 80 000 membres… C’est la plus grande aventure sportive collective que notre pays ait rencontrée. 

Comment définiriez-vous les JO de Paris par rapport aux précédents ?

T.E. : Paris 2024 est un modèle assez novateur où l’on a conservé le meilleur des dernières éditions. Les JO de Tokyo qui nous ont offert des moments spectaculaires ont été suivis par 3 milliards de personnes. Nous nous distinguerons en misant sur nos atouts. Nous sortons le sport des stades en ouvrant des lieux qui appartiennent à notre patrimoine culturel aux compétitions : le Grand Palais, les Invalides, la place de la Concorde ou le Champ-de-Mars à Paris, mais aussi certains lieux à Tahiti ! Nous délocalisons des épreuves sur d’autres territoires, dans des grandes métropoles comme Marseille, Lille, Nantes, Bordeaux, Nice.

Quels seront les rendez-vous à ne pas manquer ?

T.E. : Paris 2024 porte un message d’ouverture à toutes les émotions, à tous les territoires, à tous les grands défis de notre société. L’écologie est au cœur de ce projet avec pour objectif la réduction de moitié des émissions de carbone, la parité et l’inclusion. Ce seront les premiers Jeux à être 100 % paritaires femmes-hommes.

Les JO donnent-ils un coup d’accélérateur aux enjeux sociétaux ?

T.E. : Ils ont cette capacité à accélérer les transformations de la société, parce que l’on met de l’affectif et de l’émotion sur des sujets de fond. Par exemple, nous faisons promouvoir par les athlètes le challenge de 30 minutes de sport par jour dans les écoles pour lutter contre la sédentarité et l’obésité. Le message est très porteur. Quant aux Jeux paralympiques, ce sera la première fois que le pays les organisera. C’est l’occasion d’innover encore, avec la création d’une journée paralympique le 8 octobre et un logo unique pour l’ensemble des JO.

Derrière Paris 2024, il y a également un enjeu de construction écodurable…

T.E. : Oui, je pense que l’héritage de Paris 2024 ne sera pas tant un héritage matériel parce c’est un nouveau modèle : 95 % des infrastructures sont existantes ou temporaires, ce qui est exemplaire d’un point de vue environnemental, budgétaire ou sociétal. En commençant par établir un guide responsable des achats. Même si on est soumis à la commande publique, on évalue l’ensemble des prestations qui nous sont proposées au filtre de l’économie circulaire, du développement durable [en carbone] et de la création de valeur sur un territoire (avec le recours à des ESS) pour ne pas avoir le critère du prix comme seul élément discriminant.

 


10 000 athlètes défileront sur la Seine lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de 2024 à Paris. Pour l’anecdote, l’ancien président Jacques Chirac, alors maire de Paris, annonçait que l’on s’y baignerait bientôt.

 

En commençant par le village des athlètes ?

T.E. : Le village des athlètes a été pensé comme la ville de demain. La Solidéo [Société de livraison des ouvrages olympiques], qui est l’établissement public maître d’œuvre, a ainsi créé un lieu mêlant innovations et constructions exemplaires – à base de bois et de béton bas carbone – mais aussi des espaces paysagers et autres ressources vertes pour faire baisser la température. Ce n’est pas le territoire qui va s’adapter aux Jeux mais l’inverse. Des écoles et des petits commerces ont déjà été intégrés à la vie future du village.

Le choix de la Seine-Saint-Denis est également un symbole fort ?

T.E. : Oui, il y a un partenariat très fort entre Paris et la Seine-Saint-Denis. Un département jeune, extrêmement riche d’un point de vue de la diversité culturelle, avec beaucoup de dynamisme associatif. Un village des athlètes réunit toutes les délégations de tous les pays qui logent au même endroit. C’est donc un symbole et un investissement très utile avec des équipements pérennes.

La cérémonie d’ouverture va-t-elle traverser les eaux ?

T.E. : Oui, 10 000 athlètes défileront sur la Seine lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux de 2024 à Paris. Pour l’anecdote, l’ancien président Jacques Chirac, alors maire de Paris, annonçait que l’on s’y baignerait bientôt. C’est une sorte de vœu pieux depuis plusieurs décennies qui devient réalisable avec la dynamique des Jeux et l’action commune des décideurs du Grand Paris, de la préfecture, et de la région. Cela risque cependant de ne pas être terminé en 2024, même si nous aurons une qualité d’eau bien meilleure avec les actions de dépollution que nous lançons.

Le coût provisoire des JO est estimé à 8 milliards d’euros. Comment se répartit-il ?

