Selon une étude du cabinet de conseil Asterès pour la banque privée Neuflize OBC, les Millennials détonent dans l’ensemble des millionnaires. Ces jeunes gens entretiennent un rapport différent à la gestion de leurs investissements et de leur patrimoine, comparé aux baby-boomers. Ces jeunes riches favorisent les placements « durables » et fuient la bourse. Leurs conseillers cherchent à s’adapter à cette nouvelle donne.
D’ici 30 ans, 9 millionnaires sur 10 seront des « Millennials », ces femmes et hommes nés entre 1980 et 2000. Si en 2017, seuls 4,4% des millionnaires français avaient moins de 40 ans (soit 30 000 personnes), le renouvellement générationnel des grandes fortunes nationales et internationales arrive à grands pas.
C’est ainsi que les banques privées et autres gestionnaires de fortune cherchent à s’adapter aux desiderata de ces jeunes fortunés, dont l’âge est entre 20 et 40 ans. « La particularité de cette génération c’est qu’elle a grandi et étudié avec Internet« , explique Nicolas Bouzou, directeur du cabinet Asterès qui a publié, mercredi 13 février, une étude sur ces fameux « millionnaires millennials ». « L’autre particularité de cette génération, est que l’événement emblématique n’est pas par exemple le 11 septembre, mais la crise de 2008. »
Moins de risque, plus d’impact
De la crise des subprimes découle une méfiance vis-à-vis des institutions en général et de la finance en particulier. « C’est une génération qui survalorise la sécurité et les placements liquides », analyse Nicolas Bouzou. « Sauf que pour avoir du rendement, il faut prendre du risque. Mais le risque, bien souvent, ces jeunes gens l’ont déjà pris en entreprenant. Maintenant, ils se protègent. C’est une injonction contradictoire envoyée aux banques. » Pour preuve de ce basculement : 47% du patrimoine financier des Millennials est détenu sous forme de liquidités contre seulement 30% pour la génération précédente des baby-boomers.
Ces millionnaires millennials préfèrent, à la bourse, l’investissement en private equity. Surtout, ils cherchent à « avoir un impact » dans leurs investissements. « On les dirige de plus en plus vers des investissements verts, dans l’écologie et le développement durable« , précise Laurent Garret, président du directoire de Neuflize OBC. A cet égard, leur vision de la philanthropie change radicalement : seuls 36% des Millennials effectuent des dons à des associations contre 69% des baby-boomers. En revanche, les premiers sont plus prompts à investir dans des « entreprises responsables » que les seconds.
Face à cette nouvelle donne, leurs conseillers financiers doivent forcément s’adapter. « J’étais encore au téléphone avec l’un d’eux samedi dernier », raconte Laurent Garret. « Les week-ends, les horaires de bureaux, ils ne connaissent pas. » Ces jeunes gens qui se sont souvent enrichis en lançant leur boîte sont des personnes aux multiples compétences, très exigeantes et qui n’hésitent pas à solliciter fréquemment leurs conseillers patrimoniaux. « Nous demandons à nos collaborateurs de se préparer à plus de flexibilité. Et ce n’est pas évident pour tout le monde« , constate M. Garret.
Les millionnaires millennials sont également de véritables parties prenantes de la gestion de leur portefeuille et pas seulement des clients qui laissent une certaine somme entre les mains et l’unique jugement d’un banquier. « En revanche, la vraie plus-value d’une banque réside dans sa capacité à structurer le patrimoine de ces jeunes riches« , assure M. Bouzou. Un domaine où bien souvent ils n’ont que peu de compétences. « 80% de nos clients de moins de 40 ans ne sont pas d’héritiers, ils se sont faits tout seuls et certains sont partis de rien« , décrit M. Garret, sans avoir de données sociologiques à amener pour étayer son affirmation. Les entrepreneurs, même s’ils n’ont pas d’apport conséquent au départ, sont majoritairement pourvus d’un capital social, culturel et économique, sinon gigantesque, au moins conséquent. D’autant que, comme l’atteste M. Garret, « il n’y a pas de différence fondamentale entre les héritiers et les non-héritiers« . Malgré l’étude, cette génération semble difficile à appréhender. Neuflize et ses concurrents vont devoir apprendre à composer avec elle.
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