Jack Dorsey, le cofondateur de Twitter Inc., n’est pas au bout de ses peines. Après avoir accepté de transférer ses actions Twitter, d’une valeur de près d’un milliard de dollars, dans la nouvelle société privée, il assiste, impuissant, aux ravages d’Elon Musk.
En moins de deux semaines, Elon Musk a réussi à se mettre à dos un certain nombre de grands annonceurs, à licencier près de la moitié du personnel de Twitter, à interdire le travail à distance pour les salariés de la plateforme et à violer un accord avec la Federal Trade Commission (FTC). En outre, le milliardaire envoie des signaux très négatifs quant aux perspectives de Twitter : au cours d’une réunion publique, Elon Musk a déclaré que le réseau social perdait des milliards de dollars et pourrait finir par déposer le bilan.
Dans un courriel adressé au personnel de Twitter, le nouveau PDG de la plateforme a indiqué que « le tableau économique à venir est désastreux. » Il a ajouté qu’il prévoyait de mettre fin à la politique de travail à distance de Twitter et d’obliger les salariés à venir au bureau au moins 40 heures par semaine.
Ces nouvelles annonces risquent de faire fuir d’autres employés qui ont déménagé dans une région où le coût de la vie est moins élevé. Avec des taux d’intérêt toujours en hausse, ce n’est pas le bon moment pour chercher un nouveau prêt hypothécaire.
La question de la faillite, bien qu’elle semble pour le moment irréelle, est susceptible de faire grincer des dents de nombreux banquiers qui ont prêté à Twitter des milliards de dollars et prévoyaient de se décharger de la dette sur les marchés secondaires. Avec la flambée des taux d’intérêt, les banquiers ont déjà pris un énorme coup, et cela avant même les déclarations alarmantes d’Elon Musk. Pour autant, selon Dealbook, les investisseurs n’offrent aux banques que 60 cents par dollar pour la dette de Twitter.
L’un des aspects les plus surprenants des nombreux mouvements financiers d’Elon Musk à la tête de Twitter est la nouvelle selon laquelle le milliardaire a licencié plus de 90 % du personnel du réseau social en Inde, où la main-d’œuvre est connue pour être bon marché.
Par ailleurs, il a autorisé plusieurs chefs de service à inviter certaines personnes licenciées à reprendre leur travail, un geste qui est arrivé trop tard pour l’équipe décimée qui avait auparavant veillé à ce qu’il n’y ait pas de désinformation concernant les élections de mi-mandat de 2022 qui ont eu lieu le 8 novembre.
Outre les problèmes de main-d’œuvre, Elon Musk doit faire face à l’exode de ses principaux annonceurs. Le milliardaire a convoqué une réunion avec eux la semaine dernière et a essayé, sans succès, de les amener à adopter Twitter comme plateforme publicitaire.
Lou Paskalis, le président de MMA blobal, a tweeté après la réunion : « Je pense que nous assistons à un conte des deux Elon. L’Elon que j’ai rencontré jeudi était charmant, mesuré et semblait comprendre le rôle essentiel que jouent les annonceurs dans la fiabilité financière de Twitter. Par la suite, nous avons vu un Elon très changeant et réactif ». Lou Paskalis a découvert par la suite que son compte Twitter avait été bloqué après avoir posé une série de questions pointues.
Un podcasteur technologique très respecté, qui compte 1,4 million d’abonnés, a indiqué sur Twitter que les directeurs du marketing avaient interrompu ou modifié leurs budgets pendant l’appel d’Elon Musk en raison de l’incertitude.
Les annonceurs se plaignent également du fait qu’il n’y a pas de cordon de sécurité mis en place pour protéger les données des annonceurs de Tesla qui parviennent à l’équipe de Twitter. Il est clair que les employés de Tesla et ceux de Twitter se mélangent beaucoup, ce qui ne fait que renforcer la possibilité de fuites d’information.
Comme si les problèmes liés aux employés et aux annonceurs ne suffisaient pas, Elon Musk a apporté à Twitter des modifications qui ont contourné ses processus standard de gouvernance des données. Il s’agit là d’une pratique à proscrire après l’accord conclu avec la FTC après que Twitter a été surpris en train d’utiliser les informations personnelles des utilisateurs pour cibler les publicités.
Le Wall Street Journal a rapporté le 11 novembre que la FTC envisageait d’étendre son utilisation d’une loi américaine centenaire lui permettant d’engager davantage de poursuites contre les entreprises qui, selon elle, ont recours à des pratiques anticoncurrentielles.
Un avocat de Twitter affirme maintenant aux employés qui se sentent mal à l’aise par rapport à ce qu’on leur demande de faire de se tourner vers les lanceurs d’alerte. Le responsable de la protection de la vie privée, Damien Kiernan, la responsable de la sécurité informatique, Lea Kissner, et la responsable de la conformité, Marianne Fogarty, ont tous démissionné, a confirmé The Verge.
Un avocat de l’équipe chargée de la protection de la vie privée de Twitter a écrit sur une page Slack publique, consultable par l’ensemble du personnel du réseau social, que « Elon a montré que son unique priorité avec les utilisateurs de Twitter est de savoir comment les monétiser. Je ne crois pas qu’il se soucie des militants des droits humains, des dissidents, de nos utilisateurs dans les régions non monétisables et de tous les autres utilisateurs qui ont fait de Twitter cette place publique mondiale que vous avez mis si longtemps à construire et que nous aimons tous. »
Selon toute vraisemblance, l’avocat a demandé les protections des lanceurs d’alerte avant de poster cette note incendiaire. Il est probable que d’autres personnes lui emboîtent le pas après que le service juridique d’Elon Musk a demandé aux ingénieurs de « certifier eux-mêmes » qu’ils sont en conformité avec les règles de la FTC et d’autres lois sur la protection de la vie privée. L’ordonnance de consentement de la FTC exige que la société procède à des examens de la protection de la vie privée avant d’apporter des modifications au produit.
Après la publication de l’article par The Verge, un porte-parole de la FTC a publié une déclaration indiquant que la commission « suit les récents développements au sein de Twitter avec une profonde inquiétude. Aucun PDG ni aucune entreprise n’est au-dessus de la loi, et les entreprises doivent respecter nos décrets d’accord. Notre ordonnance de consentement révisée nous donne de nouveaux outils pour assurer la conformité, et nous sommes prêts à les utiliser. »
Article traduit de Forbes US – Auteur : Derek Baine
<<< À lire également : Twitter : Elon Musk interdit le télétravail et prévient des « temps difficiles » dans un courriel interne >>>
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits