Rechercher

Les incubateurs des Grandes Écoles, nouveaux viviers de la French Tech

Lancés pour la plupart il y a dix ans, les incubateurs des grandes écoles de commerce et d’ingénieur répondent à une demande sociale formulée par leurs étudiants, celle de se tourner de plus en plus vers la création d’entreprise. Véritables écosystèmes, ces incubateurs touchent à tous les sujets, de la formation au financement en passant par l’impact. Immersion au cœur de ces structures qui font naître les dirigeants de demain.

 

L’incubateur Edhec fait rimer humanisme et entrepreneuriat

Fondée en 1906 par des entrepreneurs du nord de la France, l’Edhec a fait sienne les valeurs de l’entrepreneuriat en prenant soin d’y infuser depuis ses débuts une culture du « give back ». « Les entrepreneurs font avant tout partie d’une communauté, où chacun est mis dans les meilleures dispositions pour recevoir, mais aussi pour donner. Cet état d’esprit est présent au sein de la communauté, et nous sommes très attentifs à ce qu’il y perdure », commente Justine Soudier, la directrice d’Edhec Entrepreneurs.

Créé il y a une dizaine d’années au sein de l’école, l’incubateur est aujourd’hui présent à Station F (110 postes de travail) et sur les campus de Lille et de Nice. Deux promotions par an sont accueillies par les équipes, pour un total de 50 nouveaux incubés. Avec un taux de sélectivité de 15 %, l’école s’attache à retenir les projets pour lesquels un prototype a été testé, et dont l’ambition en termes d’impact et de responsabilité est réelle. « Au-delà des critères classiques, on doit sentir dans l’intentionnalité des porteurs de projet une volonté d’être acteur du changement en matière d’emploi, d’environnement, d’inclusion ou encore de diversité. »

Si la condition de diplôme demeure effective, l’incubateur ouvre de plus en plus ses portes à des profils extérieurs par la voie des partenariats. À titre d’exemple, le dispositif French Tech tremplin, porté conjointement par la BPI et la French Tech représente aujourd’hui 1/5 des entreprises incubées. En matière d’accompagnement, le cycle se compose d’un programme de pré-incubation intensif de trois mois ouverts à tous les étudiants, et d’un dispositif d’incubation de douze mois. Pour le second, l’accent est mis sur l’individualisation avec l’accès à un réseau de 300 experts et coachs. Chaque mois, les incubés disposent d’un forfait de 50 heures de conseil sous forme de rendez-vous personnalisés, assurés par des entrepreneurs accomplis ou des experts « métier » dans le cadre de mécénat d’entreprise, comme c’est le cas avec le cabinet d’avocats américain Gibson.

Il y a dix-huit mois, l’école a enrichi son dispositif d’une offre de mentorat de six mois, auquel s’ajoute un large choix de workshops et sessions de codéveloppement qui réunissent des entrepreneurs d’autres programmes de Station F. L’école a, par ailleurs, signé plusieurs partenariats avec des universités étrangères, comme celle de Berkeley ou Ucla à Los Angeles, pour ouvrir à ses talents l’accès au marché américain. Une forte internationalisation, qui participe à la renommée d’Edhec Entrepreneurs, souvent cité par Station F pour son engagement en faveur de l’entrepreneuriat ou pour son rôle de leader dans la sensibilisation et la formation des entrepreneurs en matière de RSE. L’incubateur a récemment formalisé une méthodologie de travail afin de permettre aux entrepreneurs de tenir compte des critères ESG dans la construction de leur business modèle. « Nous sommes convaincus que pour faire bouger les lignes, les questions d’impact doivent être parties prenantes du business plan dès l’amorçage. Réaliser un bilan carbone, apprendre à traiter de la data de façon responsable sont autant d’étapes fondamentales que nous abordons à travers cette formation et que nous mettons à disposition de tous en open source. » Un acte fort pour l’école, dont le credo est « Make an impact ».

Ses pépites : Abracadabra, une start-up engagée dans le domaine du textile, qui donne une seconde vie aux soutien-gorges en les reconditionnant et en les proposant sur le marché à un prix abordable. Mais aussi 900.care, une entreprise à impact positif sur l’environnement spécialisée dans les produits de soin et d’hygiène durables conçus sous forme de sachets à mélanger avec de l’eau pour obtenir un produit fini. Incubée à l’Edhec, 900.care a depuis intégré l’accélérateur de L’Oréal Paris.

