Après des résultats semestriels décevants, pour ne pas dire davantage, mais néanmoins largement anticipés par le marché, comme en atteste la progression du titre ce mardi, Iliad, maison mère de l’opérateur Free, a également revu ses ambitions à la baisse pour 2020.
« On a fait un exécrable trimestre, on est tous d’accord là-dessus ». Les propos de Xavier Niel, patron de Free, ont le mérite de la franchise et de la lucidité. En difficulté depuis le début de l’année, l’opérateur a confirmé les craintes des analystes, rendant une copie indigeste en ce deuxième semestre. Signe de cette contre-performance, pour la première fois depuis 2012, le concurrent de SFR et Bouygues a dû faire à des départs de clients depuis son lancement fracassant dans le mobile en 2012 avec des offres à prix cassés, à l’origine d’une guerre des prix sans fin sur le marché français des télécoms. D’ailleurs, sur la période, Free est le seul opérateur à avoir perdu des clients par rapport à la concurrence. Un sérieux coup de semonce pour Xavier Niel et ses équipes. « On est déçus et c’est en dessous de nos ambitions en termes de recrutements opérationnels. Maintenant, notre solidité financière n’est pas du tout mise à mal », a tenté de minimiser, auprès de Reuters, le nouveau directeur financier d’Iliad, Nicolas Jaeger. Outre le mobile, Free a également vu ses abonnés fuir ses offres sur le fixe pour le deuxième trimestre d’affilée. Des contre-performances qui ont, de facto, pesé sur l’Ebitda consolidé qui recule de 1% sur l’ensemble du premier semestre à 866 millions d’euros pour un chiffre d’affaires stable à 2,4 milliards.
Et d’asséner le « coup de grâce ». « En raison de l’intensité concurrentielle et de la baisse de la rentabilité des activités fixes, le groupe a décidé de revoir son objectif d’un solde d’Ebitda-investissements France à environ un milliard d’euros à partir de 2020 ». Fin de citation. « L’Ebitda résiste à des performances commerciales dégradées », souligne tout de même Stéphane Beyazian, analyste à Raymond James et cité par Reuters, rappelant que le groupe a déjà effacé plus de deux milliards d’euros de capitalisation depuis début juillet. Mais Iliad a tenu à apporter un « éclairage » sur ces « performances commerciales dégradées », notamment sur la « fuite » des abonnés dans le mobile, expliquant cet exode par le départ de clients ayant souscrit aux offres d’entrée de gamme à 2 euros tandis que ses forfaits haut de gamme ont continué de « recruter » des abonnés sur la période. Free, désireux d’impulser un nouvel élan, a également procédé à une refonte de sa direction et de sa stratégie commerciale.
Free « dernier de la classe »
Pour autant, Xavier Niel demeure « seul maître à bord » comme il l’a confirmé ce matin. En effet, l’entrepreneur n’a pas l’intention d’abandonner sa société… tout en se disant « sans tabou ». Comprenne qui pourra. Au-delà du destin à brève échéance du patron d’Iliad, ce dernier se dit néanmoins résolument optimiste, mettant notamment en exergue le recrutement de 1,5 million d’abonnés en Italie début août après le lancement de Free dans le pays fin mai. Interrogé sur les marchés belge et allemand, l’entrepreneur a souligné que la priorité de son groupe allait à l’Italie et à la France… marché où il dit également ne pas croire en une consolidation prochaine impliquant Iliad, après moult discussions avortées, ce dernier ayant vocation à « rester indépendant ». Prochain « temps fort » du groupe : la présentation de nouvelles « box » internet sur lesquelles l’opérateur mise énormément pour tenter de faire oublier cette première partie d’exercice calamiteuse.
La maison mère de Free a également fourni des objectifs chiffrés en matière de « reconquête » de ses abonnés. Ainsi, l’opérateur vise une hausse de sa base d’abonnés très haut débit de 300 000 à 500 000 cette année puis d’environ 500 000 par an à compter de 2019. Concernant ses performances boursières, c’est également la soupe à la grimace qui prédomine chez Free en dépit de la hausse du jour, le titre a perdu près de 20% en un mois, notamment après la publication d’excellentes performances de la concurrence, Bouygues en tête. En effet, le groupe de Martin Bouygues est parvenu à séduire 41 000 abonnés à ses offres de téléphonie mobile au deuxième trimestre, quand ses concurrents Orange et SFR ont pour leur part déjà annoncé avoir gagné respectivement 36 000 et 13 000 abonnés mobiles sur la période. Free, dernier de la classe, va devoir se retrousser les manches en cette rentrée.
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