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LVMH chute en bourse, Hermès en profite : comment Bernard Arnault a perdu sa place au top 5 des milliardaires ?

Avec une fortune en chute libre de 55 milliards de dollars, Bernard Arnault sort du top 5 des plus grandes fortunes mondiales. En 2025, le grand patron du luxe doit affronter un marché fragilisé, une succession floue et une perte de leadership historique face à Hermès.

 

La publication de résultats trimestriels décevants ce lundi 14 avril a précipité la chute de LVMH en Bourse dès le lendemain. Au premier trimestre 2025, le chiffre d’affaires du groupe a reculé de 3 % et le titre du géant du luxe a perdu 7,82 % en une seule séance, faisant reculer la fortune de son PDG, Bernard Arnault. Pire encore, le groupe est désormais devancé par son rival Hermès, une première pour celui qui régnait jusqu’ici sans partage sur le monde du luxe.

 

Une chute record dans le classement Forbes

 

Le recul boursier propulse Bernard Arnault à la sixième place du classement en temps réel Forbes des plus grandes fortunes mondiales avec une fortune estimée à 145 milliards de dollars. Il est désormais dépassé par Larry Ellison (4e) et Warren Buffett (5e), loin derrière Mark Zuckerberg (3e), Jeff Bezos (2e) et Elon Musk (1er). En avril 2024, Arnault culminait encore à 231 milliards de dollars : en un an, il a vu s’envoler plus de 86 milliards.

S’il reste derrière Elon Musk en matière de pertes annuelles — le patron de Tesla aurait perdu 121 milliards de dollars en 2025 selon Bloomberg — Bernard Arnault enregistre la deuxième plus forte baisse de fortune mondiale. Cette dégringolade ne se limite pas aux chiffres : elle fragilise aussi son image et celle de son groupe. Car malgré l’assurance affichée de LVMH face aux turbulences économiques, sa croissance en 2024 a été la plus faible depuis 2020.

 

Le marché du luxe en perte de vitesse

 

Longtemps considéré comme un secteur à l’abri des secousses, le luxe montre désormais des signes de vulnérabilité. La période post-COVID, marquée par une reprise inégale, a laissé des traces. En Chine, où les consommateurs représentent près d’un tiers des achats mondiaux de produits de luxe, la demande se contracte. La croissance ralentit, le marché immobilier est en crise, et le sentiment d’insécurité économique pousse les ménages à revoir leurs priorités.

Outre-Atlantique, la situation n’est guère plus encourageante. La demande reste fragile, et les menaces douanières de Donald Trump sur certains produits européens — comme le vin ou le cognac — créent un climat d’incertitude. Dans ce contexte, les investisseurs tendent à se détourner du luxe pour miser sur des secteurs jugés plus dynamiques, comme la tech ou la défense.

Pour LVMH, les difficultés ont commencé bien avant ces résultats décevants. En août 2024, la dissolution de l’Assemblée nationale a secoué les marchés français. En une semaine, la Bourse de Paris a perdu 6 %, et l’action LVMH 6,7 %, entraînant une baisse de 9 milliards de dollars de la fortune de Bernard Arnault. 

 

Hermès surclasse LVMH : un tournant symbolique

 

Alors que LVMH dévisse, Hermès se distingue. En un an, l’action de la maison fondée par Thierry Hermès a progressé de 2 %, tandis que celle de LVMH a plongé de 38 %. Résultat : Hermès devient la première capitalisation boursière du CAC 40, et la société de luxe la plus valorisée au monde. Un basculement symbolique, qui marque un changement d’ère.

Autre source d’inquiétude : la gouvernance de LVMH. Malgré la présence de ses cinq enfants à des postes clés, Bernard Arnault, 76 ans, n’a toujours pas désigné de successeur clair. Il a récemment exprimé le souhait de repousser l’âge limite du PDG de 80 à 85 ans — déjà prolongé de 75 à 80 ans en 2022. Il pourrait ainsi rester aux commandes encore neuf années.

Ce flou stratégique n’est pas sans conséquences : certains analystes estiment qu’il pèse sur la valorisation du groupe. Dans un marché déjà tendu, l’absence de plan de succession limpide alimente les doutes et renforce l’attractivité de concurrents mieux structurés. Face à un LVMH en perte d’élan, Hermès poursuit sa course, profitant du vent qui tourne.

 


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