Synergie et hybridation pour l’incubateur de Centrale Nantes, Audencia et l’Ensa Nantes

En Pays de la Loire, trois écoles se sont associées pour accompagner leurs étudiants, diplômés ou enseignants chercheurs. Créé par Audencia en 2003, l’incubateur a été rejoint par Centrale Nantes en 2013 avant d’accueillir son troisième membre, l’Ensa Nantes, en 2015. Ces établissements ont en commun d’offrir à leurs communautés une structure pour concrétiser leurs projets d’innovation. Centrale Nantes s’inscrit également dans une logique de valorisation des projets de recherche tech ou deep tech de ses laboratoires de recherche. « Cette hybridation unique dans les champs de l’ingénierie, du management, du design et de l’architecture permet de faire émerger des projets à forte valeur ajoutée et favorise les échanges entre des profils commerciaux et ingénieurs, qui d’habitude se mélangent peu », commente Pierre Durand, le directeur de l’incubateur.

Autre spécificité de la structure, celle-ci se décompose en deux programmes d’accompagnement pour s’adapter à la maturité de chaque projet. La première phase se concentre sur la pré-incubation pendant six mois, en mettant à disposition du porteur de projet un mentor, un chargé de programme ainsi que l’accès à de nombreux ateliers et à un réseau de plus de 200 experts. La seconde phase, dite d’incubation, prend le relais pendant 12 à 24 mois afin de préparer la croissance de l’entreprise, qui généralement est en phase de commercialisation. Pour intégrer l’incubateur, les trois écoles ont fixé comme critères d’être étudiant, diplômé ou enseignant-chercheur de l’une d’entre elles, de proposer un projet innovant, et de s’engager à créer de l’emploi au niveau local. Ces dernières années, l’agrégateur de réussites ligérien a mis en orbite plus de 100 entreprises qui sont toujours en activité, et qui ont permis de créer plus de 900 emplois au niveau local.

Avec deux sessions d’admission, l’incubateur sélectionne dix nouveaux projets par an auxquels il offre à la fois une structure d’hébergement, un accompagnement personnalisé, l’accès à un réseau qualifié, mixant étudiants mobilisables dans le cadre de leur spécialisation et experts, ainsi qu’une aide active en matière de financement. En la matière, plusieurs systèmes d’aide s’additionnent comme l’explique le directeur : « Au-delà du rôle de conseil pour le montage et la structuration de dossiers pour l’obtention de prêts bancaires, de subventions ou de financement de l’innovation, l’incubateur est doté de deux dispositifs d’amorçage pour la levée de fonds. Un premier tripartite, porté par Audencia, Audencia Alumni et la CCI, qui investit dans des entreprises innovantes dirigées par les anciens diplômés de l’école via des tickets pouvant aller jusqu’à 40 K€, et un second intitulé “Centrale Innovation”, la filiale de valorisation de Centrale destinée à soutenir des projets tech sur des tickets allant de 50 à 100 K€. »

S’il tient à rester généraliste, l’incubateur reconnaît avoir développé au fil des années une expertise sur les quatre verticales que sont l’impact, le digital à travers des projets basés sur le modèle Saas ou market place, le hardware et la deep tech. Un champ des possibles variés, qui aiguise l’appétit des investisseurs qui ont déjà placé plus de 43 millions d’euros ces trois dernières années dans les start-up passées par l’incubateur Centrale-Audencia–Ensa.

Ses pépites : 10-Vins, une entreprise qui commercialise auprès des restaurateurs une machine de dégustation pour servir le vin dans des conditions de température et d’aération idéales, et Farwind Energy, un spin-off de Centrale, dont l’innovation consiste à convertir l’énergie du vent de haute mer en énergie décarbonée. Grâce à des hydrogénérateurs placés sous les bateaux, l’énergie du vent est convertie et stockée à bord dans des batteries, sous forme d’hydrogène ou de carburants verts selon les besoins du marché, puis livrée à terre. Ces solutions de conversion et stockage de l’énergie éolienne sont particulièrement bien adaptées aux îles et aux ports

 

Réseau et création de valeur, les maîtres-mots de l’incubateur HEC Paris

C’est en 2007 que l’école de commerce parisienne, qui peut se targuer d’une réputation de haut vol aussi bien en France qu’à l’étranger, a ouvert les portes de son incubateur. Une étape qui est apparue comme nécessaire à l’équipe dirigeante, dont la part d’élèves se tournant vers l’entrepreneuriat n’a fait que progresser depuis la fin des années 1990, jusqu’à atteindre 25 % aujourd’hui. Pour Antoine Leprêtre, directeur de l’incubateur HEC Paris à Station F, ce type de structure répond à l’objectif de faire évoluer la pédagogie de l’école, en étant aux prises avec les évolutions industrielles et sectorielles, et d’augmenter la visibilité de celle-ci en soutenant les entrepreneurs, « des modèles qui inspirent de plus en plus la nouvelle génération ».

