Par JD Sénard, Michelin et Denis Jacquet, Day One Movement.
Il pourrait paraître surprenant que le débat de la responsabilité sociétale des entreprises, fasse un détour par l’Afrique. Ce continent proche et lointain. Riche en promesses qui tardent à se réaliser. Riches de nouvelles amitiés, qui semblent nous éloigner. Et pourtant ! A l’heure du numérique, il existe une impérieuse nécessité. Celle de capitaliser sur nos différences, pour construire une vision commune. Un bénéfice mutuel. Equation de rêveur irréaliste, ou recette à succès pour une nouvelle humanité ?
On pourrait questionner nos propos en critiquant notre postulat de départ. Responsabilité sociétale des entreprises. N’est ce pas antinomique ? Voire schizophrène ? C’est vrai, une entreprise ne naît pas pour servir l’intérêt général. Mais rien ne doit l’empêcher d’y contribuer. Fortement. Encore plus intensément quand les urgences s’accumulent dangereusement. Environnement et climat. Automatisation anxiogène. Sahel. Montée des populismes, des extrémismes. Défiance croissante. Ecart de richesses. Nous ne serons pas de trop pour vaincre sur ces terrains. Les entreprises sont armées pour y contribuer efficacement.
Partout, la musique de l’implication des entreprises, monte en volume. Larry Fink (CEO de BlackRock) depuis les USA a marqué les esprits. En indiquant dans une récente déclaration, que les Etats étaient en faillite, et que les fonds, dont dépendent l’investissement, devront prendre le relai, en choisissant d’investir ou désinvestir, dans les entreprises qui auront ou non un « positive impact on the world*».
Le numérique rebat totalement les cartes. Il va bouleverser la société et l’Homme. A un point que nous sous-estimons, faute de lui donner un sens profond. A l’heure de la data, du « deep learning », la masse constitue le critère premier de succès. Plus vous avez de data à compiler, analyser, plus la courbe d’expérience qui en découle permet d’assurer à la fois rentabilité et domination. Ajoutez à cela, qu’il faut dominer les usages, qui génèrent mécaniquement cette data, et vous comprenez pourquoi l’Europe ne pourra se passer de l’Afrique. Et réciproquement.
Nous ne sommes pas, nous, Européens, les leaders du monde, tels que la technologie et les usages, le dessine. Nous ne dominons pas les usages. Nous n’avons plus le leadership sur les technologies. Nous n’avons pas la masse critique. Seuls la Chine et les USA la possèdent. Et même, si nous réagissions, en nous dotant de graines de champions d’origine européenne, nous n’aurions pas la masse critique pour leur assurer rentabilité et donc pérennité. L’Afrique est de ce point de vue, une évidence. Associés, nous pourrions peser 2Mds d’individus et remporter le match de la data. En lui donnant du sens.
Pour l’Afrique, l’équation est complexe. Comme pour l’Europe, de façon plus accrue encore, l’unité n’est pas au rendez-vous. Selon ses nécessités, et pour revoir le « rééquilibrage de ses dépendances », elle a cédé à certains pays. Y sacrifiant de nombreux atouts ou richesses. Au final elle y gagne peu. L’Afrique cherche une relation équilibrée que tout le monde lui a toujours refusée. Les technologies pourraient changer la donne.
L’Afrique a tout ce que n’avons plus et réciproquement. Elle est jeune, utilise toute technologie facile, sans le poids du passé, elle a un potentiel de forte croissance, des richesses naturelles, un caractère authentique. Elle a été le berceau de l’humanité et pourrait en constituer le destin. Il nous reste une capacité d’innovation, une population formée, des entreprises encore fortes et mondiales, mais attaquées de toute part, et qui cèdent souvent à la facilité d’accord avec les « dominants ». Associés à l’Afrique nous pourrions ensemble échapper à nos fatalités respectives.
Développer nos technologies pour bâtir des plateformes digitales. Alimenter leur performance de la data reçues de 2Mds d’individus. Rentabiliser des modèles qui ne le sont pas, et ainsi utiliser le profit réalisé pour assumer la responsabilité sociétale. Pour être humainement centré, il faut être économiquement pérenne. C’est l’utilité du profit. On peut l’utiliser pour préserver l’Homme et la planète. Les modèles digitaux dont la valorisation est aussi abyssale que leurs dettes, sont condamnés à faire de l’Homme un dommage collatéral. Leur utilisation des technologies et de l’automatisation, est d’ailleurs essentiellement vouée à supprimer la place de l’Homme dans leurs entreprises. Pour qu’elles deviennent rentables.
Associé à l’Afrique, nous pourrions enrichir l’Afrique et offrir le rebond à l’Europe qui en a bien besoin. C’est pourquoi, nous voulons explorer comment être les pionniers d’une relation enfin équilibrée à l’Afrique. Et attaquer ensemble les maux de la société et à des défis pragmatiques. Les écarts de richesse, la répartition de la valeur, l’accès à l’énergie, à l’eau, à la formation, l’emploi, d’une part. Le Sahel comme défi à relever. Nous voulons être à l’avant d’un bateau, qui cessera de piquer du nez, pour repartir à la conquête des mers, avec la mère de l’humanité et des premiers êtres humains. L’Afrique. Nous manifesterons cette volonté à Day One, le 29 et 30 novembre prochain à Monaco*.
*Impact positif sur le monde
*www.dayone-event.com
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