A l’image de sa ville qui se renouvelle perpétuellement, la Dubaïote Tutus Kurniati aime rompre avec la monotonie. Passée par le monde de l’aviation, puis de la cyber sécurité à la mode, l’Indonésienne a réussi à gagner la confiance de marques françaises de luxe qu’elle distribue dans sa boutique éponyme. Au pays du bling bling, les griffes tricolores séduisent avant tout une clientèle d’actives qui veut concilier conscience écologique avec chic, les pieds dans l’eau.
Forbes France : Comment avez-vous abordé le marché cosmopolite de Dubaï et réussi dans ce secteur très concurrentiel ?
Tutus Kurniati : Quand on entreprend à Dubaï, il faut aimer les défis car personne ne vous attend ! Vous êtes dans une ville qui attire des Français, des Anglais, des Camerounais, des Libanais ou des Indonésiens comme moi, et qui ont chacun envie de concrétiser leurs projets. A Dubaï, tout est apprentissage car l’énergie cosmopolite de l’émirat vous amène à explorer le monde sans sortir de ce territoire. La mode a toujours été là en moi, je vis et respire la mode ! Au-delà du vêtement, c’est plutôt ce que vous exprimez de votre personnalité par votre choix vestimentaire qui m’a toujours interrogé. Sans que vous n’ayez parlé, ce que vous portez sera déjà un vecteur de message vis-à-vis des autres.
D’un point de vue business, j’ai vu un vide sur le marché local dès mon installation. C’était soit la fast fashion, soit la haute couture… rien entre les deux. Personnellement, je suis contre la fast fashion pour de nombreuses raisons notamment écologiques. Je viens d’Indonésie et suis sensibilisée aux nombreuses problématiques environnementales et, en Asie, nous abritons la plupart des grandes chaînes de l’industrie textile mondiale. En outre, quand on se réfère à la clientèle dubaïote (expatriés, locaux, vacanciers, business, MICE…), elle ne porte pas de tenues couture pour aller dans les beach clubs de plage ou pour dîner en amoureux, entre amis ou collègues. Il y avait donc un créneau à prendre sur ce segment.
Comment avez-vous réussi à convaincre des marques de luxe françaises à l’instar d’Alexandre Vauthier, Eres (propriété du groupe Chanel) … de collaborer avec vous ?
T.K : Je ne suis pas peu fière d’avoir réussi à référencer de belles marques françaises qui résonnent chez tout le monde, quelle que soit la nationalité. Quand on a un rêve et que l’on fait des efforts constants pour déployer sa vision, rien ne peux être hors de sa portée. Il faut une sacrée dose de confiance en soi aussi. Aucune de ces marques n’engageraient de discussion si elles ne ressentaient pas que vous maîtrisiez votre sujet. C’est une association d’image au départ qui va se répercuter en ventes après. J’ai expliqué l’importance du « beach lifestyle » (art de vivre à la plage) consistant à offrir une vraie garde de robes dans cet esprit. Dubaï est une ville côtière, ensoleillée à l’année où l’on est amené à fréquenter les plages, piscines, restaurants en bord de mer, spas, mais aussi à multiplier les événements personnels et professionnels au contact de l’eau.
Le traditionnel tailleur n’est pas de rigueur dans ce quotidien où l’on travaille beaucoup, alors même qu’on ne trouve pas aisément de pièces « bureau » dans cette routine. Ma boutique établie dans l’emblématique carrefour de Palm Jumeirah du centre commercial Nakheel est devenue l’endroit où l’on pouvait demeurer chic, décontractée, dans un souci de slow fashion.
La culture du bling, de l’ostentatoire reste importante dans l’Emirat. Qu’observez-vous de différent entre locaux et expats ?
T.K : Pour la clientèle émiratie, du Golfe, rien n’est jamais assez tape à l’œil, ni ostentatoire ! Alors que tous les autres profils – les expatriés – préfèrent le subtil, le fameux « less is more ». Dans mon concept store, je m’adresse à ces deux typologies de clientèle. Je dois dire que nous-mêmes, Indonésiens, revendiquons aussi une sacrée part de bling ! Je ne suis donc pas dépaysée (rires).
Les tendances de demain, sont-elles toujours insufflées à Paris, Milan et New York, ou pensez-vous qu’il n’y a plus d’hégémonie dans ce domaine ?
T.K : Les Emirats arabes unis, et leur figure de proue, Dubaï, se sont modernisés à vitesse grand V, ont investi tous les secteurs, mais, il reste juste de dire que Paris reste la capitale de la mode. Être approuvée à Paris quand on est un designer, une marque, c’est obtenir une réelle valeur marchande et réputationnelle. Les tendances de demain se dessinent dans la capitale française ou encore à Milan, New York.
En termes de tendances sinon, je prévois de lancer une collection sport car le bien-être et la santé – tout en restant élégant – révolutionnent aussi la vie sur place.
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