En faisant le pari du temps long, HEC mobilise son réseau d’anciens pour accompagner les nouveaux entrepreneurs, une cible de choix qui, selon ses vœux, rendra la pareille en soutenant plus tard d’autres entrepreneurs, et pourquoi pas la fondation de l’école. Lorsqu’il a repris la direction de l’incubateur en 2015, Antoine Leprêtre a jeté les bases d’un plan de développement ambitieux. En sept ans, le programme est passé de 6 à 200 start-up incubées, donnant accès à plus de 700 experts, et 40 événements par mois. « Notre volonté est d’accompagner de la meilleure façon possible les entreprises qui sont déjà à un stade avancé, avec un prototype permettant d’aller chercher rapidement les premiers clients » explique-t-il. Mentorat, événements communautaires, multiplication des interactions avec les réseaux de business angels et les capital-risqueurs, le directeur de l’incubateur ne lésine pas sur les moyens pour faire émerger les talents. Et les résultats sont là : en 2021, les start-up incubées à HEC ont levé 268 millions d’euros. Des métriques qui expliquent aisément le succès de l’incubateur auprès des porteurs de projet, qui reçoit entre 800 et 1000 dossiers par an, sur lesquels seuls 10 % seront retenus.

Dans un souci de favoriser la diversité et la pluralité des profils, l’école a peu à peu desserré l’étau du critère du diplôme. En 2007, l’incubateur était réservé aux élèves, puis en 2010, il a été élargi aux alumni, et maintenant, il est demandé d’avoir a minima une certification, qui peut s’obtenir en suivant un programme de 10 heures de formation en ligne. « Un filtre de motivation qui maintient la juste dose de pression », glisse en souriant Antoine Leprêtre. Autre domaine dans lequel l’incubateur se démarque, celui de son financement. « Cela a été l’une de mes priorités à mon arrivée, celle de monétiser notre offre pour assurer notre autonomie. Un prérequis pour pouvoir accompagner à notre tour des entreprises en développement. » Pour cela, l’accent a été mis sur le développement de programmes corporate avec des entreprises comme L’Oréal, TotalEnergies ou encore Icade, en mettant à la disposition des grands comptes qui souhaitent accompagner des start-up leurs outils et réseaux d’experts. « Ces partenariats financent deux tiers de notre budget, que vient compléter l’adhésion forfaitaire payée par les entreprises incubées. Depuis 2021, l’incubateur HEC est auto-fnancé. » Preuve qu’à HEC, l’obsession de la création de valeur n’est pas un vain mot…

Ses pépites : Luko, une start-up positionnée à son admission sur le segment des objets connectés, et qui avec l’accompagnement de l’incubateur a muté vers une offre d’assurance habitation et d’emprunteur. L’entreprise est pressentie pour décrocher le statut de licorne d’ici la fin de l’année. Citons aussi la start-up à impact Smart Back, dont la proposition de valeur est de minimiser l’impact financier et environnemental des retours e-commerce et reprises pour les vendeurs de mobilier.

 

Ancrage local et impact, priorités de Skema Ventures

Si l’entrepreneuriat a toujours fait partie des valeurs des deux institutions fondatrices de Skema (réunion de l’ESC Lille et du Ceram), le dispositif Skema Ventures n’a été lancé qu’en 2017, après deux années de benchmark. L’idée est de proposer, sur chaque campus, un enseignement construit au plus près des besoins de la démarche entrepreneuriale, couplé à un accompagnement ancré dans les territoires, et dont la volonté est d’impacter positivement les écosystèmes. Le dispositif d’incubation Skema Ventures, aussi appelé la Venture Factory, est ouvert à tout étudiant ou diplômé de Skema, quelle que soit son année d’étude ou sa filière, ainsi qu’à toute équipe porteuse d’un projet comprenant un cofondateur issu de l’école de commerce. « Un choix volontairement inclusif, explique Philippe Chéreau, directeur de Skema Ventures, motivé par notre objectif de créer de l’impact social, sociétal ou environnemental par la création d’entreprise. » En effet, au-delà du caractère innovant et scalable, le projet doit avoir une mission alignée sur les objectifs de développement durable de l’ONU. « Depuis 2017, nous avons incubé 414 projets, dont 57 % ont comme objet principal au moins un des objectifs de développement durable de l’ONU », précise le directeur de l’incubateur.

