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Orange / Canal + : Un « Mariage De Raison » pour contrer SFR ?

© Getty Images

Le PDG d’Orange a fait savoir, ce jeudi soir, qu’il étudierait les modalités d’un rachat du groupe de télévision si sa maison-mère, Vivendi, décidait de s’en séparer.

Muré dans le silence depuis les coups de force successifs de SFR qui a scellé un accord, au nez et à la barbe de Canal +, pour distribuer les chaînes de Discovery et NBC Universal après s’être emparé des droits de la Premier League anglaise, Orange tente d’organiser la riposte. Ainsi, le PDG de l’ex-France Telecom a fait savoir qu’il envisageait de s’offrir le groupe Canal +…si celui-ci était mis en vente par Vivendi, maison-mère de la chaîne cryptée.

« Si demain matin, Canal+ était à vendre, c’est certain qu’Orange s’y intéresserait. Evidemment », a déclaré Stéphane Richard à des journalistes en marge d’un placement au Maroc. Et d’ajouter, sibyllin : « Il y a beaucoup de raisons qui poussent à un rapprochement, une alliance, une coopération beaucoup plus poussée, opérationnelle, entre Orange et Canal+ ».

Vivendi en tête du CAC 40

En Bourse, la possibilité d’une cession de Canal +, dont plusieurs analystes peinent à comprendre la stratégie impulsée par Vincent Bolloré, par Vivendi a propulsé le titre au sommet du CAC 40 où il s’appréciait de 3,45% en milieu de matinée. A l’inverse, Orange reculait de 0,62% dans un marché en légère progression de 0,12%. De pures spéculations en l’état, Vivendi n’ayant jamais fait part publiquement de sa volonté de se séparer de Canal +, en dépit de ses pertes abyssales et d’une image largement écornée, notamment par l’épisode iTélé où après 31 jours de grève, une centaine de journalistes ont quitté le navire. Ces derniers protestaient notamment contre l’arrivée de Jean-Marc Morandini, mis en examen pour corruption de mineur aggravé, et le manque de visibilité de la ligne éditoriale.

Toutefois, cette hypothèse est-elle crédible et ce mariage peut-il raisonnablement voir le jour ? Comme le relève le broker CM-CIC, Une alliance capitalistique pourrait se heurter à deux écueils majeurs. Celle-ci sera-t-elle approuvée par l’Autorité de la Concurrence, opposée à la distribution exclusive de contenus premium par un opérateur télécoms ? Deuxièmement, si ce rapprochement se matérialisait, c’est tout le business model de Canal + qui serait à revoir, ce dernier reposant, « sur une distribution la plus large possible (Free est notamment un grand distributeur en ADSL)

Pour autant les passerelles entre Orange et Canal + sont légion. Pour rappel, l’opérateur, qui est le premier distributeur des offres Canal+, a lancé récemment une offre commune avec la chaîne cryptée pour que ses nouveaux abonnés fibres bénéficient, sans surcoût d’un bouquet de chaînes payantes. En Afrique, comme le rappelle Reuters, Orange et Vivendi sont également partenaires, notamment en Côte d’Ivoire où ils ont été préselectionnés dans le cadre d’un appel d’offres pour le lancement d’une offre de télévision numérique terrestre.

Réflexion sur les contenus

Diverses synergies, comme autant de jalons posés en vue d’un rapprochement dans l’Hexagone ? Stéphane Richard abonde dans ce sens. « C’est une réalité industrielle et une volonté partagée par les deux entreprises ». En revanche, le dirigeant a tenu à démentir l’entrée au capital d’Orange du milliardaire breton auquel certains prêtent la volonté de s’y immiscer. « M. Bolloré ne m’a jamais fait part de son désir de devenir actionnaire d’Orange », a fermement rétorqué Stéphane Richard.

En revanche, preuve de la volonté d’Orange de mener une réflexion approfondie sur ses contenus, la cooptation, mercredi dernier, d’Alexandre Bompard, PDG de l’entité Fnac-Darty, au conseil d’administration du groupe dont l’Etat est actionnaire à hauteur de 23%. Ancien PDG d’Europe 1, l’ancien conseiller technique de François Fillon fut, surtout, le directeur de cabinet de Bertrand Méheut, ex-président de Canal + brutalement débarqué par Bolloré, mais également, et cela a son importance, directeur des sports de la chaîne cryptée. Une expertise appréciée si Orange envisage (réellement) de contrecarrer les velléités expansionnistes de son grand rival SFR.

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