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Les finances publiques des pays européens sont dans le viseur du FMI

En moyenne, d’ici 2029, la dette publique des pays européens riches pourrait atteindre 89,1 % du PIB, contre 88,5 % en 2023. Le pompier de la finance recommande une consolidation budgétaire plus importante et plus ciblée. 

En matière de gestion des finances publiques, les pays européens sont confrontés à des défis considérables. Selon une étude publiée le 23 août par le Fonds monétaire international (FMI), des économistes du département Europe de l’institution s’inquiètent de la détérioration des finances publiques dans les prochaines années. La plupart des pays européens voient leurs perspectives de stabilisation de la dette s’assombrir, par rapport aux prévisions de 2019. 

L’année dernière, dans deux pays européens sur trois, ces ratios étaient plus élevés qu’avant la pandémie. En moyenne, ils ont augmenté de 7,6 points de pourcentage du PIB en quatre ans. Au cours des six prochaines années, la persistance des déficits primaires et des perspectives de croissance économique plus faibles, en particulier dans les économies les plus développées, devraient s’accompagner d’une hausse progressive des dépenses d’intérêts sur la dette. En moyenne, d’ici 2029, la dette publique des pays européens riches pourrait atteindre 89,1 % du PIB, contre 88,5 % en 2023. Pour les pays européens émergents, la situation est encore plus préoccupante, bien que les niveaux de départ soient plus bas, avec des prévisions respectives de 46,8 % en 2029 contre 40,3 % en 2023.

Les auteurs de l’étude attribuent cette détérioration principalement à des déficits primaires plus élevés (hors service de la dette), malgré les promesses de nombreux gouvernements d’une consolidation budgétaire progressive au cours des cinq prochaines années. En moyenne, les pays européens avancés devraient ramener leur déficit primaire de 1 % à 0 % du PIB, un niveau proche de celui nécessaire pour stabiliser la dette (un excédent de 0,1 % du PIB). En revanche, pour les pays européens émergents, le déficit primaire prévu de 0,5 % du PIB serait encore insuffisant par rapport au niveau requis d’un excédent de 0,3 % du PIB. Certains pays peinent à maîtriser leurs dépenses et à augmenter leurs recettes fiscales. Le FMI recommande ainsi une consolidation budgétaire plus importante et plus ciblée pour des pays comme la Belgique, la France et l’Italie, qui présentent des niveaux d’endettement relativement élevés.

La France hors des clous selon le FMI

Pour stabiliser la dette publique française à partir de 2024, le déficit primaire devrait être de 1 % du PIB. Toutefois, le FMI anticipe un déficit de 2,8 % cette année et de 2,5 % l’année prochaine. Pour espérer stabiliser la dette en 2029, le déficit primaire devrait être réduit à 0,7 % du PIB, mais il devrait atteindre 1 % selon les projections des économistes. En conséquence, la dette publique française pourrait passer de 110,6 % du PIB en 2023 à 115,2 % en 2029.  La Belgique et le Royaume-Uni devraient également voir leur dette publique augmenter, atteignant respectivement 115,6 % et 110,1 % du PIB. Malgré un excédent primaire, l’Italie devrait voir sa dette gonfler à 145 % du PIB. En revanche, d’autres pays comme la Grèce, l’Espagne, le Portugal et l’Allemagne pourraient réussir à réduire leur endettement public d’ici 2029 grâce à une meilleure gestion budgétaire.

Pour compliquer encore la situation, les économistes soulignent deux défis majeurs. Premièrement, la croissance économique contribue à réduire le ratio d’endettement, mais les prévisions de croissance du FMI pour la plupart des pays européens sont jugées trop optimistes. Deuxièmement, les dépenses futures, notamment celles liées au vieillissement de la population, à la défense et à la transition écologique, rendront la gestion des finances publiques encore plus complexe. Ces coûts, qui ne sont généralement pas pleinement pris en compte dans les projections actuelles du FMI, pourraient ajouter une pression supplémentaire sur les budgets publics.

Selon les auteurs de l’étude, les pressions budgétaires additionnelles liées à ces coûts pourraient représenter environ 5,5 % du PIB par an d’ici 2050 pour les pays européens avancés et environ 8,5 % du PIB pour les pays d’Europe centrale, orientale et du Sud-Est. Ainsi, la maîtrise des finances publiques reste un défi majeur pour l’Europe.


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