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PAPSS : une étape cruciale dans le développement économique du continent africain

PAPSS Afrique business paiement
Serge Eric Menye, fondateur de Grassfields Ventures

Lancé lors du sommet de l’Union africaine de Niamey en 2019, le système panafricain de paiement et de règlement (Pan-African Payment and Settlement System, PAPSS) est désormais opérationnel depuis le 13 janvier 2022, après une expérimentation réussie dans six pays de l’Afrique de l’Ouest, jugés représentatifs du continent. Une étape cruciale dans le développement économique du continent selon Serge Eric Menye, fondateur de Grassfields Ventures, conseil en investissements.

 

À quels besoins cette solution de paiement répond-elle ?

Serge Eric Menye : La technologie a démontré sa capacité à effectuer des opérations rapides et à supporter des volumes importants de transactions. Il s’agit d’une étape importante dans l’intégration financière en Afrique, une révolution depuis les indépendances. Le point avec Dans un continent où envoyer de l’argent coûte cher, et qui a un commerce intra-régional peu développé, cette modernisation des infrastructures de paiement peut contribuer de plusieurs manières pour répondre aux défis auxquels est confrontée l’Afrique. Sur l’ensemble du continent africain, les commerçants doivent surmonter des coûts de transferts élevés pour leurs échanges transfrontaliers. Ces dépenses supplémentaires représentent environ 5 milliards de dollars chaque année. C’est énorme pour le niveau de ce marché, et le processus est loin d’être sans peine. En plus des taux, le service prend du temps, il faut parfois attendre plusieurs semaines avant qu’il soit complété et que le destinataire reçoive l’argent. La transaction financière se fait à travers l’euro ou le dollar américain, en passant par une banque hors du continent africain. La nouvelle plateforme panafricaine de paiement vient éliminer ces entraves liées à la dépendance de devises fortes, en simplifiant les transferts financiers. Toutes les étapes sont reliées pour un traitement rapide, et le PAPSS permet d’effectuer des paiements transfrontaliers instantanés en monnaies locales.

 

Qu’est-ce que cela va changer ?

Serge Eric Menye : Ce changement pourrait doper les échanges intra-africains. Avec 54 pays, soit plus de 1,2 milliard d’habitants et un PIB combiné d’environ 2800 milliards de dollars, le continent africain est le plus vaste marché mondial commun, derrière le Partenariat régional économique global en Asie-Pacifique. Les biens et services échangés à l’intérieur de l’Afrique représentent 15 % du total des échanges du continent ; ce taux est de 70 % en Europe. Une intensification du commerce intra-régional apparaît donc nécessaire pour combler cet écart. Par exemple, l’Afrique reste très dépendante des importations de denrées alimentaires et la part des produits agricoles qui s’échangent entre pays africains demeure très faible. Les politiques en faveur du développement du secteur agricole peuvent permettre aux multiples acteurs des différentes chaînes de valeur agricoles de profiter des avantages du marché intégré.

 

Que peut-on espérer de la mise en place de ce nouveau système ?

Serge Eric Menye : Il y a un potentiel du secteur agricole pour augmenter le niveau des échanges et contribuer de façon significative à une croissance durable et inclusive, qui permettra d’assurer la sécurité alimentaire, et réglera les problèmes dramatiques liés à la malnutrition que rencontre l’Afrique. L’autre levier de croissance qui s’impose pour optimiser cet outil innovant de transactions financières, quand on observe la situation européenne, ce sont les droits de douane. L’abolition des barrières douanières au sein du continent, pour une libre circulation des biens et services, correspond à l’objectif d’amplifier les mouvements commerciaux à l’intérieur du continent africain. Les pays africains ont déjà pris des engagements dans ce sens pour des milliers de types produits, il faut maintenant qu’ils soient concrétisés. On estime que la libéralisation des droits de douane représente des gains allant jusqu’à 16 milliards de dollars et devrait situer à 33 %, la part intra-africaine du commerce total des échanges de marchandises. L’amélioration de l’environnement commercial est aussi une aubaine pour les entreprises qui ne sont pas lésées. Elles vont gagner en compétitivité, avec une valeur ajoutée des produits, débarrassées des contraintes de lenteur et des budgets alloués aux virements bancaires qui relèvent souvent du gaspillage. L’accès au marché unique, doté d’un système simplifié de paiement, offre l’occasion d’accroître les revenus des commerçants et la possibilité de créer des emplois. Et à l’heure des interconnexions accélérées, la digitalisation des infrastructures d’échanges est un outil pour décupler l’échelle des opportunités.

 

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