Pour faciliter la sélection, Philippe Chéreau a mis en place un module d’auto-diagnostic des start-up. Ainsi, en 2021, sur 287 projets auto-diagnostiqués, 93 nouveaux projets ont candidaté à la Venture Factory, et 63 ont été acceptés en incubation. Durant la phase d’incubation, qui dure en moyenne entre 18 et 24 mois, les créateurs bénéficient de l’accès à la plateforme Skema. Ventures, le support digital d’un corpus spécifique de modules d’apprentissage, de méthodes et d’outils dédiés à l’entrepreneuriat. En parallèle, ils sont accompagnés dans la construction de leur business modèle et la formalisation de leur business plan. Toujours dans cette idée de création de chaîne de valeur, l’incubateur a lancé le Community Service» en peer-to-peer. « L’idée est simple : chaque étudiant-entrepreneur peut faire appel à des étudiants experts, validés comme tels par la communauté et répartis sur tous nos campus pour l’aider dans la résolution d’un problème rencontré ou la compréhension d’une spécificité locale » argumente Philippe Chéreau, qui a étendu le service aux écoles partenaires des campus locaux pour accroître la fertilisation. S’agissant du financement, Skema Ventures a fait le choix de ne pas se doter de son propre véhicule. De fait, il propose aux entrepreneurs un panel de solutions mises en place avec leurs partenaires comme le prêt d’honneur, le prêt bancaire, ou encore l’accès à des plateformes de financement participatif. « Au risque d’être provocateur, tous ceux qui ont vécu l’entrepreneuriat de l’intérieur savent que la meilleure source de financement reste le client. Sa recherche doit être une priorité. » Depuis 2010, le taux de survie à cinq ans des entrepreneurs est de 91 %, et à dix ans de 88 %. D’après les dernières statistiques, trois ans après leur création, les entreprises issues du Skema Ventures emploient en moyenne neuf salariés.

Ses pépites : Au-delà du succès des start-up comme Pokawa, l’enseigne de restauration rapide spécialisée dans les poké bowls, et de Viibe Communication, basée sur une technologie web de vidéo assistance, citons l’entreprise Ensème, qui opère dans l’univers de la cosmétique upcyclée, et qui a été lauréate de la première édition du Skema Social Ventures Summit en 2021, mais aussi Odysway, dont le concept repense l’offre du voyage immersif au plus proche des locaux.

 

La tech au cœur de l’incubateur de l’École polytechnique

Créé en 2015, le Drahi-X Novation Center accompagne les projets entrepreneuriaux des étudiants de l’École polytechnique et du plateau de Paris-Saclay avec l’objectif de faciliter l’émergence de spin-off issues des 23 laboratoires de recherche de l’X. Ce lieu d’innovation de 5 000 m2 s’intègre dans le dispositif global d’innovation de l’Institut polytechnique de Paris, qui regroupe l’École polytechnique, Télécom Paris, Télécom Sud Paris, l’ENSTA et l’ENSAE et toutes leurs structures d’innovation. Parmi les quatre dispositifs d’accompagnement proposés, le programme d’incubation X-Up s’adresse aux start-up technologiques en amorçage sur six thématiques prioritaires, en lien avec les principaux axes de recherche de l’Institut polytechnique de Paris, à savoir : green tech, health tech, industrie 4.0, défense, newspace et mobilité-transport. Une des forces du programme X-Up réside dans le caractère très complet de l’accompagnement proposé aux porteurs de projet. Il inclut une formation intensive avec plus de 80 ateliers et des rencontres individuelles avec des experts répartis sur trois jours par semaine pendant huit mois, un coaching individuel tous les quinze jours avec des entrepreneurs en résidence seniors spécialisés dans le marché de la start-up, mais aussi un programme de mentorat de six mois avec des experts, souvent issus de la communauté des alumni de l’Institut polytechnique de Paris. S’ajoute à cela un suivi hebdomadaire par l’équipe de X-Up et des rencontres régulières avec des business angels et des fonds d’investissement. Point d’orgue du cursus, le DemoDay final marque l’aboutissement du programme d’incubation. Si les start-up sont incubées pendant huit mois, il est possible de proroger cette période de six mois, sous réserve de validation du comité de sélection. À cette échéance, les entreprises s’orientent naturellement vers la pépinière X-Tech pour poursuivre leur développement au plus près des laboratoires et des entreprises du plateau de Paris-Saclay. Sur la centaine de candidatures reçues chaque année, l’incubateur accepte entre 21 et 24 projets répartis en deux promotions. Depuis la création de X-Up en 2015, 74 start-up ont été accompagnées, avec un taux de survie à cinq ans de 84 %.

