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Michel Barnier, nouveau Premier ministre : techno, toujours pareil

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L'homme politique Michel Barnier lors du congrès des Républicains le 27 novembre 2021 à Sarlat. (Photo by Jean-Pierre BOUCHARD/Gamma-Rapho via Getty Images)

Que la liste a été longue, de noms supposés, de noms testés, d’hypothèses, de supputations. Finalement, le président de la République, Emmanuel Macron, a décidé de nommer, après cinquante jours sans gouvernement, Michel Barnier, Premier ministre. 

De toutes les pistes de nomination avancées et supposées de ces dernières semaines, c’est donc la moins ambitieuse, la moins hardie, et la moins démocratiquement entendable, qui a été choisie. Celle d’un technocrate de 73 ans, diplômé de l’ESCP, figure discrète du parti Les Républicains, ancien commissaire européen – notamment en première ligne des négociations avec le Royaume-Uni lors du Brexit, ex-ministre des Affaires étrangères de Jacques Chirac, de l’Environnement sous Mitterrand (lors de la seconde cohabitation), de l’Agriculture et de la Pêche sous Sarkozy, candidat défait à la primaire de la droite en 2021, 

Le nouveau chef du gouvernement aura fort à faire : le RN avait promis de censurer tout gouvernement, qu’il soit mené par Xavier Bertrand, Bernard Cazeneuve et Thierry Beaudet. Il serait surprenant que le parti d’extrême droite change de fusil d’épaule avec ce nom sorti du camp LR « canal historique », selon l’expression née du schisme ciottiste. Mais quid du NFP ? L’alliance de gauche, sclérosée sur bien des points, va-t-elle jouer la carte de la sortie de l’immobilisme, et laisser une alliance de la droite et du centre gouverner ? Le tout en s’opposant logiquement aux futurs projets de loi qui n’iraient pas le sens de leur programme politique. 

La nomination de Barnier, au fond, est une solution qui ne prend en compte aucun problème soulevé par la dissolution : dans une assemblée avec un RN puissant, opposé à un bloc de gauche pas toujours très uni mais tout de même majoritaire, le gouvernement sera mené par un septuagénaire, apparatchik politique, issu d’un parti qui s’est fait laminer aux dernières législatives. Ce n’est pas tout à fait le renouveau attendu et demandé par les urnes.  

Mais Michel Barnier a sans doute des qualités qui plaisent à M. Macron : justement son côté techno, très européiste, de droite « gaulliste » mais surtout conservatrice, le rendent compatibles politiquement avec le macronisme. Son sens du « consensus », loué partout, et celui de la négociation le positionnent comme un réel partenaire politique du président de la République, et non comme un farouche opposant que serait un chef du gouvernement issu d’un côté ou de l’autre de l’opposition. Du sens de la négociation, il en faudra d’ailleurs pour mettre sur pied un gouvernement, vraisemblablement ouvert à la droite et à la gauche de Renaissance, mais jusqu’où ? Pas trop loin, on imagine. Au fond, Barnier, c’est le choix de la continuité. Le monde d’hier dans la crise d’aujourd’hui. 

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