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LVMH – Kering – Hermès : Qui Sera Le Roi Du Luxe En 2018 ?

Getty Images

Alors que la saison des résultats semestriels bat son plein, le « luxe à la française » peut se targuer de voir désormais trois de ses plus éminents représentants cohabiter au sein du CAC 40. A mi-parcours, qui de LVMH, Kering ou encore Hermès, nouveau venu dans l’indice,  a le mieux abordé cette première moitié d’année et se présente en position de force pour le second semestre ? Revue de détail.

Citius, Altius, Fortius« Plus vite, plus haut, plus fort », dans sa version moderne. L’adage proposé par le baron Pierre de Courbetin pour faire office de devise olympique sied à merveille au tiercé gagnant du luxe à la française. LVMH, son éternel rival Kering et désormais Hermès coexistent pacifiquement au sein du CAC 40. Et ce serait manier la litote de dire que le luxe a, depuis l’année 2017, marqué de son sceau le « saint des saints » de la Bourse de Paris. Ainsi l’année dernière, LVMH est devenu la première capitalisation boursière de la place. Un privilège « rare » pour une entreprise non issue de l’industrie dite « lourde » comme Total, ou pharmaceutique, comme Sanofi, les deux devanciers du groupe de Bernard Arnault au sein de ce « classement » honorifique.  Avec une valorisation estimée à plus de 152 milliards d’euros, LVMH  s’est imposé comme le champion du monde du luxe. Mais au sein de la mère patrie, la concurrence fourbit ses armes. Kering, éternel rival du groupe de l’avenue Montaigne, a vu, dans le même laps de temps, son titre signer la plus forte progression du CAC 40. Et semble reparti sur les mêmes bases en 2018 puisque depuis le 1er janvier, l’action de l’ex-PPR a progressé de près de 30%.  Le « troisième larron », Hermès, a rejoint le CAC 40 en juin dernier, au détriment du cimentier franco-suisse Lafarge-Holcim, et peut déjà se prévaloir d’une progression de son titre de plus de 20%.

Un vent de luxe – auquel certains observateurs associent également l’Oréal –  souffle donc sur la Bourse de Paris. Et ce ne sont pas les derniers résultats somptueux du trident qui vont témoigner du contraire. A tout seigneur, tout honneur, LVMH a, comme d’habitude, dévoilé une publication d’excellente facture.  Ainsi, la belle mécanique du groupe de l’avenue Montaigne  ne s’enraye pas comme en atteste une croissance organique de 12% sur les six premiers mois de l’année. Un indicateur qui grimpe à 14%,  en excluant l’impact de l’arrêt fin 2017 de la concession de l’aéroport de Hong Kong. Ce qui permet ainsi au joyau de Bernard Arnault de surperformer (allègrement) le marché mondial du luxe dont la progression est peu ou prou estimée à 6-8% par le cabinet Bain & Co. Sur le front des ventes, LVMH est resté en ligne avec le consensus Inquiry Financial pour Reuters, avec un chiffre d’affaires de 21,75 milliards d’euros, en hausse de 10%. A taux de change constants, les ventes ont augmenté de 12%, dont une progression de 11% sur le seul deuxième trimestre.  Particulièrement scrutée et décortiquée chaque trimestre, la division mode-maroquinerie, qui abrite en son sein la pépite Louis Vuitton, voit sa croissance organique croître de 13% au deuxième trimestre.

Gucci sur les talons de Louis Vuitton

Pour rappel, ce seul « pôle » assure près de 60% des bénéfices du groupe pour cette première moitié 2018.  « La rentabilité de Louis Vuitton se maintient à un niveau exceptionnel », souligne LVMH. Si la marge de la marque demeure un secret jalousement gardé, les analystes estiment néanmoins qu’elle dépasserait aisément les 40%.  Une publication qui répondu aux attentes des investisseurs qui n’ont pas hésité à « pousser » le titre LVMH mercredi matin, les résultats ayant été dévoilés mardi dans la soirée.  Pour autant, les opérateurs n’ont en revanche pas fait de cadeaux à Kering qui malgré des résultats tout aussi impressionnants, si ce n’est davantage, a vu son titre reculer de 7,72 % ce vendredi. Si les ventes de l’ex-PPR se sont envolées de 26,8% à 6,43 milliards d’euros, soit une progression de 33,9% à taux de change constants et de 31,5% sur le seul deuxième trimestre, en hausse de 53% à 1,77 milliard d’euros, le « ralentissement » de Gucci a fait tiquer les analystes. Après une croissance organique de l’ordre de 49% au premier trimestre, la griffe florentine n’a facturé « que » 40% sur les trois mois suivants, soit légèrement en deçà du consensus. La sanction fut immédiate en Bourse, reléguant au second plan tous les excellents chiffres susmentionnés.  « Après huit trimestres consécutifs supérieurs aux attentes, le jour devait arriver où la barre serait trop haute », a commenté Berenberg dans la foulée de ces résultats, tout en maintenant néanmoins sa recommandation Achat sur le titre.

Mais cette « contrariété boursière » ne doit pas altérer la performance impressionnante de Gucci qui se positionne ouvertement comme le principal challenger de Louis Vuitton dans la course au titre de première marque mondiale du monde.  « Avec le rythme exceptionnel de croissance que Gucci connaît, la question n’est pas de savoir si mais quand la marque se hissera devant Vuitton », estimait, sûr de sa force, en juin dernier, Marco Bizzarri, patron de Gucci. Il est vrai qu’avec 40% de croissance organique en un trimestre, Gucci pourrait, s’il maintient la cadence ravir la première place à Louis Vuitton, navire-amiral de la division mode-maroquinerie qui a vu sa croissance s’apprécier de « seulement 13% ».  Enfin, Hermès – qui n’a pas dévoilé la totalité de ses résultats semestriels – demeure également largement en deçà de la marque italienne en termes de trajectoire avec une croissance organique estimée à 11,6% au deuxième trimestre. Les ventes du groupe dirigé par Axel Dumas et célèbre pour ses sacs Birkin ou ses carrés de soie ont atteint 1,46 milliard d’euros, signant une hausse de 7,2% en données publiées, limitée par des effets défavorables de la hausse de l’euro face au dollar.

Hermès, la force tranquille

Si comme évoqué, la croissance d’Hermès demeure en dessous de celle de la concurrence, le sellier demeure une « valeur sûre » aux yeux des investisseurs grâce à une constance à toute épreuve. « Si la croissance d’Hermès n’atteint pas le rythme attendu chez Gucci  ou dans la division mode et maroquinerie de LVMH, sa régularité continue d’impressionner », abondent les analystes de HSBC. Toutefois, Hermès devance ses deux rivaux dans un domaine : son titre se traite sur des multiples de valorisation qui demeurent de loin les plus élevés du secteur (39,9 fois les résultats estimés pour 2019, contre 22,9 fois pour LVMH et 21,8 fois pour Kering). « La valorisation d’Hermès reflète la solidité de son modèle, l’attractivité de sa marque et la qualité inégalée de ses savoir-faire », estimaient les analystes de Raymond James il y a quelques mois.  Si l’équipe de France de football a accroché une deuxième étoile sur son maillot il y a quelques semaines, le luxe tricolore, lui, peut s’enorgueillir d’en voir briller trois au firmament. Un trio royal.

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