Les enchères existent au moins depuis l’antiquité. Il s’agit d’un mécanisme d’allocation de ressources rares.
On reconnaît généralement que l’histoire des enchères a débuté vers 500 av. J.-C. avec le marché du mariage de Babylone. Dans les sociétés contemporaines, les mécanismes de vente aux enchères ont été traditionnellement utilisés dans le domaine de l’agriculture et de l’élevage.
Il existe aussi des enchères comme les objets et œuvres d’art dont l’une des particularités est la difficulté à connaître leur coût de production. Plus récemment, les ventes aux enchères concernent des biens ou des services de plus en plus complexes comme des concessions pétrolières, des licences de téléphonie mobile ou encore des fréquences radio.
Interprété dans son sens large, le terme « enchère » désigne tout mécanisme structuré de concurrence visant à déterminer qui obtient l’article en jeu et souvent à quel prix, en amenant les acheteurs à révéler, directement ou par offres successives, leur prix de réservation pour cet article.
Finalement, l’internet a permis de rendre plus accessible ce mode d’achat et d’étendre considérablement la diversité des produits et services mis en vente. On trouve sur Internet des enchères payantes ou à sou comme MadBid par exemple, qui ne sont pas des enchères classiques mais qui donnent une approche innovante de l’acte d’achat d’un bien, auquel on ajoute une composante ludique au mécanisme d’achat, c’est ce qu’on appelle le e-commerce « ludifié » qui combinent à la fois un intérêt économique et un « équilibre néoclassique walrasien » avec des aspirations humaines et ludiques.
Le principe de base est le suivant : soit un produit de 500 euros book store. Le consommateur décide d’investir 300 euros sur l’enchère du produit x. Il remporte l’enchère à 250. Il économise 250 par rapport au marché. On lui rétrocède 50 euros à rejouer. Il perd, on lui remet les 300 euros joués (remise obtenue). Il peut les rejouer sur une autre enchère du même produit ou d’un produit différent et peut aussi garder cette somme pour l’acheter au détail book store. S’il ne réclame pas les 50 euros lorsqu’il gagne, c’est la marge de la plateforme. La fonction innovante réside dans la remise obtenue et le concept de marge. L’effet positif rendu tient au fait que les enchères payantes, du coup, permettent d’acquérir des biens que le consommateur n’aurait pas pu acquérir dans des conditions normales et sous la forme la plus ludique possible. Il n’y a aucune perte, sauf volontaire en quelque sorte (les 50 euros).
La première conceptualisation des enchères est assez récente.
Elle est due à l’Américain L. Friedman (« A Competitive-Bidding Strategy », Operations Research, Feb., 1956, p. 104-112.] qui développe la première thèse opérationnelle sur les mécanismes d’enchères. William Vickrey [1] a introduit ensuite le concept de la théorie des jeux appliquée aux enchères en 1961. On intègre alors des interactions stratégiques dans la prise de décision des participants. Subsiste des équilibres optimaux et d’autres non optimaux.
Le principal élément de succès réside dans le caractère ludique de l’enchère payante. Nous ne sommes pas dans la prise de risque mais bien dans le jeu de hasard pur et aucune compétence statistique particulière n’est nécessaire…
En conclusion et contrairement à l’opinion commune, les enchères à sou reposent sur des fondements théoriques solides de la science économique et dépassent même le cadre froid du marché walrasien. Ces jeux peuvent être considérés comme des jeux ludiques. L’addiction est parfaitement contrôlée et les enchères payantes ont des « bonnes pratiques » et des chartes (comme celle de MadBid). En outre, le jeu garantit au consommateur de ne pas perdre son argent avec la remise obtenue contrairement aux jeux d’argent classiques. C’est à notre sens une nouvelle façon de voir le marché.
Reste à généraliser cette pratique pour en faire une « ludification éthique ».
Ici, dans ce marché porteur et nouveau, un excès de réglementation et de protectionnisme serait préjudiciable. De protectionnisme justement parlons-en avec le Brexit et le fait que de nombreuses plateformes de jeux ou d’e-commerce sont basées à Londres.
D’après l’IMRG (l’Interactive Media in Retail Group) en 2015, le total des ventes en ligne au RU se montait à 114 milliards de livres. Il était par ailleurs prévu un taux de croissance de 11% sur les ventes en ligne en 2016.
La sortie du RU de l’UE peut-elle remettre en cause le business modèle des commerçants en ligne ou autres plateformes de jeux en ligne ?
Si l’on regarde de plus près l’application du régime général de l’OMC, il apparaît que la majorité des transactions de e-commerce pourrait tout bonnement être exemptée des obligations douanières les plus complexes. Il faut aussi ajouter qu’en dépit des indéniables complications supplémentaires le RU ainsi que l’UE commercialisent déjà des services d’e-commerce où de la ludification dans le monde entier et sont rompus à des systèmes d’échanges complexes qu’ils savent maîtriser aujourd’hui. Enfin, dans un avenir très proche, rien ne devrait changer. D’abord, le calendrier de retrait doit être déclenché par le RU. Ensuite, c’est uniquement à partir de cette date qu’il disposera de deux ans pour négocier les conditions de ce retrait avant la fin des traités en vigueur. Mais dans cet intervalle, le RU continue de bénéficier du marché intérieur.
S’il fallait ajouter un petit bémol à ce descriptif optimiste, on ajouterait que la réciprocité des échanges est élevée : 50% des exportations britanniques ont pour destination l’UE, 18% des exportations de l’UE ciblent le RU. Le RU est donc plutôt importateur.
Avant le Brexit, on pouvait parler de zone de libre-échange donc avec aussi des normes réglementaires et techniques uniques. En clair, il s’agissait de 22 accords bilatéraux. Mais maintenant, et dans l’intervalle de deux ans, le RU devra conclure de nouveaux accords, qui auront pour conséquence des incidences sur la compétitivité du e-commerce et « de la ludification » si ces accords ne sont pas des accords de libre-échange…
[1] William Vickrey, né le 21 juin 1914, à Victoria en Colombie-Britannique et mort le 11 octobre 1996 dans l’État de New York, est un économiste américain. Il était Professeur à l’université de Columbia, Il a obtenu le Prix Nobel d’économie en 1996. Il mourut trois jours après l’annonce de sa nomination et la remise de médaille se fit à titre posthume.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits