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Meta met fin au fact-checking sur ses réseaux sociaux

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Mark Zuckerberg, PDG de Meta. | Source : Getty Images

De nombreux fact-checkers (vérificateurs de faits) de sociétés tierces ont été prévenus moins d’une heure avant l’annonce de Mark Zuckerberg, le PDG de Meta. Désormais, le groupe prévoit de remplacer le fact-checking sur ses plateformes par des notes de la communauté rédigées par les utilisateurs, à l’instar de X.

Article de Iain Martin et de Sarah Emerson pour Forbes US

 

C’est par le biais du communiqué de presse de Meta que Maarten Schenk, fact-checker de Lead Stories, a appris pour la première fois le projet du groupe de mettre fin à son partenariat avec les journalistes indépendants. « Nous n’avons pas été prévenus à l’avance. Nous avons appris la nouvelle comme tout le monde », a déclaré Maarten Schenk à Forbes.

D’autres, dont certains ont travaillé pendant près de dix ans à la lutte contre la désinformation et les abus sur les différentes plateformes de l’entreprise, ont été prévenus moins d’une heure à l’avance. Ils ont été pris au dépourvu par cette décision, tout comme certaines organisations qui avaient signé des prolongations de contrats de fact-checking avec Meta quelques semaines auparavant.

Meta a informé les fact-checkers que les contrats avec des organismes de presse américains comme USA Today, Reuters Fact Check, l’AFP et l’organisation à but non lucratif Politifact prendraient fin en mars, selon plusieurs sources ayant participé aux discussions. Les contrats avec les rédactions internationales et les organisations caritatives gérant des projets de vérification des faits en Australie et en Zambie devraient se poursuivre jusqu’à la fin de l’année.

L’arrêt du programme de fact-checking de Meta sur Facebook, Instagram et WhatsApp aura probablement un effet délétère sur certaines salles de presse et organisations caritatives qui en dépendaient pour leurs revenus. Meta a déclaré en 2022 avoir dépensé 100 millions de dollars pour le programme depuis 2016 et l’avoir étendu à quelque 115 pays. Meta n’a pas répondu à une demande de commentaire de Forbes.

La décision de l’entreprise de troquer la vérification indépendante des faits contre un contrôle du contenu de la communauté a été annoncée mardi dans un billet de blog par Joel Kaplan, le nouveau responsable de la politique mondiale de l’entreprise. Il a écrit que certaines des politiques de modération de contenu de Meta avaient été développées « en partie en réponse à la pression sociétale et politique pour modérer le contenu », affirmant que ces « systèmes de plus en plus complexes » étaient « allés trop loin » et les qualifiant de « censure ».

L’affirmation selon laquelle le programme de vérification des faits de Meta était politiquement biaisé ou équivalait à de la censure a choqué de nombreux fact-checkers qui ont travaillé avec Meta et se sont entretenus avec Forbes. « Le journalisme de vérification des faits n’a jamais censuré ou supprimé de messages : il ajoute des informations et un contexte à des affirmations controversées et démystifie des fausses informations », a déclaré Angie Holan, directrice de l’International Fact-Checking Network (réseau international de vérification des faits).

En effet, les règles de Facebook stipulent que seule l’entreprise peut modérer ou supprimer des messages. « Nous n’avons pas supprimé de contenu et nous ne pouvions pas le faire », a déclaré Lori Robertson de Factcheck.org, un autre organisme tiers de vérification des faits basé aux États-Unis. « Toute décision en ce sens appartenait à Meta. »

L’abandon de la vérification des faits par Meta, qui revendique trois milliards d’utilisateurs sur Facebook, Instagram et WhatsApp, fait suite à l’arrivée de Joel Kaplan au poste de chef des affaires internationales ce mois-ci. L’ancien conseiller principal du président George W. Bush et lobbyiste républicain de longue date a remplacé Nick Clegg à ce poste.

Cette décision fait partie d’une série de mesures qui semblent destinées à apaiser le gouvernement Trump. L’entreprise va également déplacer son équipe de modération de contenu de la Californie au Texas et a récemment assoupli ses règles concernant les discours haineux contre les immigrés, les femmes et les transgenres. Lundi 6 janvier, Mark Zuckerberg a révélé qu’il avait fait appel au président de l’UFC, Dana White, éminent partisan de Donald Trump, pour rejoindre son conseil d’administration.

Réagissant à l’annonce de la fin du fact-checking sur les plateformes de Meta, Donald Trump a déclaré que l’entreprise avait « parcouru un long chemin » et a supposé que Mark Zuckerberg avait « probablement » mis en œuvre les changements en réponse directe aux menaces du président américain élu. Donald Trump avait affirmé, sans preuve, que le fondateur de Facebook avait comploté contre l’élection de 2020 et l’avait averti qu’il « passerait le reste de sa vie en prison » s’il intervenait dans l’élection présidentielle de 2024. Meta doit également faire face à une audience de la Commission fédérale du commerce en avril, qui demande le démantèlement du groupe, dont le chiffre d’affaires s’élève à 1,57 milliard de dollars.

En cherchant à faire appel au futur gouvernement Trump, Mark Zuckerberg pourrait s’engager dans un conflit futur probable avec l’Union européenne sur la modération. Les régulateurs européens enquêtent déjà sur le site X d’Elon Musk, qui aurait enfreint le règlement sur les services numériques (Digital Services Act) en ne supprimant pas les messages à contenu illégal.

« L’Europe a un nombre croissant de lois qui institutionnalisent la censure, ce qui rend difficile la construction de quelque chose d’innovant dans cette région », a déclaré Mark Zuckerberg dans la vidéo où on le voit porter une montre à 900 000 dollars. « Le seul moyen de contrer cette tendance est d’obtenir le soutien du gouvernement américain. »

 

Une traduction de Flora Lucas

 


À lire également : L’Union européenne inflige une amende de 798 millions d’euros à Meta pour concurrence déloyale

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