Le locataire de Matignon a promis de dévoiler son gouvernement avant Noël. Plusieurs ministres issus des Républicains pourraient être reconduits même si l’alliance suscite quelques remous à droite. La gauche a déjà balayé la possibilité d’une participation et laisse planer le spectre de la censure.
Alors qu’une partie des Français se ruent dans les magasins afin de boucler les derniers préparatifs du réveillon, le nouveau Premier ministre a d’autres priorités. François Bayrou s’attèle à composer un gouvernement d’ici au milieu de la semaine. Idéalement, il aurait préféré le présenter dès « le week-end », comme signalé au 20h de France 2, jeudi dernier. Raté. Son « offre publique de participation », faite aux forces politiques hors LFI et RN, n’a pas convaincu la gauche tandis que la droite apparaît divisée sur le sujet.
L’annonce de son gouvernement ne devrait également pas avoir lieu ce lundi. En ce jour de deuil national, décrété par le président de la République après les ravages du cyclone Chido à Mayotte, difficile d’imaginer François Bayrou dévoiler le noms des ministres qui composeront son équipe. S’il veut respecter la deadline qu’il a lui même imposée, le locataire de Matignon ne dispose donc plus que de quelques heures.
Sans doute pensait-il convaincre plus facilement les formations politiques de participer à son gouvernement. Jeudi dernier, il en avait convoqué treize, allant des Républicains aux communistes, pour une réunion à Matignon. Au sortir de celle-ci, François Bayrou avait laissé 24 heures aux différents groupes pour signaler leur volonté de le rejoindre. Vendredi soir, l’incertitude planait toujours autant dans les allées de Matignon.
La droite entretient le flou
Membre du socle commun, les Républicains, s’ils ont déjà écarté la possibilité d’une censure, continuent d’entretenir le suspens sur une participation ou non au gouvernement. Un moyen de faire pression sur le Premier ministre et de poser certains sujets : lutte contre l’« assistanat », réduction des dépenses publiques et lutte contre l’« immigration incontrôlée ». D’après certaines estimations évoquées au sein du groupe des députés LR à l’Assemblée et rapportées par Le Monde, environ un tiers se montrerait favorable à la participation, un autre tiers s’y opposerait, tandis que le dernier tiers attendrait la position de leur chef de file, Laurent Wauquiez.
Reste que les douze ministres LR souhaitent prolonger l’expérience du gouvernement Barnier. A commencer par Bruno Retailleau, l’actuel ministre démissionnaire de l’Intérieur. Après plusieurs rendez-vous avec le Premier ministre la semaine dernière, le locataire de Beauvau estime avoir obtenu les garanties nécessaires pour mener à bien sa politique sécuritaire et migratoire. De son côté, le maire de Pau apparaît favorable à un prolongement du conservateur.
La gauche prête à censurer
A l’inverse, les trois formations de gauche conviées aux consultations ( Parti socialiste, Les Écologistes et le Parti communiste) ont envoyé une fin de non-recevoir à François Bayrou. Le patron du Modem, qui souhaite la présence de « personnalités issues de la social-démocratie » dans son gouvernement, a essayé d’élargir le spectre de ses recherches en dehors du Nouveau Front Populaire. Sans plus de réussite pour le moment. Le président de la Cour des comptes et ex-ministre des Finances socialistes, Pierre Moscovici, a poliment décliné l’offre d’un retour à Bercy. L’ancienne ministre de la Santé, Marisol Touraine, toujours encartée au PS, a également été approchée pour faire partie du gouvernement. Elle explique au Monde ne pas imaginer rejoindre la nouvelle équipe sans connaître le « cadre » d’une éventuelle participation.
Faute d’avoir réussi à rallier la gauche, François Bayrou doit se prémunir d’une éventuelle censure. Mais les signaux envoyés pourraient ne pas être suffisants. Le Parti socialiste a fixé deux lignes : la question des retraites et l’utilisation du 49.3. La proposition faite par le premier ministre, de « reprendre sans suspendre » la réforme des retraites, n’a pas complètement convaincu les Roses. Ces derniers demandent un « gel » avant la reprise des négociations. Du côté des écologistes, « la censure est toujours sur la table », a averti la présidente du groupe à l’Assemblée nationale, Cyrielle Chatelain, au sortir de la réunion de jeudi. Plus affirmative, la députée de Paris, Sandrine Rousseau, a estimé que « la censure sera votée ». « Je n’ai pas vu de virage ni de main tendue», jugeait-t-elle sur France 2, le lendemain. A bon entendeur.
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