Le Premier ministre avait la lourde de tâche de présenter un budget donnant des gages à plusieurs partis afin d’être adopté. Le résultat s’est soldé par un échec avec la chute du gouvernement, le 4 décembre.
Il avait été appelé pour jouer les pompiers de service. Lui dont les talents de négociateurs devaient permettre de rendre possible l’impossible afin de trouver un compromis sur les textes budgétaires de 2025. Dans une assemblée sans majorité, Michel Barnier avait la lourde tâche de présenter un budget susceptible de réduire le déficit public et les dépenses de l’Etat sans faire d’austérité, de proposer une plus grande justice fiscale sans augmenter les impôts, de réduire les aides au secteur privé sans entamer la politique de l’offre… Une situation inextricable qui a conduit à la chute du gouvernement, le 4 décembre, après que le plus court locataire de Matignon a eu recours à l’article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote le projet de loi de finances de la sécurité sociale (PLFSS).
Durant ses trois mois en tant que chef du gouvernement, aucun parti, même ceux du « socle commun », n’a épargné le septuagénaire sur la de sa politique économique. Que cela soit à l’extrême-droite, à droite, au centre et à gauche, tous ont chahuté l’Isérois sur ces questions. A commencer par son ancienne famille des Républicains. Durant l’examen du projet de loi de finances, les députés du groupe la Droite Républicaine (DR) sont régulièrement montés au créneau pour dénoncer les hausses d’impôts du Budget 2025, fixant certaines lignes rouges. Ils ont également plaidé pour un effort accentué sur la réduction des dépenses malgré les 40 milliards d’euros d’économies voulues par Michel Barnier.
La droite et le centre en accord
Paradoxalement, la droite n’a pas ménagé ses efforts afin de faire infléchir le Premier ministre sur le report de l’indexation des pensions de retraite prévue dans le PLFSS. Alors que le gouvernement prévoyait de décaler celles-ci de six mois afin d’économiser environ 4 milliards d’euros, Laurent Wauquiez, chef de file du groupe DR à l’Assemblée, avait obtenu un compromis sur le sujet. Les retraites devaient ainsi être revalorisées de la moitié de l’inflation au 1er janvier avant un rattrapage au 1er juillet pour les petites pensions. Plus d’économies demandées, mais pas question de toucher aux aînés pour les Républicains.
Les critiques émanant du centre étaient du même acabit. Les macronistes de la première heure ont accusé Michel Barnier de vouloir détricoter la politique de l’offre, malgré que si celui-ci n’a jamais proposer de rupture sur ce sujet. « Le budget 2025 proposé est à ce stade une catastrophe pour l’innovation en France », estimait auprès de Forbes France le député Ensemble pour la République, Paul Midy, lors de la présentation de la mouture initiale du projet de loi de finances. Du côté du groupe Liot, son chef de file Charles de Courson a accusé le gouvernement de malhonnêteté sur le budget 2025. « Certaines mesures présentées comme des réductions de dépenses sont en réalité des augmentations de recettes, pour un montant total de 10 milliards d’euros. En les reclassant correctement, on obtient plutôt une répartition équilibrée, avec 50 % provenant de hausses fiscales et 50 % de réductions de dépenses », exposait-il dans nos colonnes le mois dernier.
Souci de cohérence
Censeur du Premier ministre, avec les voix du Rassemblement national, la gauche n’a eu de cesse de dénoncer un budget d’austérité. Nombreux sont ceux qui ont comparé la situation avec la rigueur imposée à la Grèce en 2010. Concernant les recettes, les membres du nouveau front populaire ont estimé que les 20 milliards d’euros de hausses d’impôts temporaires sur les grandes fortunes et grosses entreprises étaient insuffisantes. Lors de l’examen de la partie recettes du PLF 2025 à l’Assemblée nationale, les députés de la coalition de gauche avaient fait adopter plusieurs amendements en ce sens, dont la taxe « Zucman » sur le patrimoine des milliardaires et sur les bénéfices des multinationales en France, avant que ces mesures fiscales ne soient finalement rejetées en conclusion de l’examen du volet fiscal.
L’autre parti qui a fait tombé le gouvernement s’est également montré très critique sur la politique économique voulue par Michel Barnier. Avec certes, beaucoup moins de cohérence. D’un côté, le Rassemblement national a fustigé les économies demandées par le gouvernement, obtenant gain de cause sur la hausse de la taxe à l’électricité et le déremboursement de certains médicaments, estimant que le pouvoir d’achat des Français serait amputé avec ce budget. Pour réduire le déficit public, c’est sur les dépenses de fonctionnement de l’Etat que le gouvernement aurait dû rogner selon le parti lepéniste. Le tout sans augmenter les impôts des particuliers ni des entreprises.
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