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L’Intelligence Artificielle, Nouveau Moteur De l’Industrie Automobile

Conduite automatisée, assistant virtuel, cybersécurité : l’intelligence artificielle embarquée est en train de devenir un facteur de différenciation important sur le marché automobile haut-de-gamme. Ses nombreuses applications poussent les constructeurs à réinventer leur modèle et à travailler avec de nouveaux partenaires.

En débutant son programme pour la réalisation d’une voiture autonome en 2009, Google a ouvert en grand la boîte à fantasmes dans l’industrie automobile. La Google Car et les autres modèles de voiture sans chauffeur sont encore loin de pouvoir être commercialisés. Mais l’intelligence artificielle a déjà fait son apparition dans la compétition technologique automobile. Par « intelligence artificielle », il faut comprendre la technologie qui permet au véhicule d’adapter son comportement, et de l’améliorer avec le temps, en fonction des différentes situations qu’il aura connues. Selon la société d’études de marché IHS Markit, 122 millions de systèmes d’intelligence artificielle (IA) seront vendus en 2025 contre seulement 7 millions d’unités en 2015 (1).

Conduite autonome en situation de bouchon

Cette course technologique suscite l’entrée de nouveaux acteurs sur le marché automobile, même si elle concerne seulement les modèles haut-de-gamme pour l’instant. Nvidia est l’un d’entre eux. Les processeurs graphiques de cette société américaine sont bien connus dans l’industrie du jeu vidéo et du cinéma. Son chiffre d’affaires sur le segment de l’automobile a atteint les 320 millions de dollars en 2016, soit une progression de 75% en un an. Ses projections de croissance pour 2017 sont de 58%. Nvidia estime ses perspectives de croissance à 2 milliards de dollars, pour équiper à terme un parc automobiles de 15 millions de véhicules.

Nvidia s’appuie sur la densité de calcul de ses processeurs, particulièrement adaptée à la méthode d’apprentissage profond de l’IA. Sa plate-forme de calcul Drive PX2 équipe les voitures Tesla et inclut des fonctionnalités comme le pilotage automatique sur autoroute, utilisé dans la nouvelle version de l’Audi A8. En 2018, le véhicule haut-de-gamme d’Audi possédera un système d’automatisation de ses trajectoires en situation de bouchon, activable par une simple pression sur un bouton. Jusqu’à 65 km/h, le véhicule gèrera seul la direction, le freinage et adaptera sa vitesse en fonction des distances de sécurité.

L’intelligence artificielle pèse lourd dans le budget des constructeurs : au prix élevé des capteurs, il faut notamment ajouter la mise aux normes des logiciels et le coût réel du développement. « Une aide à la conduite, c’est un surcoût de 10.000 dollars pour le consommateur, souligne Bernard Jullien, économiste et  directeur du Gerpisa, le réseau international de recherche sur l’industrie automobile. Un radar de recul atteint 500 dollars : voilà pourquoi l’IA est présente sur le haut-de-gamme. L’automatisation complète multiplierait par deux le prix du véhicule.»

L’IA s’inscrit malgré tout dans une tendance lourde. Les logiciels, leur nombre et leur puissance, ont une importance croissante dans l’industrie automobile. Pour elle qui s’est construite sur la maîtrise et la standardisation de processus mécaniques, c’est une révolution. « A l’heure actuelle, la mécanique représente 90% du coût de développement du  véhicule, et les logiciels 10%, explique Fawzi Nashashibi spécialiste de l’intelligence artificielle et membre de l’Institut National de recherche en Informatique et en Automatique. Sous peu, les logiciels incarneront plutôt 60% de ce coût. »

Les poids lourds de l’informatique se mettent à l’automobile

Plusieurs constructeurs misent sur des alliances avec des poids lourds de l’informatique pour s’inscrire dans cette évolution. Le groupe Renault-Nissan collabore avec Microsoft depuis septembre 2016 pour équiper ses véhicules de fonctions de conduite autonome. IBM travaille avec BMW dans son centre mondial dédié à Watson, son système cognitif. Situé à Munich, il représente pour IBM un investissement de 200 millions de dollars. « Watson discute avec le conducteur pour trouver un restaurant, une place de parking, l’informer sur la météo, indique Christian Comtat, le directeur IoT d’IBM France. Il apprend des décisions de son utilisateur et affine avec le temps ses propositions ». La multinationale informatique veut ainsi transformer la voiture en un lieu de vie personnalisé. Ford mise, lui ,sur Alexa, l’assistant virtuel d’Amazon Echo.

Dans cet univers hyper-connecté, l’industrie doit aussi apprendre à se protéger contre le risque de cyberattaque. Là encore, l’IA a des solutions à proposer en matière de détection d’intrusion sur le réseau interne du véhicule : « La difficulté, en matière de cybersécurité, c’est de faire face à des attaques inconnues, analyse Paul Labrogère, directeur du programme Transport autonome de l’institut de recherche technologique français SystemX. L’IA offre la possibilité d’identifier des cyberattaques inédites grâce à ses techniques d’apprentissage. »

 

(1) HIS Markit parle des systèmes d’info-divertissement et des systsèmes dits d’assistance évoluée à la conduite (ADAS), comme les régulateurs de vitesse et les détecteurs d’obstacles.

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