T.E. : Il y a deux entités : l’entité publique, la Solidéo, dont on a parlé, et l’entité privée qui est le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques Paris 2024 [Cojo] que je préside. C’est une association qui est financée par de l’argent privé avec un budget de près de 4 milliards et dont les trois grandes sources de revenus proviennent de la billetterie, des grandes entreprises et des droits télévisés qui sont reversés par le CIO [Comité international olympique]. En plus des 98 % d’argent privé, il y a une petite contribution publique dédiée exclusivement aux Jeux paralympiques. Par ailleurs, l’établissement public Solideo gère exclusivement la conduite d’infrastructures. Il est partiellement financé par de l’argent public : 1,5 milliard sur un budget de 4 milliards.

Comment faites-vous face à l’inflation ?

T.E. : Le budget du comité d’organisation est sous ma responsabilité. Il était estimé en phase de candidature en 2016 à 3,8 milliards. Après sept ans, l’ensemble de ces coûts a été affiné pour avoisiner les 4 milliards. C’est une petite évolution mais que l’on a absorbé en générant des revenus complémentaires avec des partenaires dans le domaine de « l’hospitalité ». Proposer des offres packages incluant billets, transports, hébergements pour des spectateurs ou des entreprises. Il est de ma responsabilité que les revenus que l’on génère couvrent les dépenses des 878 compétitions. Il est certain que l’inflation impactera le budget des JO. Notre enjeu est de chercher des revenus complémentaires pour être toujours dans la maîtrise budgétaire. Le budget initial, présenté en 2016, ne tenait compte que des revenus de la billetterie sèche, il n’existait pas d’autres modèles. On va également avoir de la billetterie populaire.

 


Le sport français se porte bien avec de bons résultats dans un certain nombre de disciplines comme le judo, l’escrime et la natation. Je ne suis pas inquiet pour l’athlétisme dans la mesure où c’est une discipline dans laquelle la France a déjà brillé.

 

À quoi correspond la billetterie populaire ?

T.E. : De tout temps, nous avons souhaité des jeux populaires ouverts à tous. Nous avons, en collaboration avec les acteurs publics, réservé des centaines de milliers de places pour un public moins favorisé : 1 million de billets à 24 € dans tous les sports sur la partie olympique et également 500 000 billets à 15 € sur la partie paralympique. D’ailleurs, pour éviter les risques liés à la corruption et au marché noir, on a développé un nouveau système de billetterie 100 % digitale et sécurisée sur la plateforme Paris 2024.

Le défi sécuritaire est au cœur des polémiques… Que répondez-vous ?

T.E. : On ne prendra aucun risque sur le sujet car de cela dépendra la qualité de l’expérience pour les spectateurs comme pour les athlètes qui ne doivent pas être mis en difficulté. C’est un dispositif sans précédent avec des réunions hebdomadaires qui mobilisent les différents protagonistes concernés comme la Préfecture de police, le ministère de l’Intérieur, l’armée, la police municipale et puis la sécurité privée. Et aujourd’hui, nous continuons à affiner notre organisation en analysant les causes des incidents comme celui du stade de France en mai dernier.

Cela ne gâchera-t-il pas cet esprit de fête et de rassemblement ?

T.E. : C’est complémentaire, car l’idée est de rester très ambitieux sur la fête avec une sécurité qui ne se voit pas mais qui reste efficace. Comptez sur nous pour que la fête soit très belle.

Comment se porte le sport français ?

T.E. : Le sport français se porte bien avec de bons résultats dans un certain nombre de disciplines comme le judo, l’escrime et la natation. Je ne suis pas inquiet pour l’athlétisme dans la mesure où c’est une discipline dans laquelle la France a déjà brillé. Nos athlètes s’entraînent énormément et sont extrêmement mobilisés sur l’objectif Paris 2024. J’ai confi ance en eux et je suis optimiste pour les chances de médailles françaises. J’espère que les Français seront leurs premiers supporteurs.

Que peut-on vous souhaiter aujourd’hui ?

T.E. : Que je maintienne cette dynamique avec une bonne maîtrise du temps et du budget, et que l’on continue d’avancer avec cette même ambition de réussir des jeux historiques.

 

Les partenaires déclarent leur flamme à Paris 2024

À Paris en 2024, Omega endossera pour la 31e fois le rôle de chronométreur officiel pour enregistrer chaque instant de gloire, chaque rêve olympique. Premiers soutiens économiques des JO, 33 entreprises s’associent aux valeurs d’excellence, d’amitié et de respect, gravées dans la charte de l’olympisme, avec quatre niveaux de sponsoring : les partenaires mondiaux (Omega, Airbnb…), les partenaires premium (Carrefour, Orange…), les partenaires officiels (Cisco, Samsung, Decathlon, FDJ…) et les supporteurs officiels avec un apport en nature (Salesforce, plateforme digitale de relation client, Egis, équipementier sportif…).

 

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