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Les essais de missiles nucléaires russes constituent une menace pour les avions de ligne

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Missiles russes. | Source : Getty Images

MISSILES RUSSES | Une société néerlandaise de renseignement de sécurité a publié un rapport avertissant que les avions qui empruntent les routes vers l’Asie en passant par la mer de Barents pourraient être menacés par les essais de missiles russes à propulsion nucléaire.

 

La société Dyami a publié son rapport la semaine dernière, mettant en garde contre le risque de collision en vol avec un nouveau missile russe à propulsion nucléaire ou avec des débris résultant de l’échec d’un essai de ce missile. Le rapport indique que les essais, qui devaient se poursuivre jusqu’à la fin de la semaine dernière, n’ont peut-être pas été entièrement divulgués, comme l’exigent les NOTAM (avis aux navigateurs aériens) aéronautiques internationaux. À l’avenir, le fait que le gouvernement russe ne divulgue pas entièrement les activités d’essai pourrait mettre en péril les aéronefs civils.

Eric Schouten, PDG de Dyami, s’est dit préoccupé par les avis couvrant l’espace aérien au-dessus de la mer de Barents, à l’ouest de l’île de Yuzhny, au large de la côte nord-ouest de la Russie. Alors que les NOTAM indiquaient deux routes temporaires et des fermetures d’espace aérien comme il se doit, un autre avis (indiquant un espace aérien fermé jusqu’au 6 octobre) n’indiquait pas une zone d’essai de missiles à l’aide du code international « WM » requis.

Le rapport précise que l’espace aérien désigné pour les essais de missiles dans la région a récemment été utilisé par des transporteurs internationaux, notamment Qatar Airways, Emirates et Air India.

La divulgation incomplète des fenêtres d’essais de missiles peut présenter un risque pour les aéronefs qui survolent la zone, mais elle peut aussi favoriser les efforts de la Russie pour perturber l’activité internationale et susciter des inquiétudes au sein de l’alliance occidentale face à l’Ukraine.

Selon le rapport, les missiles testés mesurent 12 mètres de long et 1,5 mètre de circonférence. Bien qu’ils soient dépourvus d’ogive, les collisions en vol ou au sol avec le missile présentent un risque de libération d’émissions radioactives. Kyle Balzer, membre de l’American Enterprise Institute (AEI) qui travaille sur la stratégie et la politique nucléaires des États-Unis et sur le contrôle des armements, confirme que le missile testé incorpore un réacteur nucléaire miniature pour sa propulsion.

Lancé à l’aide d’un propulseur à poudre, le missile monte à une altitude d’environ 15 240 mètres avant d’allumer son réacteur nucléaire. Le réacteur est destiné à donner à l’arme une portée mondiale, intercontinentale, avec la possibilité de rester en stationnement « presque indéfiniment », explique Kyle Balzer. « Cela signifie que le missile peut être tiré et échapper aux défenses antimissiles américaines qui se trouvent généralement au nord. Il peut attaquer depuis le pôle Sud, ce qui complique considérablement la planification de la défense américaine. »

Toutefois, Kyle Balzer souligne que la Russie a rencontré de grandes difficultés techniques pour activer le réacteur après avoir atteint l’altitude. Le plus long vol d’essai effectué jusqu’à présent a duré environ deux minutes. En phase de propulsion, le missile pourrait entrer en conflit avec le trafic aérien dans la zone d’essai. « Ils ont été très discrets au sujet de ces essais. Pour autant que les analystes le sachent, le dernier a eu lieu en 2019. Après avoir volé pendant deux minutes tout au plus, le missile s’est retrouvé au fond de la mer. Lors de la récupération, il y a eu une explosion qui a tué cinq techniciens nucléaires russes. »

Considéré comme subsonique, le missile est censé descendre à basse altitude après la phase d’accélération, ce qui le rend difficile à détecter. Il s’agirait d’une arme de seconde frappe, utilisée après un premier échange lorsque la plupart des missiles d’interception ont été exploités, ce qui permettrait au missile de pénétrer les défenses aériennes.

Il s’agit d’une arme exotique, précise Kyle Balzer, qui fait partie d’une famille russe de vecteurs à capacité nucléaire, tels que le véhicule planeur hypersonique Avangard et le missile balistique hypersonique à lancement aérien Kinzhal Kh-47M2. La propulsion nucléaire qu’il incorpore lui confère une capacité potentiellement inquiétante, mais sa mise en œuvre a été uniformément troublante pour les Russes.

Construire, conditionner et activer un réacteur nucléaire miniature dans un missile destiné à voler dans différentes conditions atmosphériques et barométriques de manière fiable est un défi de taille, reconnaît Kyle Balzer. « C’est une idée folle. Nous [les États-Unis] n’avons pas suivi cette voie pour de bonnes raisons. Nous avons déjà suffisamment d’armes de seconde frappe. La chute d’altitude [du missile russe à propulsion nucléaire] pose toutes sortes de problèmes et tous les essais ont échoué. »

Cependant, l’échec n’est peut-être pas un problème pour Vladimir Poutine. Comme on l’a vu, le risque pour le trafic aérien civil et pour la population proche de la zone d’essai pourrait faire pression sur l’Occident. En Scandinavie et en Finlande, les craintes de collisions potentielles ou de retombées nucléaires en cas de dysfonctionnement ou d’écrasement sont réelles. « J’ai le sentiment que cet essai est un avertissement adressé à l’Occident, au président Joe Biden en particulier, pour tenter d’ébranler notre détermination à fournir une future assistance militaire à l’Ukraine. C’est la raison pour laquelle ces essais ont lieu maintenant. Je considère qu’il s’agit d’une nouvelle étape dans la longue série de menaces nucléaires de Poutine », déclare Kyle Balzer.

La menace d’essais sans préavis via les protocoles aéronautiques internationaux existants pèse également sur les compagnies aériennes et autres trafics aériens susceptibles de transiter par la région, les obligeant à emprunter d’autres itinéraires pour atténuer les risques, même s’ils sont minimes.

 

Article traduit de Forbes US – Auteur : Eric Tegler

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