Alors que le lancement d’Orange Bank a été reporté à la fin de l’été, c’est au tour du propriétaire de SFR, Altice, de poser les jalons de sa nouvelle offre bancaire baptisée « AlticeBank » qui devrait officiellement voir le jour « entre la fin 2018 et le printemps 2019 ».
Farouches concurrents dans les télécoms, SFR et Orange vont bientôt également ferrailler sur le terrain bancaire. Comme le révèle Le Parisien, Altice a déposé une demande d’agrément auprès de la Banque Centrale Européenne (BCE) pour lancer sa propre offre bancaire. « Ce qui semble se dessiner est bel et bien une banque à la dimension européenne, qui s’appuierait sur le réseau de 1 200 boutiques en Europe, dont 600 en France, avec l’espoir de recruter une grande partie de ses 40 millions de clients européens », souligne encore le quotidien. Une manière pour SFR de ne pas lâcher son meilleur ennemi et suivre la « tendance » impulsée par Orange.
Le groupe de Stéphane Richard qui devait initialement lancer sa propre banque, sobrement baptisée « Orange Bank », le 6 juillet dernier a finalement repoussé ce « baptême du feu » à la fin de l’été. Au regard du processus – si Altice reçoit l’imprimatur de la BCE qui rendra son verdict… également à la fin de l’été -, la nouvelle offre de SFR qui devrait, comble de l’originalité, répondre à la nomination « Altice Bank », ne devrait être disponible qu’entre la fin de l’année 2018 et le printemps 2019. Si Altice s’est, pour le moment, refusé à tout commentaire, les deux opérateurs historiques, Orange en tête, ont fait de cette nouvelle activité l’une des clés de voûte de leur diversification.
Les « banques traditionnelles » suivent la tendance
Ainsi, le numéro 1 du secteur a pour ambition de séduire deux millions d’abonnés en l’espace de dix ans. Il mise pour cela sur son gisement de 30 millions de clients mobiles, son réseau déjà fourni de boutiques et un cadre réglementaire permettant désormais de changer plus facilement d’établissement bancaire. Les établissements bancaires « traditionnels » se sont d’ores et déjà prémunis contre l’arrivée de ces nouveaux acteurs, à l’instar de BNP Paribas par exemple. Outre l’arrivée d’Orange Bank et donc bientôt de SFR, une disposition de la Loi Macron, permettant de faciliter les démarches des particuliers désireux de changer de banque, pourrait également provoquer « un exode massif » vers les banques en ligne. C’est d’ailleurs en ce sens que la banque a fait l’acquisition en avril dernier de la « pépite de la Fintech hexagonale », Compte-Nickel.
Cette dernière est un service de comptes bancaires en temps réel, ouvert à tous, sans conditions de revenus, de dépôts ou de patrimoine. En revanche, ce service ne permet ni découvert, ni crédit. Hormis ces deux derniers aspects, le compte bancaire dispose des mêmes prérogatives qu’un compte classique. Celui-ci s’ouvre chez un buraliste agréé par la Banque de France et donne droit à son détenteur à un espace Internet pour suivre ses opérations, une MasterCard internationale, ainsi qu’à un Relevé d’identité bancaire (RIB) pour domicilier ses revenus, recevoir et émettre des virements sur son compte et enregistrer des prélèvements. Cette acquisition s’apparente à une véritable prise de choix pour BNP Paribas qui permet ainsi à la banque de poursuivre sa mutation vers le digital, s’offrant du même coup un ensemble complet de solutions adaptées aux besoins des différentes clientèles. Même si avec Hello Bank! déjà dans son giron, BNP Paribas est loin d’être un novice en la matière.
SFR en plein chambardement
Difficile dans ce contexte, notamment au regard des « manœuvres » de son rival Orange, pour Altice de rester les bras croisés et ne pas « entrer dans la danse ». Distancé par Orange sur son segment historique – en dépit du plus grand nombre d’antennes 4G sur le territoire -, SFR va bientôt faire peau neuve pour devenir Altice France. Objectif : disposer d’une nouvelle lisibilité pour la marque et de bénéficier de manière « plus directe » de la force de frappe de la marque Altice. Car l’opérateur au carré rouge éprouve toutes les peines du monde à restaurer la confiance, résoudre les problèmes de réseau et proposer une montée en gamme de la qualité de service. Redonner confiance aux consommateurs trop souvent déçus fait office de « mère de toutes les batailles » pour l’état-major d’Altice.
Car les résultats de SFR sur les trois premiers mois de l’année sont loin de répondre aux attentes. avec notamment la perte de 351 000 clients mobiles grand public sur les trois premiers mois de l’année, par rapport à l’an passé à pareille époque. Si le second opérateur français a affiché une légère progression de ses ventes (+0,6% à 2,7 milliards d’euros) et ce pour le deuxième trimestre consécutif, sa marge d’exploitation a, en revanche, reculé de 1,8 point à 30,3%, pénalisée par des investissements lourds dans les contenus et le réseau pour reconquérir les abonnés. De nombreux chantiers en perspective pour SFR qui devra faire attention, dans ce contexte, à ne pas confondre diversification et dispersion.
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