Selon l’OCDE, le nombre total d’heures travaillées rapporté à l’ensemble de la population, s’élève à 770 heures dans l’Hexagone, soit 16% de moins que dans les autres pays européens. Pour autant, cet indicateur comporte des biais démographiques qui rendent caduques toute comparaison.
C’est une affirmation qui revient souvent sur le devant de la scène : les Français travailleraient moins que leurs voisins. D’Emmanuel Macron à Bruno Le Maire en passant par Gabriel Attal, tous l’ont déjà martelé pour justifier la mise en place de telle ou telle réforme. A première vue, les statistiques de l’Organisation de coopération économique et de développement économiques (OCDE) dévoilés par Les Échos semblent leur donner raison. On y apprend que le nombre total d’heures travaillées, rapportés à l’ensemble de la population s’avère moins important en France que dans les autres grandes nations développées.
Alors que la moyenne européenne s’établit à 770 heures travaillées par an, un Français travaille 664 heures par an. Soit 16% de moins que chez nos voisins. Dans le détail, un Espagnol occupe son poste durant 715 heures, un Allemand 729, un Italien 767. Le Portugais moyen dépasse de peu les 800 heures. Les Luxembourgeois arrivent largement en tête avec 1 114 heures travaillées par an. Les Américains, quant à eux, affichent un total de 835 heures de labeur annuel.
Comparer les « tendances dans le temps »
Si ces données reflètent « l’intensité du travail que peut fournir le pays, ainsi que sa capacité à maintenir ou à mettre en emploi ses jeunes, ses seniors et ses moins qualifiés », comme souligné par Stéphane Carcillo, chef de la division emploi et revenu à l’OCDE, dans Les Échos, il n’apparaît pas judicieux de les utiliser pour comparer les différents pays. Et c’est l’OCDE, elle-même qui le dit. « A cause de la disparité des sources et des méthodes de calcul, elles ne permettent pas de comparer les volumes moyens d’heures travaillées d’une année donnée », peut-on lire sur son site. En effet, l’indicateur présente certains biais démographiques. Le temps de travail étant rapporté à l’ensemble de la population, un pays avec une grande proportion de personnes inactives en raison de l’âge (enfants, adolescents, retraités) verra sa moyenne annuelle tirée vers le bas.
Ce qui est le cas de la France, avec une natalité plus dynamique que dans de nombreux pays développés. L’Hexagone connaît également une espérance de vie plus élevée. En 2022, 21 % des Français avaient plus de 65 ans, contre 20 % en Espagne et 14,8 % au Luxembourg par exemple. Mais pourquoi alors établir pareilles données ? Selon l’organisme, ces statistiques « visent à effectuer des comparaisons de tendances dans le temps ». On remarque ainsi que le nombre d’heures travaillées par habitant en France n’a jamais été aussi élevé depuis 1995, date de la création de la statistique. En 2023, le compteur affichait 47 heures de plus qu’en 2017.
Pas de corrélation entre temps de travail élevé et prospérité économique
Pour ceux qui veulent à tout prix comparer ceux qui n’est pas fait pour être comparé, mieux vaut s’attarder sur le temps de labeur hebdomadaire des travailleurs. En 2023, les actifs français (salariés et indépendants) occupaient leur poste en moyenne 38,7 heures par semaine contre 36,9 heures en 2022. Cette année, la France était déjà au-dessus de la moyenne des pays développés avec 36,8 heures (la moyenne pour 2023 n’est pas indiquée dans l’article des Échos).
D’autant qu’il est nécessaire d’ajouter que la prospérité économique n’équivaut pas forcément avec un temps de travail élevé. Certains pays affichent un PIB par tête supérieur à d’autres alors que le nombre d’heures travaillées est plus faible en raison de facteurs comme un tissu productif à haute valeur ajoutée, notamment.
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