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Les Entreprises Indiennes Ont Le Vent En Poupe

Une énergie peu chère et la très dynamique révolution digitale tirant globalement la croissance l’ascension de l’économie indienne était inexorable. Malheureusement les entreprises françaises ne l’ont pas vraiment anticipée. En 2018 l’Inde deviendra la cinquième puissance mondiale, la France reculera elle au sixième rang.

La France n’est que le 28e fournisseur de l’Inde et le sixième au niveau européen. Il suffit d’aller dans un supermarché pour noter l’absence de produits agroalimentaires français, alors qu’on y trouvera des produits allemands ou italiens. Par contre, Decathlon et Celio sont des exemples de réussite, à suivre.

Globalement, le pays s’en sort bien 

Malgré le ralentissement dû à la politique de démonétisation qui, en retirant les billets de 500 et de 1. 000 roupies de la circulation en novembre 2016, a subitement privé le pays de cash, la croissance de l’Inde est restée élevée en 2017, cette dernière atteignait en moyenne 7,5 %.

Ces résultats sont en partis à mettre au crédit du Premier ministre actuel Narendra Modi dont la politique de libéralisation a attiré les capitaux étrangers. Mais c’est aussi sa lutte contre l’économie informelle qui améliore avec inertie le classement de l’Inde. En effet, le PIB ne prenait pas en compte les activités non déclarées.

En ce sens, l’introduction de la « Goods & Services Tax » en juillet 2017 (impôt similaire à la TVA) jouera probablement un rôle clef en encourageant les acteurs économiques à se déclarer. Autres facteurs, encore plus cruciaux : les prix de l’énergie sont censés rester bas et le secteur des technologies de l’information demeure dynamique. L’Inde ne disposant pas de ressources d’énergie, cela grève bien sûr sa balance commerciale. On comprend ainsi mieux son engagement en faveur de la protection de l’environnement, notamment via la politique des Smart Cities (villes durables). Dans le même temps, le secteur informatique évolue très rapidement. Outre la production de logiciels, les grands groupes indiens et start-ups se lancent maintenant dans « l’Internet of Things » (IoT) et l’intelligence artificielle (IA) on note enfin une forte amélioration des infrastructures de télécommunication.

D’un point de vue strictement commercial, l’essor de l’Inde est une opportunité bien plus qu’une menace. À la différence de la Chine dont la croissance est largement tirée par ses exportations, l’économie indienne repose principalement sur son marché intérieur.

L’émergence des classes moyennes allant de pair avec l’urbanisation, cela facilite le ciblage des consommateurs. Il sera alors d’autant plus facile de livrer ces produits dans l’un des nombreux centres commerciaux de grandes métropoles que dans l’épicerie d’un village reculé.

La Chine demeure le premier fournisseur de l’Inde avec plus de 16,2 % des importations totales. Près du tiers des exportations chinoises vers l’Inde sont constituées d’appareils et machines électriques tandis que 17 % sont des appareils et pièces mécaniques.

L’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis, qui étaient historiquement deuxième et troisième fournisseurs de l’Inde en 2015, ont vu leurs exportations à destination de ce pays fortement reculer suite à la baisse du cours du pétrole. Les États-Unis sont devenus à la faveur de cette inflexion le deuxième fournisseur de l’Inde, mais restent cependant très loin de la Chine avec à peu près 6% de part de marchés. La Suisse demeure le premier fournisseur européen et le cinquième fournisseur de l’Inde.

Marchés potentiels  :  l’approvisionnement en eau

On ne peut pas parler de l’Inde sans parler du défi de l’eau et de l’assainissement.

Plusieurs grands programmes de dépollution pour un montant de près de 3 milliards ont été lancés en 2014, cela afin de mettre fin aux rejets d’eaux usées dans une centaine de villes sur les 222 grandes métropoles.

Le groupe Suez  a réussi à alimenter en eau courante propre 45 millions de personnes à Delhi, cela malgré des milliers de fuites. Le chiffre d’affaires local de Suez devrait augmenter de plus de 60% en 2018. Suez a aussi signé un contrat sur 25 ans à Coimbatore, pôle textile du Nadu Tamil.

Marché potentiel : Le recyclage des déchets

Autre sujet important, le recyclage des déchets, qui envahissent certaines métropoles et créent de nombreux problèmes de santé.

Mailhem Ikos, branche locale de la société française Ikos, filiale du N°3 Français Paprec gère déjà dans la région de Mumbai, une dizaine de contrats de traitement de déchets municipaux. Mailhem Ikos a déjà installé de nombre méthanisateurs, transformant les déchets en énergie.

Avec le projet 65 Smart Cities, 65 municipalités devraient lancer des appels d’offres pour traiter ses milliers de tonnes de déchets qui envahissent les villes comme à Bangalore, déchets souvent polluants, qui génèrent des millions de M3 de mousse pouvant atteindre 5 à 6 mètres de hauteur.

Marché potentiel : la Défense

Les contrats pourraient atteindre 600 milliards de dollars au cours des 10 prochaines années.

Ce pays non-aligné est le premier importateur d’armes du monde. Il est équipé à près de 70% de matériel russe, et souhaite diversifier ses fournisseurs. Il souhaite aussi rattraper son retard par rapport au Pakistan et à la Chine, et développer sa propre technologie.

Bien sûr,on a pas oublié que Dassault et son partenaire indien Reliance, installé à Nagpur ont signé en 2016, un contrat pour la livraison de Rafales d’un montant de 7.9 milliards d’euros.

La compétition est féroce, Boeing pour la production de son Super Hornet s’est lui associé à Hindustan Aéronautique (HAL) et à Mahindra Defence System. Lockheed Martin le constructeur du F16, s’est lui associé à Tata Advanced Systems. Et bien sûr, Russian Aircraft Corporation constructeur des MIG, et enfin Eurofighter,

Marché potentiel : Les équipements électriques

L’Inde devrait devenir le troisième marché à égalité avec la France, derrière les États-Unis pour l’entreprise Schneider Electric. Cela grâce à l’achat des activités électriques (basse tension et automatismes) du conglomérat Larsen and Toubro .  L’opération devrait être menée avec le fonds souverain singapourien Temasek.

Il est anormal que la France ne soit que le 6e exportateur européen, derrière la Suisse, l’Allemagne, la Belgique, la Grande-Bretagne et l’Italie. Il est temps de s’intéresser à l’Inde, un pays difficile, mais tous les pays sont difficiles pour les entreprises pas assez entreprenantes.

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