La France compte parmi les entreprises du CAC 40, des champions dans leur secteur. Derrière ces entreprises leaders, se cache une autre réalité. Sur les 3,82 millions d’entreprises que compte la France, 3,81 millions sont des PME, dont 3,67 millions sont des micro entreprises*. À la tête de ces entreprises, des patrons de TPE/PME dont le métier n’est pas celui d’expert en stratégie d’entreprise et en intelligence économique.
Avoir une vision à 360 degrés de l’entreprise n’est pas leur apanage, ce sont plutôt des spécialistes dans leur domaine : finance, ingénieur, marketing, technicien, manuel… Ce constat est le même depuis des années et il permet de comprendre, entre autre, pourquoi l’intelligence économique a du mal à trouver sa place dans les entreprises françaises.
L’ignorance des chefs d’entreprises
Trop de patrons ne savent pas en quoi consiste l’I.E : l’intelligence économique. Il est donc normal qu’ils ne mettent rien en place. Ces mêmes entreprises fabriquent, innovent, exportent, vendent, communiquent, se déplacent à l’étranger, vont exposer sur des salons professionnels, recrutent, licencient… et n’ont, en général, rien mis en place en matière de sécurisation de leur savoir et savoir-faire. Dommage car l’intelligence économique permet de développer son entreprise en minimisant les risques.
Cette ignorance involontaire peut être préjudiciable pour l’entreprise car, suivant sa taille, son secteur d’activité et sa position sur le marché, elle devient une proie facile pour des concurrents mal intentionnés. Il est en effet beaucoup plus facile d’être « attaqué » par un concurrent quand on n’a pas conscience du monde dans lequel on vit, et des méthodes aujourd’hui employées pour s’accaparer une information stratégique permettant alors d’acquérir un avantage concurrentiel.
Il est donc primordial de sensibiliser le plus possible d’étudiants (futurs cadres, ingénieurs, et dirigeants de demain), de salariés et de patrons à l’intelligence économique. La prise de conscience du contexte dans lequel les entreprises évoluent et des risques encourus est l’étape nécessaire à la mise en place de toute action d’organisation de l’IE (intelligence économique) dans l’entreprise.
« L’I.E ? Ce n’est pas pour nous !«
Parmi les dirigeants conscients du monde dans lequel ils vivent au quotidien, une partie importante pense qu’ils ne sont pas concernés par l’intelligence économique. Ceux-là, malheureusement, n’ont qu’une vision partielle de l’I.E, certainement réservée aux grandes entreprises de l’aéronautique, de la défense ou de la pharmacie. Ils se croient à l’abri des « attaques ciblées ». Ils sont « petits » disent-ils, en province, sous-traitants d’un grand groupe. Et bien justement, c’est parce qu’ils sont petits, en province et sous-traitants, qu’ils sont pleinement concernés par l’I.E. Il est en effet plus facile d’aller chercher de l’information stratégique dans une TPE/PME en province qui se croit à l’abri, que dans le grand groupe, où il va falloir déployer beaucoup plus de moyens et où les risques seront plus importants.
L’intelligence économique concerne toutes les entreprises, quels que soient leur taille et leur secteur d’activité. Par nature, la création même d’une entreprise se fait car il existe un marché, avec des concurrents et des clients… donc par définition, dès l’existence de la société, celle-ci est concernée par l’intelligence économique.
Le manque de moyens
De nombreuses TPE/PME n’ont pas les ressources financières nécessaires pour mettre en place une politique d’intelligence économique en interne. Pourtant, dans de nombreux cas les investissements ne sont pas obligatoirement importants, voire faibles, et permettent de limiter les risques de perte de savoir et savoir-faire. Un récent article du journal « La Provence » précise que « 90% des entreprises vauclusiennes sont des TPE qui n’ont ni les moyens humains ni financiers, de s’intéresser à la question de la sécurité économique.«
Allouer des ressources humaines à cette fonction. Toutes les grandes entreprises ne possèdent pas de responsable « I.E », de veilleur… d’abord pour des questions de « prise de conscience », ensuite pour des questions financières et d’effectifs non qualifiés. Mais pour une fois, les TPE/PME qui le souhaitent peuvent largement dépasser la culture « I.E » d’un grand groupe et ainsi être beaucoup plus performantes en mettant en place de manière judicieuse, ciblée et organisée une politique d’intelligence économique adaptée à leur activité.
Enfin, sur le plan international, les auteurs d’attaques malveillantes et illégales se trouvent de plus en plus à l’étranger, avec la difficulté de les identifier et par conséquent de les poursuivre juridiquement. Pour autant, le préjudice est subi et la perte de savoir, de données ou de compétences est bien réelle. Le sentiment d’impuissance peut être grand malgré les mesures qui ont pu être mises en place. C’est entre autre le cas pour les cyber-attaques.
Ces observations constituent autant d’opportunités pour des entreprises ou pays intéressés par nos technologies et savoir-faire, de venir capter de l’information stratégique, leur permettant par la suite de dominer un marché, développer leur emploi et d’augmenter leur croissance. Cette même croissance devient un élément d’influence, et octroit aujourd’hui un « pouvoir de négociation » sur la scène internationale. Chaque petit pas, de chaque petite, moyenne ou grande entreprise, en matière d’intelligence économique, constitue une avancée notable pour la compétitivité de chaque entreprise, mais, au-delà, contribue à l’essor de l’influence et de la performance.
*Source( INSEE « Les entreprises en France » 2015-206 – édition 2017)
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