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L’inclusion au travail : un levier stratégique sous-estimé

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L'inclusion au travail : un levier stratégique sous-estimé

Signe des temps, Janelle Gale, VP des ressources humaines de Meta, déclarait récemment que « le paysage juridique et politique entourant les efforts de diversité, d’équité et d’inclusion aux États-Unis est en train de changer ». Si ces initiatives font face à des vents contraires outre-Atlantique, leur abandon aurait un coût humain et financier considérable. En France, les dernières données de Malakoff Humanis illustrent bien l’enjeu : la hausse de 28 % des arrêts de travail pour troubles psychologiques en 2023 a coûté 20,7 milliards d’euros à l’économie. Un signal d’alarme pour les entreprises qui considèrent encore la diversité, l’équité et l’inclusion (DEI) comme une contrainte réglementaire plutôt qu’un impératif stratégique.

Une contribution de Felizitas Lichtenberg, Responsable Diversité et Inclusion de SumUp

 

 

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon l’Observatoire de l’égalité professionnelle, les organisations dotées de politiques d’inclusion solides surperforment leurs concurrentes de 20 % sur les indicateurs financiers clés. L’écart se creuse à mesure que les jeunes talents privilégient les employeurs engagés : 78 % des professionnels français de 25 à 34 ans placent désormais la responsabilité sociale parmi leurs critères prioritaires, selon un baromètre OpinionWay (2024).

Au-delà des gains financiers, l’inclusion influe sur la réputation des entreprises et leur capacité à attirer les meilleurs talents, un enjeu d’autant plus crucial dans un marché rendu plus concurrentiel par l’essor de l’IA. Les entreprises qui ignorent les biais systémiques se heurtent à des défis croissants en matière de rétention et de productivité. Le Défenseur des droits rapporte que 42 % des salariés issus de groupes sous-représentés subissent des discriminations, avec un impact direct sur l’engagement et le turnover.

Tandis que certains géants de la tech US semblent vouloir enterrer la diversité, les dirigeants français l’intègrent à leur boussole stratégique. De nombreuses entreprises renforcent leurs programmes d’assistance aux employés (EAP) et déploient des systèmes avancés de suivi des métriques DEI. Ces investissements s’avèrent rentables : selon l’Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail (ANACT), les organisations intégrant la DEI à chaque étape du parcours collaborateur constatent une réduction de 40% de leur turnover.

L’essor de l’IA dans les processus de travail, porteur d’opportunités mais aussi de risques, alimente ces débats. Si l’IA promet des gains d’efficacité, ses biais – reflets des équipes de développement encore majoritairement masculines – risquent d’ancrer les inégalités. Les entreprises les plus avancées anticipent ce risque en intégrant l’expertise DEI dans leur transformation digitale, conscientes que des biais algorithmiques peuvent nuire autant au bien-être des salariés qu’à l’efficacité opérationnelle. Le cadre réglementaire français, notamment l’index égalité professionnelle, fournit une base pour ces initiatives.

Face à ces enjeux, les entreprises se mobilisent pour prévenir ces risques. Parmi les meilleures pratiques émergentes :

• Des outils de recrutement basés sur l’IA avec détection des biais

• Des systèmes complets de soutien à la santé mentale

• Un suivi régulier du climat social et des indicateurs de bien-être

• Une approche claire et transparente de responsabilisation des dirigeants

Les récents événements aux États-Unis rappellent la fragilité de ces avancées et offrent, paradoxalement, l’opportunité de repenser l’organisation du travail. La DEI ne se limite pas à un impératif réglementaire ou à un levier d’image – elle est le socle du bien-être des employés. Dans un contexte de pression croissante, employeurs et employés doivent veiller à l’intégration de la DEI et du bien-être comme un tout indissociable. Les entreprises qui réussiront seront celles qui comprendront que l’inclusion n’est pas seulement un impératif moral, mais un levier de performance dans une économie où le capital humain est clé.

 


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