ROHINGYAS | Mercredi 22 septembre, un juge américain a ordonné à Facebook de divulguer les données de comptes liés aux violences contre la communauté rohingya du Myanmar. Cette décision permettra certainement de mettre en lumière l’utilisation de la plateforme sociale par des groupes et des individus soutenus par le gouvernement et accusés d’encourager les violences et les meurtres de masse des Rohingyas dans ce pays d’Asie du Sud.
Un juge fédéral de Washington a critiqué la décision de Facebook de ne pas divulguer les données d’un compte (supprimé par la plateforme en 2018) lié aux violences contre les Rohingyas au Myanmar. Or, ces données sont essentielles pour les pays poursuivant le Myanmar devant les tribunaux internationaux.
Le juge a rejeté l’argument de Facebook selon lequel fournir des données sur un compte fermé violerait une loi américaine sur la protection de la vie privée. D’après le juge, le contenu en question n’était pas couvert par la loi.
Dans sa décision, le juge fédéral américain Zia Faruqui a déclaré qu’autoriser Facebook à ne pas divulguer ces données « aggraverait la tragédie qui frappe les Rohingyas. » Le réseau social peut faire appel auprès d’un juge de district américain pour annuler la décision, mais l’on ignore encore si ce sera le cas.
Un porte-parole de Facebook a déclaré à Forbes que le groupe examinait la décision. Par ailleurs, le porte-parole a précisé que Facebook avait collaboré avec le mécanisme d’enquête indépendant des Nations unies pour le Myanmar en divulguant volontairement des informations légales.
Rejetant l’argument de Facebook selon lequel le groupe ne pouvait pas divulguer les données en raison de lois sur la protection de la vie privée, le juge Faruqui a déclaré : « Le fait que Facebook prenne la défense du droit à la vie privée est riche en ironie. Les sites d’information regorgent d’articles sur l’histoire sordide de Facebook en matière de scandales liés à la vie privée ».
Dans une série de tweets, Shannon Raj Singh, conseillère en droits de l’homme chez Twitter, a qualifié la décision de « capitale » et a ajouté qu’il s’agissait de « l’un des principaux exemples de la pertinence des réseaux sociaux dans la prévention et la réponse aux atrocités modernes. »
Au total, 730 000 Rohingyas ont dû fuir leurs domiciles dans l’État de Rakhine au Myanmar, après que l’armée et les nationalistes du pays ont perpétré des violences contre la minorité musulmane (notamment des meurtres et des viols de masse présumés). En 2018, le bureau du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a déclaré que les généraux militaires du pays devaient être jugés pour génocide.
La Gambie cherche à obtenir les données des comptes liés aux violences commises contre les Rohingyas dans le cadre d’une action en justice contre le Myanmar devant la Cour internationale de justice de La Haye. Les autorités gambiennes accusent le Myanmar de violer la Convention de l’ONU sur le génocide de 1948. En 2018, les enquêteurs de l’ONU ont estimé que Facebook avait joué un rôle « déterminant » dans le génocide des Rohingyas. La plateforme a été critiquée pour avoir permis la diffusion de contenus islamophobes visant la communauté rohingya. Dans son rapport sur le génocide, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a qualifié la plateforme « d’instrument utile pour ceux qui cherchent à propager la haine. »
Article traduit de Forbes US – Auteur : Siladitya Ray
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