Ses pépites : EpiLAB, une start-up de la medtech qui a mis au point un kit de dépistage simple, portable et rapide de la tuberculose. Incubée à X-Up en 2021, l’entreprise vient de boucler cette année une levée de fonds de 1 million d’euros.

 

À l’École des mines, pleins feux sur la pré-incubation

À l’incubateur classique, Mines Paris – PSL (Paris Sciences et Lettres) préfère un espace moins formel, dédié au coworking et à la pré-incubation des projets. Comme l’explique Philippe Mustar, professeur d’innovation et d’entrepreneuriat : « Nous sommes au centre de Paris, et il y a dans la capitale plusieurs dizaines d’excellents incubateurs, dont certains spécialisés dans un domaine particulier. » En 2009, Philippe Mustar met en place un nouvel enseignement : l’option Innovation et Entrepreneuriat (I&E), pour les élèves de 3e année. Ce cours trouve son public et les demandes affluent. « Très vite, je me suis aperçu du décalage entre le discours enjoignant les élèves à entreprendre, à créer, sans mettre à leur disposition un espace pour accueillir leurs projets. » C’est ainsi que La Bulle électrique voit le jour en 2015.

L’espace aux murs de verre et entièrement modulable est devenu un centre névralgique de l’école. Ce lieu a deux destinations : d’une part, accueillir l’option I&E et sa pédagogie basée sur le « learning by doing » qui confronte les élèves à la réalité de la construction d’un projet entrepreneurial, et d’autre part, accompagner toutes celles et ceux qui souhaitent transformer un projet pédagogique en réelle entreprise. En se positionnant sur cette étape clé, l’École des mines a non seulement réussi à prendre le virage de l’entrepreneuriat, mais aussi à conférer à son enseignement d’excellence une vision plus audacieuse.

Cette dynamique a été renforcée par la création récente d’un cours d’entrepreneuriat pour toute la promotion de 1re année et d’un trimestre entrepreneuriat pour les élèves de 2e année qui souhaitent développer une idée de start-up. Interrogé sur le processus de sélection, Philippe Mustar explique que si tous les dossiers sont passés au peigne fin et accompagnés, une attention particulière est portée aux fondateurs. « La Bulle électrique est ouverte à tous les projets, et nous les démarrons très tôt, souvent au stade du post-it pour les faire grandir jusqu’à ce qu’ils soient prêts à voler de leurs propres ailes et à rejoindre un incubateur, une étape cruciale qui marque pour nos élèves le passage d’une identité d’étudiant à celle d’entrepreneur. » En dix ans, plus de 40 entreprises ont été créées par des anciens élèves de l’École des mines, pendant leurs cursus ou dans les premières années qui suivent l’obtention du diplôme. Pour la partie financement, la Fondation des mines accompagne les projets à double titre : en octroyant une bourse aux élèves qui réalisent leur stage de fin d’étude au sein de leur propre entreprise, et en soutenant les porteurs de projets dans le cadre de leur recherche de financements publics non dilutifs ou par le biais de l’attribution d’un capital d’amorçage.

Ses pépites : BigBlue, une entreprise spécialisée dans le domaine de la logistique e-commerce. Lancée en 2018 après huit mois passés au sein de la Bulle électrique, la start-up vient de lever 15 millions d’euros. Pour lutter contre les retours dans le secteur de la mode en ligne, l’application KlipFit permet aux utilisateurs de scanner leurs mesures pour commander sans crainte au sein de leur réseau de marques partenaires. Après deux mois à la Bulle électrique, KlipFit a rejoint Station F au sein du programme Schoolab, dont elle est sortie lauréate. Plus anciennes, mais comme BigBlue lauréate du prix Entrepreneuriat de Mines Paris-PSL, on peut citer Expliseat et son siège d’avion ultra-léger, DNA Script pour son imprimante à ADN, Yespark et ses milliers de places de parking, Toucan Toco et son logiciel de visualisation et Écotable pour la restauration écoresponsable.

 

<<< A lire également : Le rôle des incubateurs dans le soutien à l’emploi en France >>>

Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook

Newsletter quotidienne Forbes

Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.

Abonnez-vous au magazine papier

et découvrez chaque trimestre :

1 an, 4 numéros : 30 € TTC au lieu de 36 € TTC