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Manier l’invisible pour réussir en organisation hybride

Manier l’invisible pour réussir en organisation hybride

Si le mode de travail hybride – où coexistent des personnes travaillant sur site et d’autres en distanciel – s’est accéléré ces deux dernières années, il soulève aujourd’hui plus que des questions sur le nombre de jours de télétravail et constitue un réel enjeu de management pour faire vivre le collectif. 

 

Temps perdu sur des malentendus interpersonnels, risque de doublon de travail en équipe ou manque de synergies, excès ou perte d’engagement… Ces situations que l’on ne voit pas si nous n’y prêtons pas attention sont exacerbées par l’archipélisation des lieux de travail et le travail à distance. Alors comment manier l’invisible pour réussir dans cette organisation hybride ? 

 

Affûter son regard sur de nouveaux éléments

Savoir détecter et décrypter les signaux implicites devient une capacité à forte valeur pour l’entreprise. Elle permet de repérer certains impacts du mode hybride sur la vie d’un collectif et de pouvoir mettre les actions correctrices associées. Il ne s’agit ni de divination ni de magie, il s’agit surtout d’observation et d’attention.

Qui s’exprime moins qu’avant ? Y-a-t-il dans l’équipe des réactions plus excessives ? Le niveau d’engagement dans les rituels collectifs a-t-il évolué ? Les flux d’informations s’estompent-ils ?… Il faut savoir détecter les micro-signaux de changement et les zones vides. La façon dont se passent les choses compte autant (voire parfois plus) que le résultat obtenu par l’équipe. Il s’agit donc d’avoir une discipline de prise de recul régulière pour détecter les micro-signaux de changement.

 

Savoir révéler le contexte

Quand nous sommes à côté de quelqu’un, nous pouvons plus facilement percevoir visuellement ce qu’il vit. A distance, nous ne voyons plus dans quel contexte notre interlocuteur évolue ni une partie de son non verbal : est-il énervé ? occupé ? plaisante-t-il ? est-ce le moment de le déranger ? Est-ce urgent ?
Ces informations sur le contexte de notre interlocuteur nous permettent d’adapter notre comportement. Privés de ces éléments, nous pouvons mal interpréter ou tout simplement tomber au mauvais moment. Apprendre à rendre le contexte explicite, soit spontanément soit en ayant le réflexe de poser des questions, permet un gain de temps et d’énergie. Développer une culture de l’écrit et préciser ses intentions est également nécessaire pour collaborer à distance.

 

Investir dans la relation 

Ce sont aussi les malentendus et les tensions interpersonnelles qui peuvent s’amplifier dans ce mode de travail hybride. Si les situations interpersonnelles ne sont pas traitées rapidement, elles deviennent alors comme un poison qui circule de manière invisible et attaque le collectif. Et plus on attend, plus il fait des dégâts. Or les relations interpersonnelles permettent de fluidifier les modes de travail et de dépasser les difficultés. Mettre en place des dispositifs de régulation interpersonnelle, c’est-à-dire aborder comment on travaille ensemble, systématiser le feedback et prendre le temps de se parler de vive voix à la première étincelle relationnelle, sont autant d’actions désormais nécessaires. 

 

Créer de nouvelles connexions

Si en apparence les collaborateurs peuvent se sentir plus productifs, on constate que les interactions ont tendance à se concentrer naturellement sur sa propre équipe ou sur les réseaux d’affinités existants. Cette situation peut accentuer un travail en silo et générer une perte d’énergie et des frustrations. Elle peut impacter aussi directement la créativité : en parlant aux mêmes personnes, la diversité relationnelle s’amenuise. Les réseaux d’affinités, précieux pour fluidifier l’organisation et comprendre les évolutions d’un collectif, deviennent également moins visibles à distance.
Pour limiter l’effet “fonctionnements vase clos”, chacun, à son niveau, peut prendre du recul sur ses interactions automatiques et provoquer l’opportunité d’en créer de nouvelles ou simplement de réactiver des liens relationnels dormants :  à qui n’avez-vous pas parlé depuis longtemps ? Quelle opportunité minime allez-vous exploiter pour faire la connaissance de nouvelles personnes ? … Le rôle du manager évolue aussi, il doit devenir de plus en plus créateur de connexions et penser à des stratégies pour favoriser de nouveaux liens au sein de son équipe ou inter-équipes qui ne se feraient peut-être pas spontanément.

 

Ce qui peut paraître être de petits détails peut vite nuire à l’efficacité collective, comme un petit caillou qui se serait immiscé dans votre chaussure pour une randonnée et vous blesserait profondément au point de ne plus pouvoir marcher. 

Réussir à porter attention sur ces aspects avant qu’ils ne deviennent très visibles, c’est se donner les moyens d’agir au bon moment et de maintenir la fluidité des relations et des organisations sur le long terme. Chacun doit participer à cet effort collectif, pour rendre davantage visible ce qui ne l’est plus en mode hybride.

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