Nicolas Gerlier : « Luxe et durabilité, La Bouche Rouge c’est le maquillage du 21ème siècle »

De ses années chez Sotheby’s à L’Oréal Paris, Nicolas Gerlier a toujours cultivé le goût du beau et de la minutie. Ajoutons lui aussi cette autre vertu, l’écoresponsabilité. Un mot dont il a fait le point de départ de son entreprise La Bouche Rouge. Une Maison de maquillage ultra désirable qui porte un rêve sans abîmer demain. Sa griffe réconcilie luxe et durabilité parvenant à relever, un à un, les nombreux défis d’une industrie classée parmi les plus polluantes. Entretien avec un rêveur pragmatique. 

Vous avez créé l’une des marques de beauté les plus désirables et luxueuses selon une démarche 100% éco-responsable. Quels ont été vos plus grands défis ? 

Nicolas Gerlier : Sans nul doute, le défi de réorganiser l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement pour bannir entièrement le plastique de nos formules, de nos emballages et magasins. La Bouche Rouge est née d’un constat d’échec de l’industrie de la beauté, troisième industrie la plus polluante au monde. Il fallait impérativement trouver un moyen de réduire les déchets et notamment les déchets plastiques. La pollution de nos milieux marins atteint des niveaux inquiétants (83%), et nos ressources en eau doivent être protégées. Le premier challenge a été de créer notre propre laboratoire. Dans la foulée, il a fallu développer une formule de rouge à lèvres naturelle et longue tenue à la fois. Après deux ans de recherches, et près de 600 formulations, nous avons pu breveter un rouge à lèvres avec une formule qui a relevé le défi : combiner longue tenue et intensité de la couleur, tout en privilégiant des ingrédients d’origine naturelle.

Zéro dérivés pétrochimiques ! C’est une véritable révolution dans le monde de la beauté, dont La bouche Rouge est pionnière. Nous avons ensuite créé un objet en cuir et en métal pour accueillir ces rouges à lèvres : un écrin rechargeable et recyclable.

Vous venez de le souligner, l’industrie cosmétique se classe parmi les plus polluantes au niveau mondial. A entendre les discours autour de la Clean beauty, Blue beauty, maquillage vegan, etc, on a l’impression que « ça, c’était avant ». En tant qu’insider, quel est votre regard ? 

Les choses bougent, mais le chemin est encore long ! La Bouche Rouge est précurseur, en France et dans le monde, mais la grande majorité des produits de beauté aujourd’hui sur le marché ne peuvent se passer d’ingrédients dérivés du pétrole. Heureusement, les prises de conscience similaires à la mienne il y a 6 ans deviennent de plus en plus nombreuses : lancer une nouvelle marque ou même un nouveau produit sans commencer par penser son impact est une hérésie. Et il ne faut pas oublier le grand pouvoir que détienne les consommateurs, consomm’acteurs. Il s’agit de consommer moins, mais mieux. C’est là où l’idée du luxe écoresponsable prend tout son sens. Réussir à réconcilier très grande qualité avec durabilité et accessibilité, c’est la mission de la maison La Bouche Rouge. 

Voici quelques chiffres éloquents sur l’impact écologique de ce secteur :

78% des émissions de carbone dans le monde proviennent de 100 entreprises ! Un milliard de rouges à lèvres sont jetés chaque année. Il faut savoir que depuis les années 50, seuls 10% de tous les plastiques ont été recyclés ; nous étions par ailleurs trois milliards dans les années 60 et sommes aujourd’hui 8 milliards de personnes sur la planète. Aussi, les datas montrent que l’impact du plastique recyclé est encore plus dangereux pour la santé que le plastique non recyclé (source : Consogloble).

Autrement dit, la conclusion est implacable : notre génération doit changer la donne et proposer un nouveau paradigme.

Votre griffe, c’est aussi un mix d’artisanat et d’innovations. Vous avez par ailleurs déposé l’expression « Maison de maquillage ». Votre signature bouscule les codes.  

La Bouche Rouge propose une expérience de la durabilité, « sustainability » comme on dit en anglais, par le plus, pas par le moins. L’objectif est de susciter le plaisir de consommer différemment dans notre quotidien. Nos produits sont en fait de véritables objets de beauté, conçus pour durer. Les rouges à lèvres sont fabriqués en France à partir du cuir upcyclé des prestigieuses Tanneries du Puy, d’après un savoir-faire artisanal de tradition. Les formules de toutes nos créations sont clean et véganes, composées d’ingrédients d’origine naturelle hautement concentrés et surtout, efficaces. Nos rouges à lèvres sont avant tout des soins pour les lèvres, nourrissants, hydratants et anti-âge, avec de 60 à 90% d’ingrédients de soin actifs.

Ce printemps, vous avez levé 10 millions d’euros auprès d’investisseurs prestigieux (Fonds Mirabaud, groupe Chalhoub), auparavant, vous aviez eu le soutien de la BPI. Quelle est votre stratégie à moyen terme ?

Nous avons commencé par les rouges à lèvres, puis nous avons développé toute une ligne de maquillage. Et nous comptons bien poursuivre avec d’autres produits aux formules tout aussi révolutionnaires, qui prennent soin de vous et de la planète. Nous voulons continuer à porter une voix engagée, qui porte un rêve sans abîmer demain. Défendre la beauté du 21^ème siècle et s’améliorer, toujours et encore.

Justement, à quoi ressemblera le maquillage de demain ? 

Nous sommes en train d’inventer le maquillage du 21^ème siècle. Ce sera forcément un maquillage qui soigne et qui sublime la beauté au naturel, plus qu’il ne camoufle. Nous travaillons sans relâche à développer de nouvelles formules encore plus clean et encore plus performantes, sans abîmer la planète.

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