Deux ouvrages robustes, convaincants et d’une certaine manière complémentaires, viennent nous apporter un éclairage particulièrement bienvenu sur les enjeux associés aux dimensions spatiales de nos vies, tant de citoyens que de travailleurs dans le monde qui vient.
Espaces de travail. Nouveaux usages et nouveaux enjeux, par Delphine Minchella, Marc Bertier, Nicolas Cochard, Matthieu Kemdji et Philippe Toubin, Dunod, 2021.
Voici un court ouvrage assurément réussi, rendant compte de manière probante en effet des différents types d’espace de travail au regard de leur usage et de leurs enjeux, à travers six contributions de qualité.
Nous retiendrons tout particulièrement, dans le cadre de cette recension, les trois contributions à quatre mains de Marc Bertier et Nicolas Cochard. Ces auteurs qui sont à la fois des académiques et des praticiens expérimentés (titulaires de doctorats et pilotes de projets opérationnels complexes au sein de la société d’architecture et d’urbanisme Kardham), apportent des témoignages réflexifs robustes et convaincants. Le premier porte sur la question sensible mais très concrète de la conception d’un espace de travail, en y déroulant de manière étayée, l’articulation et le déploiement complexe de ce type de projet. Les deux autres contributions nous éclairent, toujours avec robustesse, précisément sur ces nouveaux espaces de travail, qui irriguent de plus en plus nos organisations. Il s’agit de l’Activity Based Working (ABW), et du Flex Office, ce dernier étant plus connu. Dans ces deux cas, aux distinctions subtiles, ils présentent et analysent leur émergence et leurs enjeux (alimentés notamment par des sources académiques), éclairant ainsi de façon probante, les différentes parties prenantes amenées à les utiliser.
Enfin, on signalera le texte convaincant de Matthieu Kemdji consacré au Coworking et aux tiers-lieux et à leur différentes acceptations. Il décrit et analyse les enjeux de ces différents espaces urbains et territoriaux (privés et publics) au regard des mutations sociétales en cours, dont singulièrement l’essor et l’accélération de la digitalisation, sur fond de crise sanitaire.
L’intérêt de cet ouvrage bienvenu dans cette sortie espérée de la pandémie, dont nous recommandons vivement la lecture , est qu’il intéressera un large public, incluant notamment les dirigeants d’entreprise, les usagers de ces espaces et les chercheurs sensibles à ces questions contemporaines très centrales.
Droit de cité; De la « ville-monde », à la « ville du quart d’heure », par Carlos Moreno, Editions de l’observatoire, 2020.
On ne présente plus Carlos Moreno, réfugié politique, devenu chercheur et expert urbain réputé, et par ailleurs co-fondateur de la chaire « entrepreneuriat, territoire et innovation » à l’Université Paris I Panthéon Paris Sorbonne.
Dans cet ouvrage particulière riche, largement documenté, convaincant et assurément engagé, l’auteur décrit les méfaits des externalités négatives liées à l’extrême densification des grandes agglomérations mondiales. Et partant, les défis colossaux auxquels elles doivent faire face : environnementaux, sociaux, économiques et de résiliences.
A cette extrême densification engagée dans une spirale négative, Carlos Moreno oppose un chemin arpenté et exigeant fondé sur la construction d’une proximité multiple et durable (spatiale physique, temporelle, sensorielle, affective, etc.) C’est la perspective de la « ville du quart d’heure » ayant pour ambition de « rapprocher les services des gens, donner plus d’importance au local, retisser des liens de voisinage (…), s’éloigner de cette ville genrée où la voiture est associée au masculin pour retrouver l’amour des lieux ». Le chercheur propose alors des pistes pour que cette « nouvelle armature territoriale » devienne possible sur la base d’une analyse fine des ressources disponibles et de leur affectation.
Le challenge proposé par Carlos Moreno, réactivé par les effets de la pandémie, constitue un enjeu politique absolument majeur, dont doivent continuer à s’emparer effectivement et durablement les plus grandes villes du monde (le concept ayant déjà été adopté par le réseau des villes C40 réunissant les 94 plus grandes). Parmi celles-ci, c’est probablement Medellin « qui a vécu le martyre » souligne le chercheur, avant de connaitre une transformation radicale qui en constitue l’une des illustrations les plus probante. Cela, comme le souligne le site de l’auteur, grâce à une succession de gouvernances pertinentes et cohérentes, à l’apport décisif du secteur privé, des organisations sociales en général, et au travail infatigable de citoyens participatifs engagés avec leur ville. Autant d’éléments décisifs qui ont contribué à réduire notamment le taux de criminalité.
Puisse cet exemple servir de référence à cette « grande transformation » dont Carlos Moreno nous invite, avec force et conviction pour donner du sens et de l’espérance au monde qui vient.
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