Le numéro 1 mondial du luxe LVMH a annoncé ce vendredi le rachat d’une quarantaine d’hôtels, trains et croisières grand luxe appartenant au groupe britannique Belmond pour la « modique » somme de 3,2 milliards de dollars, dette comprise.
A quelques jours de la trêve des confiseurs, le leader mondial du luxe et première capitalisation boursière du CAC 40 fait des emplettes. Le groupe de Bernard Arnault a dévoilé, ce vendredi, sa dernière acquisition : une quarantaine « d’hôtels d’exception » détenus par le groupe Belmond parmi lesquels les prestigieux établissements Cipriani à Venise, Copacabana Palace à Rio de Janeiro ou encore le Grand Hôtel Europe à Saint-Pétersbourg. Montant de la facture : 3,2 milliards de dollars soit 2,8 milliards d’euros, dette comprise. Dans le détail, LVMH va racheter le groupe au prix de 25 dollars par action, offrant une prime de plus de 40% par rapport au cours de clôture de Belmond de jeudi à la Bourse de New York. Comme de coutume après une telle opération, les investisseurs n’ont pas manqué de réagir… sanctionnant le titre de près de 2% en milieu de matinée même si ce dernier avait repris quelques couleurs à 16 heures, ne perdant plus « que » 1%. Certains analystes jugent en effet que les multiples de valorisation payés par LVMH sont « trop élevés » – 22,9 fois l’Ebitda selon les estimations de Royal Bank of Canada – mais néanmoins justifiés par un portefeuille d’actifs « exceptionnels ».
Dans l’après-midi, le groupe tentaculaire aux 70 marques a tenu à préciser que ce rachat serait « globalement neutre » sur ses résultats et que LVMH donnerait la priorité au parc existant plutôt qu’à un agrandissement de ce dernier. Fin de citation. Cette acquisition d’envergure va ainsi permettre au groupe de luxe « d’accroître son terrain de jeu » et de renforcer ces positions dans un secteur du luxe dit « d’expérience », actuellement en plein essor. Outre Belmond, tout juste tombé dans son escarcelle, LVMH détient aujourd’hui quatre hôtels Cheval Blanc (un cinquième étant en construction aux Antilles et un sixième attendu à Paris à la Samaritaine) ainsi que plusieurs établissements de l’enseigne joaillière Bulgari. « L’acquisition de Belmond, parfaitement complémentaire de nos maisons Cheval Blanc et des activités hôtelières de Bulgari, renforcera significativement la présence du groupe LVMH dans l’univers de l’hôtellerie d’exception », a, sans surprise, abondé Bernard Arnault, PDG de LVMH dans le communiqué de circonstance.
Le luxe « d’expérience » dans le viseur de LVMH
Mais comme évoqué en préambule, Belmond, basé au Royaume-Uni, possède en portefeuille d’autres actifs que les hôtels puisque que le groupe exploite également, comme rappelé par Reuters, des liaisons ferroviaires telles que le célèbre Venice Simplon-Orient Express ou des croisières comme le Belmond Afloat en France. Tissant sa toile dans 24 pays du monde, Belmond détient ou exploite un portefeuille total de 46 hôtels trains ou croisières, lui conférant des revenus à 12 mois (exercice clos fin septembre) de 576 millions dollars et un excédent brut d’exploitation (Ebitda) de 140 millions de dollars. La transaction, qui reste soumise à « l’approbation des actionnaires de Belmond et de certaines autorités en matière de concurrence », devrait être conclue au premier semestre 2019, hors dette. Une acquisition qui clôt une année particulièrement faste pour LVMH qui, s’il a perdu quelques plumes dans la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis, devrait néanmoins enregistrer des résultats annuels digne de ses publications précédentes.
En atteste sa dernière copie du troisième trimestre. Sur la période, LVMH a en effet signé des résultats en ligne avec le marché avec des ventes de 33,1 milliards d’euros sur 9 mois, en croissance de 10% en données publiées, comme escompté par le consensus Inquiry Financial pour Reuters, et de 11% à taux de change et périmètre constants. Principal centre de profits du groupe de l’avenue Montaigne, le pôle Mode-Maroquinerie, qui abrite en son sein les « joyaux » Dior et Vuitton, a vu ses ventes progresser de 14% sur la période, contre 15% au premier semestre, soit une croissance supérieure aux attentes du marchés qui escomptait 12%. Si Vuitton et ses ventes estimées peu ou prou à 9 milliards d’euros, dont un tiers de clients chinois – LVMH ne dévoilant pas, dans le détail, les comptes du malletier -, profite d’une « forte dynamique » trimestre après trimestre, l’autre division phare de LVMH, Vins et Spiritueux (la deuxième en termes de profit), n’a pas été en reste au troisième trimestre. Le « cocon » de Moët et Chandon, de Dom Perignon et du cognac Hennessy a repris sa marche en avant, avec un rebond des ventes (+7%) grâce à la reprise des ventes en volume de Hennessy en Chine, le groupe ayant purgé des excès de stocks constitués auprès des grossistes en début d’année. De quoi attendre les résultats annuels en toute sérénité.
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