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Mort De Pierre Bergé, Ancien PDG D’Yves Saint Laurent

Pierre Bergé était engagé dans la lutte contre le Sida, comme ici lors de ce gala Sidaction en 2015 / Getty Images
Pierre Berge attends the Sidaction Gala Dinner 2015 at Pavillon d'Armenonville on January 29, 2015 in Paris, France. (Photo by Stephane Cardinale/Corbis via Getty Images)

Homme d’affaires et de médias, mécène et compagnon de route d’Yves Saint Laurent durant cinquante ans, Pierre Bergé est décédé vendredi 8 septembre à Saint-Rémy-de-Provence (Bouches-du-Rhône), à l’âge de 86 ans. Patron de presse et homme de culture, il est également connu pour son engagement dans la lutte contre le Sida.

[Mise à jour du 8 septembre à 18h45] Xavier Niel et Matthieu Pigasse reprennent à parité les parts de Pierre Bergé dans le groupe Le Monde.

Le nom de Pierre Bergé est indissociable de celui d’Yves Saint Laurent, dont il a été le compagnon et le mentor. Mais aussi du trio « BNP », pour Bergé-Niel-Pigasse, actionnaires du Monde depuis 2010 et de L’Obs depuis 2014. Enfin, c’est l’une des figures de la lutte contre le Sida, avec la création d’Ensemble contre le Sida en 1994, devenu depuis Sidaction, et sa proximité avec Act Up. Pierre Bergé est mort vendredi à Saint-Rémy-de-Provence, « des suites d’une longue maladie », à l’âge de 86 ans.

Né le 14 novembre 1930 sur l’Île d’Oléron (Charente Maritime), Pierre Vital Georges Bergé est le fils d’une institutrice et d’un fonctionnaire des impôts. La famille s’installe rapidement à La Rochelle, où il fréquente le lycée Fromentin. L’élève est turbulent. « À 17 ans, raconte Libération, il gifle un professeur et quitte le lycée sans passer le bac. » Le 18 octobre 1948, il « monte à Paris » avec l’envie de devenir journaliste ou écrivain. Passionné de littérature depuis son enfance, il devient courtier en livres, mais en édition originale. Déjà, le beau, le rare et le précieux l’appellent. À 19 ans, il lance une revue, Patrie Mondiale, dans laquelle il fait intervenir les plumes de l’époque  Albert Camus, André Breton, et Jean Cocteau.

Saint Laurent

En 1950, il rencontre Bernard Buffet dont il devient le compagnon. Il participe à l’envol de la cote du peintre, pendant huit ans, jusqu’à leur séparation. Une séparation concomitante à la rencontre d’Yves Saint Laurent. Le couturier est alors le plus jeune à la tête d’une grande maison, celle de Christian Dior, décédé quelques semaines plus tôt. En 1960, alors Saint Laurent fait une grave dépression – il est appelé à effectuer son service militaire en Algérie – le jeune couturier est évincé de la maison Dior. C’est le déclic, Saint Laurent et Bergé décident de créer leur maison de couture. Un travail en binôme, « à l’éclosion d’un style qui va dicter les codes vestimentaires d’une époque, dès 1966 avec le smoking androgyne », rappelle Libération qui poursuit : « Yves Saint Laurent n’aimait pas la mode, il aimait le style », répétait souvent Bergé »

Mais être le compagnon de Yves Saint Laurent, c’est l’accompagner, pas à pas. Le couturier est dépressif, Pierre Bergé le seconde et le précède. Il le dira au moment de sa mort en 2008, après cinquante ans de compagnonnage, « c’est gratifiant que l’autre ne puisse pas se passer de vous ». À deux, ils construisent un empire, avec ses scandales – comme celui de 1971 où Saint Laurent pose nu pour la publicité de son nouveau parfum pour homme –  et avec ses succès, comme avoir su prendre très tôt le virage du prêt-à-porter.

Engagement

Plus qu’un mentor, Pierre Bergé était aussi un homme de culture et d’engagement. Un homme d’affaires de gauche qui dirige de 1977 à 1981 le théâtre de l’Athénée, et de 1988 à 1993 l’Opéra de Paris. Il finance la restauration de la maison d’Emile Zola, l’achat de tableaux au Louvre, la rénovation de salles au Centre Pompidou, rappelle Le Monde.

En 1994, il crée l’association Ensemble contre le sida, aujourd’hui Sidaction. Propriétaire du magazine Têtu, il est également proche de l’association Act Up, dont il produit le film de Robin Campillo, 120 battements par minute.

Pour faire passer son amant à la postérité, il propose dès les années 1980 des rétrospectives Yves Saint Laurent, dont la première se tient à New York. Il s’apprêtait à inaugurer en octobre deux musées Saint Laurent à Paris et Marrakech, où une rue porte déjà son nom, tout près du jardin Majorelle, restauré par son mari, le paysagiste américain Madison Cox, épousé en mars dernier.  

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