Les investissements constituent l’essentiel des besoins de l’Afrique, continent dont la population croît le plus rapidement, mais qui reçoit moins d’investissements étrangers directs (IED) que toute autre région émergente, exception faite des économies en transition d’Asie centrale. En d’autres termes, si nous devions calculer les IED entrants par habitant, l’Afrique serait la région du monde ayant le moins d’entrées et, compte tenu de l’évolution démographique et du niveau de développement actuel, celle dont les besoins seraient manifestement les plus importants. Cela justifie en soi un vif intérêt à mieux comprendre le rôle de la Chine en tant qu’investisseur en Afrique.
L’une des premières idées fausses est l’idée que la Chine investit massivement en Afrique. Alors que de nombreux analystes se concentrent sur les opérations de fusions-acquisitions historiques de la Chine en Afrique, en particulier dans les secteurs de l’énergie et des métaux, la réalité est que le financement de projets chinois dans les pays africains est presque dix fois plus important. En d’autres termes, l’investissement réel de la Chine en Afrique est beaucoup plus faible que les flux générateurs de dette et, en particulier, le financement de projets. Même en se concentrant uniquement sur l’investissement, il est tout à fait clair que l’investissement de la Chine en Afrique n’en est encore qu’à ses débuts par rapport à celui des principaux pays européens qui ont un passé colonial en Afrique, en particulier la France et le Royaume-Uni. En fait, les stocks d’IED provenant respectivement du Royaume-Uni et de la France en Afrique sont chacun encore plus importants que le stock provenant de la Chine.
Il est donc juste de dire que la Chine est en train de rattraper son retard en matière d’IED vers l’Afrique à un niveau proportionnel à sa taille économique et à ses liens politiques à long terme avec la région africaine. Si l’on réduit la question à la vitesse de cette convergence, les données montrent étonnamment que la Chine n’est pas encore le premier investisseur, même en termes de flux d’IDE. La domination de la Chine a été plus évidente en tant qu’acquéreur d’actifs (M&A), tandis que les IDE de l’UE et des États-Unis ont été plus volatils, avec quelques désinvestissements importants entre 2016 et 2018. Toutefois, l’essentiel de l’IED reçu par l’Afrique provient d’installations nouvelles et l’Europe continue de se démarquer en tant que premier investisseur.
Un autre aspect important des investissements chinois en Afrique est sa concentration sectorielle. À l’exception d’une part relativement faible de nouveaux investissements dans l’industrie manufacturière, l’essentiel des investissements ou des prêts de la Chine (dans le cas de financement de projets) sont orientés vers les objectifs stratégiques de la Chine, à savoir garantir l’accès aux ressources et utiliser la capacité excédentaire de la Chine dans la construction et le transport. Sur cette base, il n’est pas surprenant que la création d’emplois de l’IED chinois en Afrique par le biais d’investissements en installations nouvelles soit inférieure en moyenne (seulement 1,78 personne pour chaque million de dollars investi) à celle de l’investissement chinois dans d’autres régions du monde (2,24 personnes pour chaque million de dollars investi). Cela, en soi, pourrait être l’un des principaux problèmes auxquels la Chine pourrait être confrontée lorsqu’elle continuera à investir en Afrique à l’avenir.
L’Afrique est la région qui connaît la croissance démographique la plus rapide, mais l’IED de la Chine en Afrique crée en moyenne moins d’emplois par unité d’investissement. Pour que ces IDE entrants soient les bienvenus, et donc durables, leur nature devra changer afin de créer davantage d’emplois. En d’autres termes, pour que la Chine réussisse dans sa stratégie d’investissement en Afrique, elle devra passer d’une stratégie axée sur les ressources naturelles et l’infrastructure à une stratégie manufacturière à plus forte intensité de main-d’œuvre.
Dans l’ensemble, ces tendances sont certainement importantes à surveiller pour les entreprises qui cherchent à être compétitives sur le marché africain. Il semble clair que, sans création d’emplois, l’investissement étranger direct en Afrique pourrait ne pas être viable à long terme étant donné la dynamique démographique du continent.
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