Soucieuses de l’empreinte qu’elles produisent, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à prendre en compte l’impact environnemental dans le choix de leurs bureaux en 2022. Régulations, certifications, flexibilisation : le marché de l’immobilier de bureau se transforme à grande vitesse au service de la planète.
LE BÂTIMENT RESPONSABLE : LES ENTREPRISES SE PRÉPARENT
Une modernisation du parc de l’immobilier tertiaire est déjà en cours : les immeubles sortis de terres ces dernières années sont de plus en plus souvent labellisés pour attester de la réduction de leurs émissions de CO2, notamment par les labels les plus répandus comme BREEAM et HQE. L’impact des travaux et de l’aménagement et l’exploitation du bâtiment entre en effet dans les nouveaux arbitrages des entreprises : provenance des matériaux, durée de vie de ceux-ci et durée d’exploitation de l’actif sont des éléments étudiés et pris en compte dans les problématiques d’impact. Des BEPOS (Bâtiments à Énergie Positive), dont le principe est de produire plus d’énergie qu’ils n’en consomment, voient le jour à l’image du nouveau siège bordelais de la Caisse des Dépôts inauguré le 2 décembre et certifié BEPOS Effinergie, BREEAM “Very Good”, HQE “Excellent” et WELL. Cette rénovation du parc immobilier est accélérée par la perspective du décret tertiaire, prévoyant d’ici 2030 la réduction des émissions des actifs de plus de 1 000 m2. La loi AGEC vient soutenir la vague écologique que traverse l’immobilier tertiaire en obligeant les acteurs publics à consacrer 20 à 40% de leurs achats à des produits reconditionnés ou issus du réemploi, dont le mobilier de bureau. Après l’arrivée en force du Décret Tertiaire, les entreprises se préparent d’ores et déjà à voir cette loi s’appliquer aux entreprises privées dans les prochaines années.
OCCUPER LE BON NOMBRE DE M2 RESTE LA MEILLEURE RÉPONSE À L’URGENCE ÉCOLOGIQUE
Les acteurs de l’immobilier de bureau ont fait un constat troublant : le taux d’occupation des espaces de travail est en baisse d’année en année. Face à ce constat coûteux pour les utilisateurs et pour la planète, les entreprises ont pris conscience de leur capacité à consommer leurs espaces de travail de façon plus responsable. Aujourd’hui, contrôler son empreinte immobilière et occuper la surface dont on a vraiment besoin reste la stratégie la plus simple à mettre en place, mais également la plus efficace. Économiquement intéressante, cette stratégie permet à l’entreprise de réduire l’impact de chaque m2 en travaux, en aménagement puis lors de l’exploitation (via les économies de chauffage et de climatisation).
La question du télétravail s’inscrit donc dans les stratégies d’impact environnemental et a trouvé sa place au cœur des stratégies immobilières des entreprises. En septembre 2022, avec la flambée des prix de l’énergie, Stanislas Guerini (ministre de la Transformation et de la Fonction Publiques) a proposé avec le Ministère du travail de favoriser le télétravail cet hiver dans les entreprises afin de fermer des bâtiments publics pour éviter une consommation excessive de chauffage. Plus encore, la mise en place d’une politique de télétravail pérenne permet aux entreprises de réduire la taille de leurs espaces de travail et ainsi, l’impact environnemental de leur immobilier. Il est évident qu’en 2022, la question écologique est souvent abordée grâce à la réduction des coûts qu’elle peut amener.
DE GRANDS ACTEURS DU BUREAU FLEXIBLE OUVRENT LA VOIE
Plusieurs acteurs du bureau flexible sont déjà bien conscients de l’enjeu écologique que connaît l’immobilier de bureaux. C’est le cas de Morning qui a récemment été certifié BCorp grâce à sa ligne de mobilier éco-conçu et le sourcing de ses matières premières sur l’aspect travaux. Dans le domaine du bureau opéré, le leader Deskeo joue la carte de la transparence en réalisant un bilan carbone sur l’ensemble de ses activités. L’acteur du coworking en région Hiptown a quant à lui équipé la majorité de ses espaces avec du mobilier en seconde vie à travers l’entreprise Bluedigo, spécialiste du mobilier d’occasion. Cependant, alors que le décret tertiaire impose une réduction des consommations énergétiques progressive pour les bâtiments tertiaires, les espaces de coworking vont devoir faire la preuve de leur impact dans les années à venir. En effet, le décret tertiaire comptabilise la consommation énergétique par m2, et les acteurs du coworking qui densifient au maximum leurs espaces (via le flex office, les systèmes de badges rotatifs…) ont probablement une consommation énergétique par m2 supérieure à celle d’un bâtiment classique de bureau occupé par un mono-utilisateur. Comptabilisé par utilisateur du bâtiment et pour des bâtiments de même catégorie, l’impact de l’espace de coworking est certainement meilleur, mais les espaces de coworking devront piloter et valoriser l’impact de leur modèle pour le faire savoir.
Par Mehdi Dziri, CEO d’Ubiq
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