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Michael Kors S’Empare De Versace Pour 1,83 Milliard D’Euros Et Se Rêve En Géant Mondial

La griffe italienne Versace est officiellement tombée, ce mardi soir, dans l’escarcelle du groupe américain Michael Kors pour la « modique » somme de 2,2 milliards de dollars soit l’équivalent de 1,83 milliards d’euros. Une nouvelle marque italienne passe ainsi sous pavillon étranger.

Michael Kors continue ses emplettes.  Après avoir raflé la mise dans le « dossier » Jimmy Choo, arraché de haute lutte pour 1 milliard d’euros en juillet 2017, le groupe américain a, ce mardi soir, officiellement fait main basse sur la célèbre griffe italienne, Versace. Montant de la transaction : 2,2 milliards de dollars soit l’équivalent de 1,83 milliards d’euros. Une étape supplémentaire pour le groupe américain dans sa volonté d’étoffer son portefeuille de marques haut de gamme. Un tableau de marche scrupuleusement respecté jusqu’à présent.  Une feuille de route, agrémentée du rachat de la totalité des actions Versace, qui va également engendrer le changement de nom de l’entité Michael Kors qui répondra désormais à l’appellation Capri Holdings.  Un nouveau nom pour une nouvelle vie ? La stratégie de montée en gamme de la marque prend, en tout cas, encore davantage corps avec l’acquisition d’une griffe qui a renoué avec les bénéfices l’an passé.  Néanmoins, Versace va devoir cravacher dur pour soutenir la comparaison avec une concurrence déjà « imprégnée » des nouvelles habitudes de consommation d’une clientèle de plus en plus jeune : les fameux « Millennials », cible ô combien prisée et choyée par les puissances régnantes de l’industrie du luxe.   

« La marque Versace dispose néanmoins d’un fort potentiel de croissance au niveau mondial qui est inexploité dans toutes les régions, en particulier en Asie et en Amérique du Nord », développent les analystes de Cowen, cités par Reuters. Dans le viseur : la Chine…et sa nouvelle génération de consommateurs susmentionnée. Car si globalement les Chinois achètent plus de 500 milliards de yuans (64 milliards d’euros) de produits de luxe par an, soit près du tiers du marché mondial du luxe, selon les données du cabinet de référence McKinsey, les membres de la génération 20-34 ans absorbent environ 30% des ventes du secteur en Chine.  De quoi aiguiser bien des appétits. Car c’est peu dire que Michael Kors nourrit de hautes ambitions pour sa nouvelle « recrue ».  En effet, l’Américain table sur un chiffres d’affaires de deux milliards de dollars (contre 668 millions actuellement selon des documents déposés auprès de la chambre de commerce italienne). En outre, le groupe américain souhaite également renforcer le réseau de distribution de Versace pour atteindre 300 magasins contre environ 200 actuellement et, autre grande tendance, développer sa stratégie en matière de commerce en ligne. Michael Kors prévoit également de porter la part des accessoires et chaussures à marge élevée à 60% du total du chiffre d’affaires contre 35% actuellement.

Donatella Versace garde les rênes de la création 

Au-delà de ces projections, la « structure » capitalistique de Versace va, de facto, évoluer avec cette opération. Ainsi, le célèbre fonds d’investissement Blackstone, qui avait acquis 20% de Versace en 2014, sort définitivement du capital. En empochant tout de même, selon les calculs de Reuters, une plus-value de 156 millions d’euros. Quid des 80% restant propriété de la famille Versace ? Celle-ci recevra, via la holding Givi, 150 millions d’euros du montant de l’acquisition en actions Capri tandis que la fantasque Donatella Versace conservera les rênes de la création.  « Nous pensons que faire partie de ce groupe est essentiel au succès à long terme de Versace. Ma passion n’a jamais été aussi forte » a déclaré la directrice artistique et vice-présidente du groupe milanais fondé par son défunt père Gianni.  Toujours en matière de gouvernance, l’actuel PDG de la griffe transalpine, Jonathan Akeroyd, conservera également ses fonctions.

Se servir des lueurs du passé pour éclairer l’avenir pourra-t-il néanmoins suffire à faire basculer Versace dans une nouvelle dimension ? En perpétuel bouillonnement, le secteur du luxe ne laisse pas de temps « aux grands blessés » et autres convalescents de se refaire une santé, comme peut en attester un autre grand nom comme Burberry qui peine à renouer avec son lustre d’antan.  Observation intéressante : l’Italie voit encore l’un de ses fleurons passé sous pavillon étranger.  La griffe romaine Fendi, le joaillier Bulgari et le spécialiste du cachemire Loro Piana appartiennent tous désormais à la galaxie LVMH. Tandis que Gucci, Bottega Veneta et Brioni évoluent dans l’univers Kering. Signe supplémentaire que la super-puissance des conglomérats du luxe pourrait sonner le glas des ambitions des Salvatore Ferragamo, Dolce & Gabbana et autres Armani.  Le « train du luxe » pourrait donc laisser quelques passagers à quai, aussi prestigieux soient-ils.

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